71. Epilogue de rêve

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Trois ans avaient passé. Arcan, Geisha et moi avions investi dans une maison de campagne, dans le sud de la France. Nous avions assez de place en cas de dispute et une grande piscine.

Les cigales chantaient, Arcan et Geisha dressaient la table, Albert faisait chauffer les premières braises au barbecue tandis que Fabienne étendait le linge. Je me prélassais sur une chaise longue, la peau flattée par le soleil brûlant, à l’écoute de la paix qui régnait. Les couverts tintaient sur la table, les premières flammes crépitaient, les glaçons ricochèrent dans la carafe. Je soupirai :

— Peut-être qu’on peut commencer sans eux, ça les fera venir.

— Je suis pour ! indiqua Annette depuis l’autre chaise longue.

— La plus impatiente est celle qui n’a pas le droit de boire se moqua la mère de Geisha. — Trois ans déjà. — Tu as trois ans mon beau prince.

Je posai mes mains sur mon ventre rond prêt à éclater. Dans ses bras, notre fils lui sourit. C’était un magnifique petit garçon brun au métissage parfait. Déjà l’assurance d’Arcan avec la beauté de Geisha. J’en étais complètement dingue. Il demanda :

— Maman Laëtitia. Câlin !

— Maman Laëtitia est fatiguée, elle ne peut pas te porter.

— Oh oui, je suis désolée, mon cœur. Un câlin mais doucement.

Elle le laissa descendre et il vint s’asseoir à côté de moi, un peu brute. Je soufflai, estomaquée. La mère d’Arcan, la panière vide entre les mains, proposa :

— Et tu ne veux pas te baigner avec Mamie Fabienne ?

— Il est encore un peu jeune pour chasser la baleine, plaisanta Albert.

— Papa ! protesta Annette.

Mais Fabienne rit aux éclats, indifférente à la moquerie. Une voiture passa la grille en contre-bas de la propriété. Incapable de me lever, je demandai :

— C’est Papa, Tata et Léa ? demandai-je.

Arcan sourit :

— Je crois que c’est Mamie Vipère.

— Ne l’appelle pas comme ça, râla Annette. Ton fils va tout répéter.

Je me sentais trop lourde pour surenchérir. Nous attendîmes que ma mère grimpât les marches jusqu’à la terrasse et notre fils s’exclama :

— Mamie Vipère !

Albert pouffa de rire. Annette soupira d’agacement :

— Ben voilà !

Ma mère grinça :

— Je ne demande pas de qui lui vient cette idée. Viens-là mon ange.

Notre fils se jeta dans les bras de sa grand-mère, ce qui déplut à Arcan, je le vis bien dans son regard. Ma mère sortit une figurine de son sac à main.

— Pour mon petit-fils préféré !

— Ninja bleu !! s’exclama mon fils en s’enfuyant avec. Regarde Papa ! Regardez Mamans !

— Je comprends pourquoi il vous préfère, tacla Fabienne.

Ma mère se redressa, le sourire fier aux lèvres. Elle embrassa tout le monde avant de parvenir à moi.

— Reste allongée, ma chérie. Pour une fois, je préfère que tu fasses la loque.

— Merci, c’est gentil, grognai-je.

Elle s’approcha, posa ses faux ongles sur mon ventre et questionna :

— Comment se porte ma petite fille ?

— Ce sera sûrement un garçon, dis-je en toute connaissance.

— N’importe quoi. Ton ventre a la même forme que le mien. Quand on le porte rond comme ça, c’est que c’est une fille.

— Vous aviez dit la même chose pour Anh, se moqua la mère de mon amante.

— Les gènes asiatiques doivent être différents.

Je dévisageai ma mère, amusée à l’avance de savoir que ce serait un garçon. Ma mère sourit :

— J’espère que ce sera une fille qui aura la beauté de sa Maman et de sa Mamie. Elle pourra suivre la trace de sa mère.

— Certainement pas.

— Et pourquoi pas ?

— C’est non.

— Tu ne peux pas choisir à l’avance ce que ton enfant aimera. Peut-être que votre fils suivra les traces de son père. Et il pourra même s’entraîner avec sa petite sœur.

— Mais vous êtes glauque ! protesta Geisha.

— Je m’occuperais de tout. De tout !

Une violente contraction m’empêcha de lui répondre. Mon enfant se mit à bouger, à m’en briser les côtes.

— Ah le salaud, il tape fort !

— Un boxer comme son père, sourit Arcan.

— Il n’est pas d’accord avec Mamie Vipère, gémis-je.

— J’espère que vous ne comptez pas rester sur ce surnom, râla ma génitrice.

— Non, promis, sourit Arcan.

— Bien. Est-ce que je peux aider à quelque chose ?

— Il reste la soupe créole à servir, elle est un peu fade, un peu de venin, ça relèverait le goût, indiqua Arcan.

— Faites attention que mon venin ne soit pas trop fort pour vous.

— Allons, allons ! Plus de discussion piquante, s’interposa la mère de Geisha. C’est jour d’anniversaire. Un verre Agathe ?

— Volontiers.

Les glaçons tintèrent dans les verres. J’observais les uns les autres en attendant que l’un d’eux pensât à m’apporter un jus de fruit. Notre fils fit tomber son gobelet, et Geisha se pencha pour le ramasser. Les yeux de ma mère glissèrent sur sa croupe avant de s’en détourner car Arcan lui tendait le verre pour trinquer. Ils échangèrent un regard taquin. Ils n’étaient plus vraiment des ennemis, surtout des amateurs de joute. Alors que je me redressai pour réclamer à boire, une humidité glacée chatouilla l’intérieur de mes cuisses. Je posai mes mains sur mon ventre et cinq pointes frappèrent ma peau, commençant à la distendre. Je gémis de douleur. Geisha s’inquiéta en avançant vers moi.

— Il a les pieds pointus.

Ça ne pouvait pas être des pieds, pas cinq pieds ! Il continuait à pousser, pousser, à distendre mon ventre. La douleur me fit crier et je jurai :

— Putain ! !

— Il est en train de sortir ! s’exclama ma mère.

— Il ne pousse pas dans le bon sens ! s’affola la mère de Geisha.

La douleur m’arracha un cri. Des pointes noires commencèrent à transpercer ma peau. Mon sang ruissela sur mon ventre. Je hurlai d’horreur. Arcan s’écria :

— Vite ! Attachez-là !

Les convives s’agitèrent autour de moi alors que je me sentais partir. On m’enchaîna les mains au-dessus de la tête, on m’enroula les chevilles de lourds maillons d’acier. Les entraves se tendirent, m’obligeant à écarter en grand les jambes. Arcan s’assit sur le dos de son robot à six roues. Télécommande à la main, il avança jusqu’entre mes cuisses en déployant le bras mécanique. Il annonça :

— Je vais redresser le bébé !

La pince s’enfonça lentement dans mon vagin. La douleur dans ma chair était telle que je ne sentis presque pas l’intrusion. Lorsque ses articulations furent passées, elle se mit à pivoter en approfondissant son exploration. Je hurlai de douleur. Le mat continua à tourner tantôt dans un sens, tantôt dans l’autre, sans que sa pince ne parvînt à saisir l’enfant. Les pointes continuaient à transpercer mon ventre, ressemblant de plus en plus aux excroissances de la couronne de l’Impératrice.

Soudain, la vieille femme surgit en déchirant ma chair. Mon sang retomba sur moi comme une pluie chaude. La douleur m’arracha un cri qui me brûla la gorge. La façonneuse masquée en robe noire, le buste seul saillant de mon ventre, déploya des ailes de chauve-souris blanchâtres parcourues de veines rouges. Elle se pencha au-dessus de moi comme un démon, alors qu’Arcan continuait à fouiller mon ventre pour tenter de l’en déloger. Un sourire sadique fendit son menton. Sa voix rauque me dit :

— Jouis, trésor. Jouis !

Je serrai la mâchoire en hurlant alors que mon sang s’écoulait entre mes cuisses lacérées par la pince du robot. La main de l’Impératrice caressa mon menton et elle répéta :

— Jouis !

Elle rejeta ma tête en arrière, et les ongles de ses pouces me forcèrent à garder une paupière ouverte. Elle insista, d’une voix qui se délectait :

— Il faut leur en mettre plein la vue.

Je vis alors les façonneurs masqués qui se regroupaient autour de moi, leur pénis sortis. Ils se masturbaient en m’observant, se pourléchant dans des rictus lubriques. Un gland s’avança jusqu’à ce que je n’en visse plus que le méat. Impossible de fermer l’œil. Les ongles de l’impératrice s’enfonçaient sous mon globe, m’obligeant à regarder. Je hurlais en me débattant malgré le bras de la machine plantée jusque dans mon utérus. Le premier jet de sperme me brûla la rétine, troubla ma vue tandis que les saccades éjectées par les autres sexes percutaient mon visage, inondaient mes narines et ma bouche. Je voulus hurler que j’étouffais, mais ma gorge était engluée.

Je me réveillai en nage, complètement affolée. Je me précipitai sur mon téléphone portable et éclairai la pièce avant de reconnaître la chambre de Léa. Ma cousine n’était pas là. Ma fréquence cardiaque redescendit. Je repris mes esprits et soupirai :

— Putain ! Quel rêve à la con !

Je posai ma main sur mon ventre, toujours plat et intact. Ressentant toujours la sensation humide entre mes cuisses, je soulevai les draps. Le pantalon de pyjama était auréolé du sang de mes menstruations. Je levai les fesses et éclairai le matelas par miracle intact. Je me tournai sur les genoux et descendis du lit. Les pieds en canard, je gagnai la salle de bains.

Sitôt déshabillée, je m’enfermai dans la cabine de douche encore humide d’un passage récent d’un membre de la maison. L’eau était encore chaude et j’en profitai pour revenir au début de mon rêve. On aurait cru la fin d’un de ces films français où tout le monde finit rabiboché à l’arrière d’une maison baignée de soleil. J’aimais bien cette image d’une famille triparentale. Avec amertume, je ne pouvais qu’admettre que c’était ce dont j’avais envie. Il était à n’en point douter qu’une fois la surprise digérée, la mère de Geisha finirait par être comme les parents d’Arcan, tolérante. Il m’était plus difficile d’imaginer reprendre une relation mère-fille avec ma mère. Le début du rêve était en ça criant de vérité.

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