60. Brus

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C’est avec le camion que nous arrivâmes chez les parents d’Anette et Arcan car il fallait ramener le MALP dans le garage. Nous avions profité du passage chez Geisha pour nous habiller, et j’avais pris un premier sac d’affaires. L’ambiance dans d’habitacle était plutôt joviale, et nous n’avions plus parlé de ma mère pour nous centrer sur notre avenir à trois. Arcan ne savait pas encore où Geisha et moi pourrions ranger nos affaires. L’achat de meubles allait s’imposer. Geisha avait prévu de conserver son appartement au moins jusqu’à la fin de l’été. En attendant que notre cohabitation se confirme sur la durée, nous garderions nos sacs dans un coin. Je sentais bien que Geisha se trouvait un peu bousculée par ma décision de vivre chez Arcan, mais elle ne voulait pas prendre le risque de me laisser seule avec lui. Elle était effrayée à l’idée que l’emprise du façonneur dépassât la sienne si elle ne me voyait plus quotidiennement. J’essayais d’orienter la discussion sur les points positifs et les côtés amusants de l’appartement d’Arcan. Notamment, nous n’avions pas pu profiter de la barre de pompier du passage secret car la peau nue accrochait dessus.

Arcan descendit du camion et Geisha me dit :

— Je flippe.

— Ils sont super gentils.

— Ouais, mais ce n’est pas comme si j’étais sa petite amie.

— T’as qu’à imaginer que ce sont mes parents.

— Ça me va.

Elle glissa de la banquette, les pieds joints par la portière, et je la suivis. Albert s’avança dehors à notre rencontre. Il lâcha :

— Ah ! C’est donc vous la fameuse Vietnamienne.

— Française, répondit Geisha en s’obligeant à être polie.

— Je ne voulais pas vous vexer. Anh, c’est ça ?

— Oui. Je… J’ai l’habitude.

— Bonjour Laëtitia. — Je lui fis la bise et il dit à Geisha. — En tout cas, vous êtes fort mignonne. Je comprends que Laëtitia n’arrive pas à choisir entre vous et Eugène.

— Ah si, j’ai choisi, dis-je. Je prends les deux.

— Hé ! Hé ! C’est une bonne philosophie. — Il m’invita à passer d’une main sur l’épaule. — Je vous aime vraiment bien, Laëtitia.

— Moi aussi, je vous aime bien.

Nous entrâmes dans la maison. La grande Fabienne s’exclama :

— Anh ! Comme je suis contente de vous rencontrer.

— J’ai l’air célèbre.

— Laëtitia fait un peu partie de la famille. On voulait tous rencontrer sa seconde moitié.

— Mon second tiers, corrigeai-je.

— Oui ! Hé ! Hé rit Albert. C’est tout à fait vrai. Ça fait deux tiers ! Vous me plaisez, vraiment !

Je regardai Arcan en me demandant si son père avait déjà bu. Il lui dit :

— T’as l’air jovial, Papa.

— Je suis content de voir qu’elle est toujours là, et que tu t’accommodes de sa partenaire. La voisine disait que tous les dimanches, y avait Tanguy qui venait dîner à la maison, et là tu ramènes une deuxième poule, on va être à la une de la gazette du hameau.

— Et ça te fait rire ?

— Faut bien que les commères exercent leur passion. Et puis je préfère qu’on traite mon fils de Don Juan que de Tanguy. Whisky ?

— Comme d’habitude. Où est Annette ?

— Elle apporte le dessert, donc elle a dû s’arrêter à la boulangerie. Venez, Laëtitia et Anh.

Je pris le bras de Geisha et emboitai le pas d’Albert jusqu’à la terrasse. Je devinais Geisha peu à l’aise, car particulièrement silencieuse, alors que je me sentais chez moi, bien plus que sous le toit de ma mère. Fabienne déposa ses morceaux de melons et de jambons plantés au bout de cure-dents et conseilla son fils :

— Ne bois pas trop, mon bébé, il fait chaud aujourd’hui.

Geisha explosa de rire, m’obligeant à mettre ma main devant la bouche pour ne pas la suivre. Fabienne se vexa.

— Et oui, c’est mon bébé.

Geisha, les larmes ruisselant sur ses joues fut incapable de lui répondre sur l’instant. Elle balaya l’air de la main pour indiquer qu’elle était désolée, sans pouvoir se calmer. Albert proposa :

— Vous voulez un verre d’eau ?

Elle opina du menton, il lui remplit un verre d’eau en y laissant tinter des glaçons, ensuite Geisha retrouva son calme.

— Excusez-moi. Je… C’est la fatigue. C’est nerveux.

Elle croisa mon regard et repartit à rire. Elle se leva et s’éloigna vers le jardin pour se calmer. Albert dit à sa femme qui revenait :

— Tu vois, tu pourrais arrêter de l’appeler comme ça.

— Je m’en fous, ça reste mon bébé.

— Ce n’est pas grave, dis-je. Elle va s’en remettre.

Arcan, vexé, demeurait silencieux. Annette fit son apparition à ce moment et s’exclama en brandissant une bouteille de rhum :

— Hé ! Regardez qui voilà ! — Elle vit Geisha dans le jardin. — Elle est au téléphone ou il s’est passé quelque chose ?

— Ta mère a appelé ton frère mon bébé, et elle n’arrive pas à s’arrêter de rire, répondit Albert.

— Faut avouer que c’est comique. — Elle s’assit à côté de moi. — Ça va, toi ?

— Oui.

— Le défilé s’est bien passé ?

Je la regardai avec un air de défi et lui souris :

— La meilleure présentation de costume de toute ma vie.

— T’es zinzin, tu sais ?

— Ouais, cancanai-je, mais j’en suis plutôt fière.

— Ça a été une soirée très particulière, confia Arcan en posant son verre devant lui. Qui s’est soldée par un cambriolage.

— Sérieux ?

— Ils ont tagué la porte du salon d’expo et déchiré tous les costumes, expliquai-je.

— C’est odieux ! s’offusqua Albert.

— La coupable est toute désignée, indiqua Arcan en me montrant du menton.

Annette n’eût pas besoin de plus d’une seconde pour comprendre qu’il dirigeait indirectement son accusation vers ma mère. Annette demanda :

— Vous avez des preuves ?

Arcan et moi échangeâmes un regard et il dit amèrement :

— Seulement des certitudes.

— Et qu’a dit la police ? demanda Albert.

— C’est une histoire de concurrence. Ils vont convoquer les coupables, mentit Arcan.

— T’avais assuré tes créations ?

— Non.

Geisha revint vers nous. Albert lui demanda :

— Ça va mieux ?

— Oui, je suis désolée.

Annette ayant pris sa place, elle s’assit à côté d’Arcan et lui demanda :

— Vous ne m’en voulez pas ?

— Si j’en voulais à quelqu’un ce serait à ma mère.

— Vous êtes cool.

Elle déposa un bécot sur sa bouche et Albert de mit à tousser. Annette s’inquiéta :

— Ça va papa ?

— Tu ne m’avais pas dit que tu fricotais avec la deuxième.

Arcan hésita :

— C’est…

— On est juste copains, interrompit Geisha en passant son bras autour de son cou. Mais très copains.

— Ouais, souffla Annette. Je n’ai même plus besoin d’imaginer.

— Vraiment ? s’étonna Geisha. Devine ce qu’il fait avec une boule de tissu.

— Non merci. Je n’ai pas envie de savoir. Je vous connais assez toutes les deux.

— Ça t’a plu ? me moquai-je.

— Ça m’a convaincue, répondit-elle en passant sa main sur le crâne d’Arcan.

Elle l’embrassa sur la joue et l’étreignit avec passion comme un gamine et sa nouvelle peluche. Son regard ne se portait que dans mes yeux. Annette leva sa bouteille et demanda :

— Je la débouche ?

— Sers-moi. Je vais voir si ta mère a besoin d’aide, déclarai-je.

Une heure plus tard, le repas était consommé. Geisha était parfaitement acceptée. La fatigue et l’alcool la dévoilaient joviale, bavarde et la moindre blague d’Albert la rendait hilare. J’aidai Fabienne à débarrasser la table, le soleil cognait dur et je lui dis :

— Je profiterais bien de votre piscine, mais je n’ai pas pensé à prendre mon maillot.

— Arrête ! Tu sais bien que ça ne choquera personne, ici !

— D’accord.

— Prends une serviette dans le placard du couloir.

— Merci. Anh ! Tu viens ?!

Ma camarade se leva de table et me rattrapa dans le couloir. J’ouvris le placard près de la salle de bains et en sortis deux grandes serviettes. Je lui souris :

— C’est l’heure de respecter ton gage.

— T’appelle ça un gage ? Me baigner par cette chaleur ? Mais je cours, je plonge, mon cœur.

Nous nous déshabillâmes dans la chambre d’amis. Je m’enveloppai dans la serviette. Cependant, trop ivre et trop peu pudique, Geisha se contenta de placer la serviette roulée sur ses épaules et me suivit à travers la cuisine. Fabienne lui jeta un regard de deux secondes avant de fermer le lave-vaisselle. Geisha posa la serviette et se glissa dans l’eau la première.

— Ah putain ! Elle est froide !

Voyant qu’Albert et Eugène se promenaient au fond du jardin avec leur digestif, je posai la serviette et me glissai avec elle dans la piscine. La température me saisit les premières secondes. Geisha m’agrippa entre ses cuisses et écrasa ses tétons durs contre ma peau.

— Je t’avais prévenu que j’étais frileuse !

— Moi aussi, je te signale. Mais c’est juste l’écart avec l’air extérieur.

Je m’adossai à la paroi en plastique et elle regarda par-dessus mon épaule les deux hommes qui marchaient au fond du jardin.

— Ils parlent de quoi ?

— Je n’en sais rien, des trucs père-fils. Ils font ça tous les dimanches.

— J’ai cru qu’il allait faire un infarctus, le vieux.

Annette passa à côté de nous en Bikini et se posa sur une chaise longe à l’ombre de la pergola. Je l’interpellai :

— Tu ne viens pas avec nous ?

— Non merci. J’en ai assez vu jeudi.

— On va rester sage, promis, pouffa Geisha.

Annette renvoya un signe de la main et abaissa ses lunettes de soleil sur les yeux. Sa mère ôta sa tunique blanche en ample et grimpa le marche-pied pour enjamber le rebord. Les seins lourds balançant au-dessus de l’eau, elle lâcha un soupire d’effort.

— Allez ! Je me joins à vous ! Ahhhh ! Ça fait du bien !

— On s’habitue vite à la fraîcheur, admit Geisha en se décrochant de moi.

— Et donc Anh ? Votre famille sait que vous avez une vie libérée ?

— Maman sait que j’ai une petite amie, mais je ne lui ai pas parlé d’Eugène, je ne pense pas qu’elle le prenne bien.

— Pas de papa non plus ?

Anh secoua la tête puis expliqua que son père était parti quand elle avait six ans, qu’elle en gardait peu de souvenir et qu’il n’avait jamais cherché à lui donner des nouvelles, ni à ses anniversaires, ni à Noël. Il n’avait jamais tissé de lien fort avec elle. Le plus dur cette année-là fut d’apprendre l’inexistence du Père Noël. Elle avait grandi dans un foyer monoparental très modeste, dans un HLM, traîné dans le parc avec des garçons peu recommandables, échoué dans ses études.

Nous avions eu une enfance très différente bien que vide d’un père. Je me demandais ce qui nous rapprochait. En imaginant confier mon questionnement à Léa, je devinais sa réponse. Elle aurait tout de suite supposé que nous avions retrouvé en Arcan une figure paternelle. Ce qui était peut-être mon cas, mais pas celui de Geisha qui était plutôt dure quand elle l’évoquait. Ses échecs à construire des relations avec les garçons ne l’aidait pas à considérer la gente masculine autrement que par des créatures guidées par leur pénis. Elle le reconnaissait, les hommes bien faits lui plaisaient. C’était communiquer avec eux qu’elle n’avait jamais réussi. Comme elle avait un faible pour les bad boys de cité, elle avait vécu beaucoup de déconvenues.

Fabienne était affable et habile car elle fit parler Geisha comme jamais elle ne l’avait fait avec moi, et elles analysèrent ensemble sa vision des hommes. Arcan aurait pu représenter l’archétype de cette masculinité dominatrice, mais Geisha lui reconnaissait un charme gentleman. Sans essayer particulièrement de brosser la mère du concerné dans le sens du poil elle confia :

— Je pense que c’est un homme qui a grandi avec une vision très stéréotypée de ce que doit être un homme. Ça se voit aux personnages qu’il a incarné avec ses costumes : forts, musclés, violents. Mais je l’ai connu, il était déjà avec Laëtitia, et avec elle, comme avec moi, il est super respectueux. Il n’a rien à voir avec les garçons que j’ai rencontrés. Sérieux ! Le nombre de faux virils qui se construisent des personnages lorsqu’ils sont en public ! Eugène c’est l’inverse. On se sent en confiance avec lui. C’est le genre de mec ne ferait pas de mal à une mouche, mais qui buterait un crocodile à mains nues.

— Je suis étonnée que tu voies mon fils ainsi.

— Il est intimidant, quand on ne le connaît pas.

— Ah bon ? C’est un genre qu’il se donne, mais si vous connaissiez le petit garçon.

— Annette m’en a parlé un peu.

— Il est quelle heure ? On parle ! On parle !

Plus de deux heures avaient défilé. Arcan était revenu au salon et s’était allongé sur une chaise longue également. Son père était plongé dans sa liseuse. Fabienne s’agrippa à l’échelle et se hissa avec effort hors de l’eau. Geisha échangea un regard avec moi. Je murmurai :

— Je t’avais dit, ce n’est pas un paysage pour une fille habituée à voir que des poupées épilées et sans gras.

— Y a pas que des poupées sans gras. C’est parce que tu ne vois rien que tu dis ça. En tout cas, je suis mieux ici qu’à comater devant ma télé. Ça change de mes dimanches.

— On va se sécher au soleil ?

— Ouais.

Geisha me devança et quitta l’eau. Les regards d’Albert, Annette et Eugène se tournèrent machinalement vers nous, m’obligeant à rester dans l’eau. Elle s’essuya sans même prêter attention à eux avec la serviette que j’avais suspendu. Je lui dis :

— Tu peux me passer ta serviette qui est parterre puisque tu as pris la mienne ?

Elle la ramassa et me la tendit. Elle reposa la sienne et s’avança vers nos hôtes. Je profitai que les regards soient captés par sa nudité pour quitter l’eau et m’envelopper. J’observai ma compagne aux fesses rondes comme des lunes et aux jambes courtes, admirative de son indifférence. Je les rejoignis, les pieds sur la pierre chaude. Geisha demanda :

— Y a de la crème solaire, ici ?

— Demande à ma mère, répondit Annette.

Geisha repartit en direction de la maison, tandis que je m’asseyais en maintenant la serviette fermée autour de ma poitrine. Albert marmonna :

— Elle n’a pas froid aux yeux, la petite.

— En même temps, quand t’as pas les seins qui tombent, c’est plus facile de s’assumer, commenta Annette. Tu peux te mettre à l’aise, Laëtitia.

— Je suis un peu plus pudique qu’Anh.

— Un tout petit peu, alors.

Elle avait un sourire moqueur, et je répliquai :

— En vérité, je suis très pudique.

— Jusqu’à quel degré d’excitation ?

— Annette, s’agaça Arcan en désignant son père des yeux.

Elle n’ajouta rien. Je changeai de place pour m’asseoir près de mon façonneur. Geisha revint avec un flacon de crème et demanda :

— Qui m’en met ?

— Je t’aurais dit oui si t’étais pas toute nue, répondit Annette.

— T’as juste à me faire le dos.

— Moi, je me porte volontaire, répondit Albert, si les jeunes ne sont pas téméraires.

Geisha le prit au mot et s’installa sur la chaise à côté de lui. Annette fit des yeux furieux après son père, mais cela amusait Arcan. Fabienne revint, habillée de son grand vêtement blanc et ne s’offusqua pas que son mari aidât Anh. Il s’en tint au dos et laissa Geisha se badigeonner la poitrine et les membres. Elle s’affala sur une chaise, les deux transats étant pris, les jambes croisées tendues devant elle. Je passai la crème à Arcan pour qu’il couvrît mes épaules. Il commença son massage, agréable à souhait.

— Du thé glacé ? demanda Fabienne.

Annette leva le bras.

— Je vais le chercher, indiqua Albert.

Sa femme le suivit et Annette se redressa comme un diable dans ma direction.

— Toi, t’es pudique ?

— Ben ça dépend devant qui je suis.

— Et quand vous faites vos soirées de…

— Je suis masquée. Personne ne me reconnaît.

— Ah ! Ça change tout.

— Pour moi, oui.

— Même avec un masque, jamais je ne fais ce que tu fais.

Je haussai les épaules.

— Annette, soupira Arcan en reposant le flacon.

Elle leva les mains pour indiquer qu’elle n’aborderait plus le sujet. Un calme olympien s’imposa, Geisha pianota sur son téléphone, Arcan m’embrassa sur l’épaule et pendant une minute, le temps sembla se figer. Il n’y avait plus que le chant des oiseaux.

— Mon cœur ?

Je levai le nez vers Geisha qui m’invita de la tête. Je m’assis sur la chaise et elle me montra son écran de téléphone.

Maman : Coucou ma petite fleur. Tu es réveillée ?

Moi : Oui.

Maman : Est-ce que tu veux qu’on aille se promener ?

Moi : Je suis chez les parents de Laëtitia.

Maman : C’est super ! Ils sont gentils ?

Moi : Oui.

Maman : Je t’embête alors ?

Moi : Non. On bronze près de la piscine.

Maman : Est-ce que tu manges à la maison demain midi ?

Moi : Si tu veux.

Maman : Est-ce que Laëtitia viendra ?

Je haussai les épaules et opinai du menton. Geisha pianota :

Moi : Avec plaisir.

Maman : Je suis impatiente de la rencontrer.

Moi : Elle aussi. À demain.

Maman : Bisous ma petite fleur.

Maman : Et bisous à ton amie.

Moi : Bisous de nous deux.

Quand je positionnais ce qui m’arrivait sur un agenda imaginaire, tout allait très vite. Pourtant, de ma perception, tout n’était qu’enchaînement logique et bénéfique. Je retournai à la maison pour enfiler mon pantalon et mon soutien-gorge. Je décidai de laisser les bretelles baissées pour éviter les marques et récupérai mon téléphone. Moi aussi, j’avais un message.

Maman : Bonjour ma chérie. Je t’écris car je sais que tu ne décrocheras pas. Mais je tiens à te dire que je suis choquée de t’avoir vue à la soirée. Je t’avais confiée à Arcan pour qu’il fasse de toi une reine, pas un objet. Je ne comprends pas que tu puisses te laisser faire, sans penser aux femmes qui se sont battues pour nos droits. Prends soin de toi.

J’eus l’impression qu’une chape de plomb s’abattait sur tout mon corps. Je laissai tomber le téléphone sur le lit. Je le voyais comme un parasite de mon dimanche. Je retournai auprès des gens amicaux et tolérants, puis je me blottis contre Arcan. J’avais besoin de lui, besoin de son amour pour me prouver que ma mère avait tort. Il replaça mon bras pour que mieux me caler, et sa main s’égara dans mes cheveux. De son autre main, il me montra un MMS reçu de Yako, l’ancien façonneur de Geisha. Je me découvris, accrochée au MALP, les muscles abdominaux tendus. Geisha perchée à côté de moi, observait avec satisfaction six filles qui me dévoraient de la bouche.

Cette photo tenait plus d’un érotisme artistique que de la pornographie. J’étais masquée par les têtes des poupées, et les costumes donnaient le ton poétique de la scène. Malgré ça, me voir fit ricochet avec le SMS de ma mère, et fit ressurgir mes interrogations sur ma propre personnalité. Etais-je une chaudasse nymphomane ? Une cochonne névrosée ? C’était ce que j’aurais dit de moi à voix haute si je m’étais croisée avant de devenir poupée. C’était il y avait de cela moins d’un mois. N’était-ce pas maladif d’être ainsi obsédée ? Celle que j’avais été me culpabilisait de prendre du plaisir. J’avais peur de me réveiller dans un mois et de me rendre compte que mon ressenti était artificiel et d’avoir honte à vie de m’être laissée entraîner dans cette sexualité débridée. Malgré ça une part de moi, la plus forte, ne voulait pas que Geisha et Arcan disparussent. Mon cœur battait à les savoir près de moi.

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