63. Trapéziste

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Mardi, Arcan et moi nous étions levés en même temps que Geisha. Nous avions œuvré chacun de notre côté car il ne voulait pas que je découvrisse la surprise qu’il nous réservait avec le double-gode. J’avançais méticuleusement sur la robe, à une vitesse si convenable que nous nous étions permis deux pauses café dans la matinée.

L’après-midi fut scindé par le déménagement du coin sport. Il porta le sac de frappe de cinquante kilogrammes par l’ascenseur. Nous rangeâmes les altères et les élastiques d’entraînement et le banc de musculation après avoir remisé les costumes déchirés à l’atelier. Je regardai l’ancien salon d’exposition au parquet dépoussiéré. Il paraissait un peu vide, et il n’y avait rien pour suspendre son sac.

— J’accrocherai le sac une autre fois.

— Ça ne te brise pas le cœur ? — Il sourit. — Non ?

— Je souris parce que tu me tutoies. Ça me donne plus l’impression d’être un véritable couple. Et si, c’est un brise-cœur, parce que ce sont des heures de travail, parce que ce n’est pas un incident involontaire, juste de la méchanceté pure. Pour les costumes, j’ai des photos et des vidéos qui suffiront à cimenter mes souvenirs.

— Oui.

— Tu sais, ce qui est agréable c’est de partir d’un concept et d’arriver à lui donner vie. Une fois l’ego rassasié des commentaires sympathiques, on a tout de suite envie de passer à autre défi. C’est juste que je n’avais pas eu le cœur de les jeter, et que ça me servait de vitrine publicitaire.

— Ça a bien fonctionné avec moi. C’est ce qui m’a fait réaliser que vous… que tu n’étais pas juste un pervers.

Il me prit par les hanches.

— Ce n’est pas plus agréable de me tutoyer ?

— C’est moins marrant. Je trouve que dans le jeu de la séduction, ça… ça a son charme. Comme dans James Bond. Ça vous donne encore plus d’envergure.

— Mais tu n’as plus besoin de me séduire.

Je me perdis dans ses yeux et je lui murmurai :

— C’est dommage. Passer du concept à la vie à deux, c’est la partie la plus exaltante.

— J’ai assez d’idées de jeux exaltants pour une vie entière.

— Ce soir ?

— Ce soir si tu veux. Ou maintenant.

— Je m’en voudrais de faire ça sans Geisha.

— Je comprends.

Je l’embrassai langoureusement. J’étais bien dans ses bras, et en même temps, j’avais l’impression de trahir mon amante. Je me fixais des barrières futiles sans le vouloir. Aussi agréable était l’étreinte, il me manquait Geisha contre mon dos. J’étais devenue un peu trop gourmande.

— Allez, je vais essayer de finir la robe, dis-je.

— Bien, comme vous voulez, Madame la créatrice.

— Vous avez… Tu as raison le vouvoiement, c’est horrible. Le Madame l’est encore plus.

Il glissa un sourire victorieux et sa main accompagna mon dos.

Geisha nous rejoignit après son travail, à l’heure parfaite pour le dîner, directement à l’appartement du cinquième étage. Il y avait déjà un air d’habitude. Elle déposa un baiser sur ma bouche, un autre sur celle d’Arcan qui l’obligea à le tutoyer, puis elle mit les pieds sous la table en nous demandant comment avançait le travail. Notre narration passée, elle s’empressa de raconter les anecdotes de sa journée. Elle n’en manquait jamais. Nous connaissions déjà le prénom de chacune de ses collaboratrices et de sa manager.

La salade légère disparue des assiettes, elle demanda :

— Vous faites quoi, ce soir ?

— Moi, confiai-je, je suis plus télé, mais Eugène a dit qu’il avait un jeu exaltant, du coup, je suis un peu curieuse.

Elle se redressa sur sa chaise et sourit :

— Ça dure longtemps ?

— On ne peut pas commencer avant une heure, le temps de digérer un peu.

— Donc c’est sportif.

— Ça dépend pour qui.

Il sourit, amusé. Geisha était partagée entre son besoin de sommeil et sa curiosité. Moi-même j’étais hameçonnée. Pour terminer de remonter les poissons dans son filet, il ajouta :

— C’est un jeu pour Muse. Donc il faudra que Laëtitia soit en tenue.

— C’est un peu vague, souligna Geisha.

— Une bande annonce qui révèle tout le film gâche tout, dis-je.

— C’est vous qui décidez, indiqua Arcan. Demain et après-demain, il y a l’Impératrice, donc je peux comprendre que pratiquer des activités sexuelles trois jours de suite…

— Laëtitia serait partante pour trois heures de suite, sourit Geisha. Moi, je sais me forcer pour faire mon job.

— T’es plus nympho que moi, lui dis-je.

— P’têt’ bien !

— J’ai bien dit que c’était pour Muse, précisa Arcan. Mais je pense que tu apprécieras.

— Vous en avez trop dit.

— Je devrais te donner une punition pour chaque vouvoiement.

Geisha sourit, mais ne répondit pas, joueuse mais pas téméraire. Arcan regarda l’heure, puis ordonna :

— La vaisselle, et je voudrais Muse en tenue, sans les mitaines.

— Et moi ? demanda Geisha.

— Toi, il faut que tu sois à ton aise. Le temps que le début de la digestion soit bien commencé, tu pourras t’amuser avec elle.

Il s’éclipsa. Geisha ramassa son assiette.

— Je ne sais pas ce qu’il a en tête, mais ça sent bon pour toi.

— Mmm.

Je me redressai, déjà certaine d’avoir les mains attachées. Je passai malgré-moi en revue les croquis de son carnet noir. Je m’interrogeais toujours sur ma personnalité. Geisha m’avait fait entendre raison sur le fait d’accepter qu’on aimât certaines choses qu’on aurait cru trop crues. Mais à l’instant, je faisais la vaisselle dans l’appartement d’un homme que je ne connaissais que depuis un mois. Je pris l’assiette que Geisha avait rincée, et l’essuyai machinalement. Mon amante me fit remarquer :

— T’as l’air pensive. Impatiente.

— J’ai du mal à me dire que je ne connais Eugène que depuis un mois.

— Imagine pour moi.

— J’ai l’impression que ça fait six mois.

— C’est bon signe.

— C’est juste que d’expérience, c’est toujours tout feu tout flamme les premiers jours et qu’après, ben tu…

— T’as plus de sentiment ?

— Si. Mais j’ai juste peur que dans quelques jours, ça disparaisse. C’est trop beau pour être éternel. Imagine qu’il finisse par t’aimer toi uniquement et…

Elle soupira :

— Les filles ! Toujours à vouloir que ça soit plus compliqué !

— Ce sont juste des hypothèses. Je m’y prépare psychologiquement.

— Si jamais il te lourde, il te lourdera avec moi. Je saurais te consoler.

— Oui.

— T’as des tendances bipolaires, des fois.

— N’importe quoi !

Je rangeai les assiettes, Geisha passage l’éponge dans l’évier, puis nous gagnâmes la salle d’eau après avoir récupéré mon costume de poupée. Nue, assise sur la chaise, je me laissai maquiller, chausser et peindre les ongles. Elle se déshabilla à son tour, coiffa son propre masque. Ses lèvres peintes, elle ôta mes lunettes et posa mon masque sur mon front.

— Je te mets un ovule ?

— Ah merde.

— Reste assise.

Ses doigts écartèrent mes jambes. J’entendis le son de la boîte en carton, le bruit de succion de son doigt sortant de sa bouche, puis son majeur enfonça profondément le contraceptif. Lorsque sa paume fut plaquée contre mon entrecuisse, elle s’y figea et ricana :

— Je ne sais pas si c’est efficace pour ne pas tomber enceinte, mais je pense que je pourrais prendre goût à t’aider.

Elle m’embrassa délicatement, semblant chercher à aller plus profond qu’elle ne le pouvait et comprimant mon pubis de la paume avec sadisme. Sentant qu’elle ne voulait pas s’en aller, je posai mes mains sur son poignet et me redressai. Elle me dit :

— Tu ne vas pas pouvoir grimper le passage secret en talons.

— Tu me les remettras en haut.

— On n’a qu’à prendre l’ascenseur.

— T’es folle !

— Les voisins sont déjà rentrés chez eux.

Elle me tira par la laisse et je ne résistai qu’une seconde. Elle entrebâilla la porte d’entrée. Le silence de l’immeuble caressa nos épidermes et je la suivis docilement jusqu’à l’ascenseur en essayant de faire claquer le moins bruyamment possible mes talons. L’ascenseur s’arrêta à nous.

— Personne. Attention au bord.

Je trainai le pied jusqu’à la barre de seuil et l’enjambai pour finir blottie contre elle. Dans ce silence noir, la chaleur de sa peau était un réconfort. Je ne ressentais aucune excitation libidineuse, seule le frisson à l’idée qu’on nous surprît. L’ascenseur arriva bien trop vite à l’étage d’au-dessus, sa peau se décolla, et la laisse me tira en dehors de la cabine. Geisha frappa à la porte. Arcan nous ouvrit et il afficha sans doute un air surpris car elle rit :

— Surprise !

Nous entrâmes et il verrouilla derrière-nous.

— Voici le terrain de jeu. Laisse Muse et va verrouiller le quatrième. Nous t’attendons.

Les pieds nus de Geisha s’éloignèrent. Lorsqu’elle fut loin, Arcan passa son doigt sur mon omoplate, me volant un frisson agréable.

— Ce soir, c’est ta soirée. S’il y a le moindre malaise, tu dis Tarentule, et tout s’arrête.

Je ne savais pas si je devais être effrayée ou excitée, mais mon esprit dut en désaccord avec lui-même, m’entraînant dans des frissons intérieurs grisants. Mélange antinomique d’inquiétude, de curiosité et de désir. Arcan tourna autour de moi, effleurant tantôt une fesse, tantôt ma cuisse. C’était d’un minimaliste enfiévrant. Mes inquiétudes sur mon avenir sentimental s’étaient évaporées. Mon esprit était allégé, centré sur l’instant présent. Geisha revint car il dit :

— Elle est à toi, et je suis à ta disposition.

— Je peux utiliser ça ?

— C’est le but. Une règle pour la première partie. Ici, oui. Là, oui, mais pas là.

— Ça fait très maître d’école.

J’ignorais de quoi ils parlaient, mais j’étais prête à tout. Je suivis la laisse qui me tira. Nous marchâmes assez longtemps pour avoir fait le tour de l’appartement. J’étais incapable de savoir où je me trouvais, ni comment j’étais orientée. Les ongles de Geisha griffèrent mes seins. Arcan lâcha un marmonnement et elle reprit, enfonçant davantage ses ongles. J’inspirai profondément, éloignant la surprise désagréable. Elle recommença trois fois, diffusant malgré-moi une excitation certaine. La laissa me tira à nouveau. Je parcourus l’appartement quelques secondes. Geisha se plaça derrière moi, posa ses mains sur mes hanches. Sa peau tiède et nue épousa mon dos. Ses caresses remontèrent sur mes seins, passèrent avec légèreté sur les sillons de ses ongles, réveillant une sensibilité nouvelle. Puis ses doigts convergèrent vers mes mamelons et les tirèrent. Je me laissai faire, trouvant peu de plaisir sinon celui de sentir son corps chaud collé contre mon dos. Pourtant le massage fit progressivement son effet, Geisha guettant mes réactions, s’arrêtant à chaque fois à la limite du désagréable. Après une minute, les pétrissages et les pincements légers me détendaient plus qu’ils ne me crispaient. Lorsque ma respiration s’approfondit, elle m’abandonna, sa peau chaude s’éloigna de la mienne, et ses mains reprirent la laisse. J’avançai de quelques pas jusqu’à ce que la laisse se détendît. Elle repassa derrière-moi et murmura :

— T’as quinze secondes pour le séduire.

Je sentis l’odeur d’Arcan devant moi. Je posai mes mains sur ses pectoraux, parcourus son ventre musclé, trouvai le coton du boxer. Je remontai mes doigts, trouvai son visage imberbe, embrassai sa bouche et collai ma poitrine contre lui. Après le massage, il me semblait avoir doublé en sensibilité. Le contact chaud de son torse sur mes tétons suffit à embraser mon ventre. Je passai mes bras derrière sa nuque robuste pour ne pas que Geisha me séparât de lui, et j’écrasai mon pubis sur le renflement de son pénis. Je humai profondément son odeur délicieuse. Geisha caressa mes fesses et mon dos, accompagnant ma danse langoureuse.

Quand les soupirs commencèrent à m’échapper, Geisha me fit reculer. Je me retrouvai sans contact, comme abandonnée, dans un silence complet. Une bouche s’empara par surprise de mon téton et me fit sursauter. Le glissé suave de la langue me permit d’identifier Geisha, puis elle répéta la succion sur mon autre sein. Mon ventre se réchauffa doucement, et du bout des ongles, elle me parcourut, des épaules au creux du dos, du bassin à l’arrière des cuisses. Elle remonta sa main sur ma nuque puis m’obligea à me pencher vers l’avant, à la rencontre des pectoraux d’Arcan. Comme me le suggérait la position, je passai ma bouche sur ses mamelons. Puis Geisha m’amena à elle et je suçai ses tétons robustes. Elle me laissa m’y attarder une minute, jusqu’à ce qu’elle fût satisfaite. Elle murmura :

— À genoux.

J’obéis. Mon nez descendit le long de son ventre, et ses mains maintinrent mes bras levés au-dessus de ma tête. Elle les enroula dans un foulard tandis que je couvrais son ventre de baisers. Une chaise racla, et le tissu se tendit vers le plafond. Je devinais me trouver sous l’ancien crochetage du sac de frappe. Les ongles de Geisha glissèrent sur mes aisselles, sa bouche s’y promena, légère, chatouilleuse. Je me courbai pour y échapper, jusqu’à ce que ce fut sa langue qui s’y plaquât avec force. Si j’avais été à sa place, j’aurais refusé de le faire. Mais l’inhabituelle stimulation, aussi salace était-elle, mettait mon ventre en ébullition. Je voulais qu’elle ou Arcan me caressât entre les cuisses en même temps. Lorsqu’elle cessa, Arcan lui dit :

— Encore trop tôt.

— Non, mais j’ai d’autres idées.

Ils se déplacèrent en silence. Les doigts de Geisha relevèrent mon menton et le gland d’Arcan se posa sur mes lèvres. Comme si elle voulait garder le contrôle, elle guida ma mâchoire à chaque seconde. Je suçai tendrement mon amant quand elle m’invita à m’avancer davantage. Je retins ma respiration et laissai le sexe glisser vers le fond de ma gorge. Elle me laissa revenir en arrière, reprendre ma respiration, et passa sa main dans mon dos.

— Allez, on recommence.

Sa voix vibrait d’excitation. Arcan y prenait peut-être plus de plaisir que moi, mais c’était surtout Geisha que le jeu enflammait. Je retins ma respiration et avançai à nouveau. Geisha me maintint la tête quelques secondes et me laissa repartir. J’inspirai à grand poumons.

— Il ne restait que cinq millimètres.

J’opinai, inspirai et m’avançai sans qu’elle ne me l’ordonnât. Mon nez effleura le pubis d’Arcan et je me retirai à l’exclamation de Geisha.

— Yes ! Maintenant…

— Maintenant c’est ton tour, l’interrompit Arcan.

— Ecarte un peu les genoux, ma chérie, m’ordonna Geisha.

Je m’affaissai. Ses deux mains passèrent derrière mon crâne et elle plaqua mon menton entre ses cuisses. Je sentis le tissu bouger, et elle demanda :

— Qu’est-ce que vous faites ?

— J’apprends à te connaître, répondit Arcan.

— OK.

Elle lâcha un soupir. J’ignorais ce qu’il lui faisait, mais je sentais bien aux réaction de sa vulve sur ma langue, que je n’étais pas celle qui lui faisait de l’effet. Elle haleta :

— Merde, ne vous arrêtez pas !

— Il faut approfondir l’idée, lui répondit-il.

Geisha glissa ses mollets sur mes épaules, m’obligeant à me redresser pour détendre le foulard. Ses cuisses passèrent de chaque côté de mes joues, son bassin trempé s’écrasa contre mon visage, me laissant comprendre qu’elle était elle-même nouée au foulard, les épaules en arrière au-dessus du vide. Arcan m’ordonna :

— Ne t’arrête pas, Muse.

Je m’appliquai à la dévorer. Le poids sur ma bouche m’obligeait à garder les lèvres béantes. Si je refermais trop la mâchoire, mon nez rencontrait son clitoris. J’avais l’impression que j’allais étouffer submergée par un parfum acide de mouille. Arcan me dit :

— Je vais relâcher petit à petit le foulard. Je veux que tu descendes doucement en grand écart. Et il faut qu’elle jouisse si tu veux mériter mon jeu.

Je ne pouvais répondre, le visage enfoui entre les chairs de mon amante. Je me laissai descendre sur les genoux. Je parvins à glisser sur le haut de sa vulve pour concentrer mes coups de langues et mes aspirations sur son rubis. Mes cuisses s’ouvrirent au fur et à mesure que les couinements de Geisha se multipliaient. Je ne savais pas si je bavais énormément ou si c’était l’intimité de ma partenaire qui me coulait sur la gorge.

Mon désir n’était pas éteint, mais stagnait, mon esprit bien plus concentré sur le plaisir de ma partenaire. Je tentais d’interpréter chaque réaction musculaire, chaque respiration nasillarde. Arcan ne dit mot, patientant quelque part autour de nous, savourant sans doute le spectacle. Geisha m’écrasa les joues entre les cuisses dans un ultime cri, son corps trembla, sa cyprine inonda ma bouche. Elle reprit son souffle dans un râle :

— Oh ! Yeeeessss !

— Il est temps de passer à mon jeu. Ne bouge pas, Muse.

Elle m’avait tant inondée, que son nectar ruissela de ma bouche jusqu’entre mes seins. Geisha retira ses jambes une à une, puis prit mon visage entre ses mains pour m’embrasser. Elle rit :

— Nickel, je peux aller me coucher.

— Tu t’en voudras de manquer la suite, lui répondit Arcan.

Mes bras furent libérés, mais je demeurais immobile en grand écart sur le parquet. Les grandes mains chaudes d’Arcan me couchèrent face contre le sol, et je devinai ensuite qu’il fixait mes talons dans les passants du bâton qu’il avait utilisé pour notre second jeu de la goutte d’eau. Sans surprise, il fit passer mes bras dans mon dos, les réunit dans le manchon de métal et le fixa sous le bâton. Lorsqu’il me redressa pour m’allonger sur le dos, Geisha caressa ma poitrine et me complimenta :

— T’es sage.

— Elle connait, répondit Arcan.

— C’est le truc de la goutte d’eau ?

— Pas ce soir.

— Faudra que vous me le fassiez, le truc de la goutte.

— Si t’es sage. Tu l’accrocheras à mon signal.

— OK.

Il passa autour de chacune de mes cuisses des épais brassards en matériau synthétique et les ferma serrés autour du bâton. Puis, il me souleva dans ses bras et me retourna, bassin vers le haut, épaules vers le parquet. Je me retrouvai le visage contre ses abdominaux, sans pouvoir m’accrocher à lui. Il grogna :

— Vas-y !

Il me lâcha délicatement, et je me retrouvai à me balancer tête en bas, cuisses grandes ouverte vers le plafond. Des mains, il vérifia que mon masque ne tombait pas. Geisha s’exclama :

— Excellent ! Même à l’envers, ils sont sexy !

Elle pétrit mes seins et les laissa retomber. Arcan, lui dit :

— Bon appétit.

— Vous aussi.

Les bouches de mes deux amants mordillèrent l’intérieur de mes cuisses. J’inspirai profondément. Ils jouèrent l’un l’autre, se rapprochant de temps à autre de ma vulve. Le sexe contre mon flanc me permettait de savoir qu’Arcan se tenait dans mon dos, et Geisha devant. Au-delà de ça, me sens étaient désorientés. Leurs deux bouches qui se succédaient entre mes nymphes et mon clitoris me ramenèrent au souvenir de la dernière soirée. Un schéma finit par s’imposer à mes deux amants, Arcan trempant la langue dans mon intimité, Geisha me lapant le clitoris. Les spasmes de l’orgasme me surprirent et je le laissai m’envahir. Mon ventre se contracta avec force à plusieurs reprises et je haletai sous l’effort imprévu. Un filet de ma propre cyprine glissa entre mes fesses. Geisha plongea son doigt.

— Quelle volcan !

— Garde-le en activité, suggéra Arcan.

— C’est quoi ? Ah, d’accord.

— Très lentement. Je veux que ça dure un moment.

— À vos ordres, mon général.

Je sentis un liquide froid couler sur ma vulve, et quand mes muscles de décrispèrent, je sentis les doigts délicats de Geisha mêler le produit huileux à mes propres sucs. Je me détendis et savourai sa gestuelle méthodique. Elle prenait le temps, contournait mon clitoris, glissait sur mon anus. Progressivement, elle s’éloigna jusqu’aux limites des sangles qui maintenaient mes cuisses. Le plaisir remonta, lentement, mais intensément. Ma respiration s’approfondit et elle revint petit à petit à ma vulve, glissant avec minutie.

— Le volcan repart, mon général. Le cratère fait des bulles !

— Il faut donc sonder, répondit Arcan. Choisis ton outillage.

— Euh…

— Elles sont toutes nettoyées, mais sans piles.

Un silence s’imposa. Arcan demanda :

— Alors ?

— J’ai envie de tous les essayer.

— Pourquoi pas.

Les pas de Geisha dansèrent sur le parquet, et un objet se posa sur ma vulve. La pointe ronde ouvrit lentement mon écrin et me pénétra, centimètre par centimètre. Arcan marmonna et Geisha fit aller et venir lentement l’objet entre mes cuisses. C’était excitant de ne pas savoir ce que c’était, de juste découvrir les reliefs entrer et sortir. Le plaisir revenait par vagues, annonçant un tsunami. Je ne pus retenir un gémissement, alors Geisha retira son jouet et en choisit un second. La forme était plus lisse, moins droite, mais la sensation toute aussi délicieuse. Je me laissai gémir, sans envie de me retenir. Geisha changea encore une fois de gode. Il était incurvé et une seconde partie en fuseau ouvrit mon anus, me laissant complètement déboussolée. Les contractions m’échappaient, mon ventre appelait. Geisha choisit un quatrième jouet, composé de nombreuse renflements ou perles. L’effet fut bœuf. Je m’en fichais de ce qu’elle pouvait choisir du moment que ça allait et venait dans mon vagin. Elle l’entendait, adoptait une cadence toujours plus soutenue, soudaine à l’entrée, délicate à la sortie. Tout mon corps se crispa, je criai, dents serrées, tirant sur l’entrave de mes bras. Puis tous mes muscles se relâchèrent avant d’attaquer la ola de l’orgasme. Geisha ralentit progressivement sa gestuelle, puis abandonna l’instrument dans mon ventre. Arcan exigea :

— Attise les cendres.

Geisha promena ses ongles à l’intérieur de mes cuisses, dans les creux de mon dos. Arcan pétrit mes seins et questionna.

— Ça va ma reine ?

J’opinai du menton. Il se redressa, son pénis tapa mon nez en passant et j’ouvris la bouche. Geisha l’aperçut car elle lui dit :

— Elle a soif.

Elle dirigea à nouveau ma nuque vers le sexe d’Arcan. Je retins ma respiration et tentai de battre le record. La courbure suivit ma langue et me donna l’impression de m’étrangler. Je reculai la tête en toussant.

— Mygale.

Arcan dit :

— Laisse-la.

— Ce n’est pas le bon mot de passe, se moqua Geisha.

Elle me maintint simplement et je repris le gland en bouche, délicatement, pas plus loin, juste ce qu’il suffisait pour lui donner du plaisir.

— T’es gourmande quand même, murmura Geisha.

Je souris une seconde pour ne pas interrompre mon œuvre. Les doigts d’Arcan se cramponnèrent à l’intérieur de mes cuisses. Ses hanches cédèrent à l’instinct d’un va et vient léger. Geisha maintint ma nuque pour empêcher mon corps de balancer. J’aspirai, tournai ma langue autour du gland. Il sursauta dans ma bouche et les saccades se déversèrent contre ma langue. Geisha me libérant la nuque, je la pliai pour ouvrir la bouche et libérer le sperme qui ruissela sur mes narines.

Arcan posa un baiser sur mon pubis.

— C’était divin. — Je lâchai un rire satisfait. — Geisha.

Ma camarade s’éloigna quelques secondes et revint avec un gant chaud. Elle essuya mon visage, puis le passa ensuite sur mon bassin. Je savourai le contact doux et délicat. Quand elle commença à s’attarder, je compris que ce n’était pas terminé. J’approfondis ma respiration pour m’ouvrir aux sensations.

— Tiens, continue avec ça, suggéra Arcan.

Geisha posa le gant et poursuivis avec une éponge douce. Un mousse glissait délicieusement chaude sur ma peau. Mes nymphes s’épanouirent au soleil de sa délicatesse. Mon bourgeon durcit sous le talent de mon amante. Je soupirai, le ventre à nouveau brûlant d’envie. Je gémis à voix haute :

— Oh putain ! Je vous aime !

Geisha ne cessa pas, passant son éponge de manière concentrique autour de ma perle. Un soubresaut surprit mon ventre. Elle cessa. L’eau d’une éponge essorée ruissela dans un seau. Elle chassa brièvement la mousse, glissa son doigt dans mon vagin inondé et demanda :

— Je peux ?

Arcan ne répondit pas, mais son signe fut clair. Une surface duveteuse se posa sur mon sexe, une cordelette siffla, et le ronron de Christine la tortue vibra. Surprise par l’effet, je gémis. C’était une vibration sourde et savoureuse que je n’avais jamais expérimentée. Un régal ! Geisha fit patauger sa tortue sur tout mon sexe détrempé, venant la comprimer sur mon clitoris. Chaque départ de la tortue était une torture, chaque retour était un supplice.

— Alors ? Elle n’est pas bien Christine ?

— Elle est divine ! haletai-je.

Geisha l’immobilisa sur mon pubis. Mon clitoris vibra jusque dans me estomac. Mon corps se banda une seconde fois et les spasmes m’envahirent. Je gémis sans pudeur.

Quand mon ventre cessa de trembler, la peluche tomba au sol dans un bruit humide. Arcan me souleva dans ses bras et la suspension se relâcha. Il m’emporta jusqu’au lit, libéra mes cuisses puis mes talons. J’allongeai mes jambes, puis me laissai tourner sur le ventre pour qu’il desserra mes bras. Il caressa mon dos quelques secondes avant de s’en aller.

Je patientai dans l’attente de l’étreinte du soir, le corps atone en écoutant leur pas et leurs murmures tandis qu’ils rangeaient la chambre.

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