72. Tata

14 minutes de lecture

Lavée, je piquai une serviette hygiénique et une culotte à ma cousine. Je renfilai le haut de pyjama, jetai le bas à la panière. Je descendis les escaliers, chaussée des vieux chaussons trop grands qu’elle m’avait prêtés. Dans la cuisine, ma tante était assise, les yeux plongés dans sa tablette. Elle leva les yeux sur moi et proposa en se levant :

— Bonjour Laëtitia. Un café ?

— Je veux bien.

— Bien dormi ? demanda-t-elle en se levant.

Mon dilemme avec Arcan me rendait toujours chèvre, cependant je répondis poliment :

— Ça va.

— Ça ne doit pas être facile après une telle nouvelle. Moi-même, je ne pouvais pas aller travailler aujourd’hui. Je n’aurais pas eu la tête à la tête. J’ai posé ma journée.

— Vous allez divorcer ?

Elle balaya l’air de la main en souriant :

— Si tu savais toutes les crasses que ta mère m’a faites quand on était jeunes. Le pire c’est que quand Léa et toi étiez petites, je pensais que j’allais vivre éternellement avec ce doute. Et puis en fait, avec le temps, j’ai fini par avaler l’histoire d’Agathe.

— Forcément, ça choque.

— C’est une manipulatrice depuis qu’elle est née. Petite, tu lui ressemblais beaucoup. Je ne sais plus ce qu’elle t’avait fait croire, mais je me souviens que du jour au lendemain, t’avais juré de ne plus jamais mentir. T’étais rentrée du collège en colère et t’étais venue ici.

— Elle m’avait promis une guitare électrique si j’avais de bonnes notes. Sauf qu’elle n’avait pas du tout envie que je joue de la guitare électrique à la maison. Et j’ai découvert qu’elle n’aurait jamais tenu sa promesse. Mais ce n’est pas tant la guitare. Il y avait une dame dont Maman abusait de la gentillesse, avec des petites promesses qu’elle ne tenait pas. J’étais toujours dans le secret, elle me disait tout par derrière, on était complices. De m’être retrouvée de l’autre côté, ça m’avait fait vriller.

— C’est ça, c’était la guitare. Enfin bref. En tout cas, tu peux venir voir ton père autant que tu veux.

— Merci.

— Te le dire après toutes ses années…

— Elle ne l’a pas dit. C’est ma chérie qui a dit ça pour voir.

— La jeune fille d’hier. La maline ! Et c’est ta petite-amie ?

— Oui.

Elle s’assit à côté de moi et me sourit :

— Merveilleux ! J’ai besoin de changer de chaîne. Raconte-moi comment tu l’as rencontrée.

J’avais une telle rage après ma mère qui m’avait foutue dans les bras d’Arcan, m’avait fait croire au bonheur et m’en avait elle-même privé, que j’eus envie de tout balancer sur elle.

— Ben… Maman m’a obligée à devenir poupée pour…

— Noooon !

— Et si.

— Nooooon !

— Ben…

— Non ! Elle ne t’a quand même pas obligée !

— C’était ça ou elle me virait de la maison.

— Mais t’aurais pu venir habiter ici !

— Je sais, Léa m’a dit la même chose. Après, je le savais aussi. J’ai accepté d’essayer.

— Et c’est comment ?

— Et bien. Je ne dirais pas que c’est cool, mais c’est moins glauque qu’on l’imagine. C’est même, un peu… C’est à la fois prout prout et à la fois l’inverse. C’est bizarre.

— Et donc Agathe t’a fait défiler toute nue ?

— Alors non, elle m’a envoyée chez un mec qui fait comme elle. Et non, ma mère ne fait pas défiler ses poupées. Elle les doigte sur scène, et pas que par le grand trou.

Ma tante était livide. Je jubilais de tout balancer, alors je poursuivis :

— Samedi, elle était déguisée en poulpe géant, et elle leur mettait ses tentacules… profondément par tous les trous.

— Nooon ! Tu inventes !

— Tu pourras demander à Anh quand elle passera me chercher.

— Mais toi, tu fais tous ces trucs avec un homme ?

— On a le choix de juste défiler ou de faire des choses un peu plus trash pour épater la galerie et gagner le premier prix. Quand il s’agit de pognon, Maman a beaucoup d’imagination. Moi à la base, je venais juste défiler, mais bon, pour battre Maman, j’ai accepté quelques contreparties.

Je pensai aux semaines de préparations, aux jeux d’Arcan partagés ou non avec Geisha. Je me rendais compte en parlant que les soirées n’allaient peut-être pas me manquer, mais que tout le reste, oui. Ma tante perdit son regard dans le vide.

— Je suis… Je crois que je suis plus choquée que d’apprendre que mon mari a forniqué avec ma sœur.

Je souris :

— Alors je ne te raconterai pas ce que j’ai fait.

— Non… Non. Je veux garder l’image de la petite fille que j’ai de toi. Et puis dans l’histoire, si je comprends bien, tu as trouvé l’amour.

— Je crois.

— Tu crois ? Tu n’es pas certaine ?

— Comment tu sais que t’aimes Tonton ? Enfin je veux dire Papa.

— Et bien tu vois, c’est d’apprendre qu’il a couché avec ma sœur, pire qu’il me l’a caché pendant plus de vingt ans, et d’être incapable de lui en vouloir. Je m’en fiche, je sais que c’est du passé, j’aime notre vie, j’aime notre façon d’avancer tous les deux. Et on a des projets communs pour la retraite et je suis toujours motivée.

Je trouvais sa complaisance belle. Ses mots trouvant écho en moi, n’ayant ni envie d’en vouloir à Arcan ni à Geisha, je lui dis :

— Alors je les aime.

— Parce que t’en as plusieurs ?

— Nous vivons à trois, avec le rival de Maman. C’est assez curieux quand on y pense, mais ils m’aiment tous les deux, alors ils cohabitent. Eugène est… un peu comme Maman, calculateur, et aussi tout l’inverse. Il sent bon. Il est beau. Et… Et j’ai failli tout plaquer à cause d’elle. Je veux dire, de Maman. Je ne sais pas. Il m’a menti sur des trucs, on va s’expliquer et on verra, mais je n’ai pas envie de lui en vouloir.

— La discussion, c’est la base de tout.

La Smart pila devant la fenêtre.

— Voilà ma chérie. Si tu veux lui demander ce qu’elle pense de Maman.

— Je choisis de te croire.

Je me levai l’embrassai, puis sortis rejoindre Geisha qui était descendue de voiture. Je posai ma bouche sur la sienne, puis l’étreignis avec force. Heureuse de sentir ma bonne humeur, elle me dit :

— Ça va mieux, on dirait.

— Mon oncle a avoué qu’il était mon père.

— Ahhh ! Tu vois ! La manipulation, c’est utile.

Je haussai les épaules. Elle demanda :

— On va voir Eugène ?

— Je n’ai pas encore décidé. J’ai envie de lui pardonner de t’avoir payée, car ce qui compte c’est qu’aujourd’hui, tu m’aimes, et que c’est ça l’important. Mais le fait qu’il m’ait menti reste bloqué. Et surtout, pourquoi avoir menti sur le cambriolage ?

— Pour te pousser à t’investir au max, c’est tout.

— Plus jamais, il n’a intérêt à me mentir. Ça, je vais lui dire.

— Yes !

— Quand je serais prête.

— Ah…

Elle me dévisagea. Je regardai ses chaussures compensées. Mes idées étaient encore trop chahutées, j’avais besoin de faire le ménage entre mes hémisphères.

— T’as pris mes affaires ?

— Ton carton d’affaires de sport et des vêtements.

— On va au parc, alors.

— Habillée comme ça ?

— Pourquoi ?

— Ben… Rien.

Nous montâmes en voitures, et elle se gara dans la même rue adjacente que la veille. Je descendis, ouvris le coffre, puis ôtai le haut de pyjama, m’exhibant en petite culotte au milieu de la rue. J’enfilai rapidement ma brassière et un leggings court, puis je chaussai socquettes et basquettes. J’attachai mes cheveux, puis empoignai ma corde à sauter. Geisha ne fit aucun commentaire et me suivit dans le parc.

Il n’y avait pas grand monde pour le moment, malgré le soleil déjà bien présent. Je posai mes lunettes sur la pelouse. Casque sur les oreilles, isolée de toute moyen d’influence de Geisha, je lançai une playlist électro sur mon téléphone, puis je commençai à sautiller.

Les premières minutes, mon cerveau ne semblait pas se déverrouiller. Alors je me surpris à observer mon amante qui s’était allongée, les mains derrière la tête, et qui attendait sereinement. Cette patience la rendait encore plus séduisante. Mon cœur fêlé continua à battre plus vite au fil des figures que je répétais. Puis, comme s’il avait appuyé sur le bouton reset de ma mémoire, je revécus la première rencontre avec Arcan. Stressée, humiliée face à cet inconnu, qui pourtant en quelques mots, une fois ma mère partie, m’avait intriguée et apaisée. C’était après elle que j’avais de la colère, pas après lui. Je ressassai sa façon de parler, ses sourires tissés de malice, sa façon de faire la cuisine avec minutie. De manière général, tout était pensé avec une précision d’horloger. Je me souvins de mes premiers abandons à la cécité artificielle et au jeu de la laisse. J’étais déjà conquise par son perfectionnisme, sa façon de maîtriser les choses, et ses effleurements avait suffi à me faire tomber amoureuse.

Amoureuse… Il n’avait rien fait que d’être lui-même, et j’étais devenue accroc. À la première soirée, il ne m’avait forcée en rien, si ce n’est par maladresse, à participer à un jeu de poupée. J’entendais encore ses excuses, son air sincèrement désolé, car il n’était pas du genre à me brusquer. Certes, je lui plaisais déjà, mais il avait décidé de prendre son temps. C’était moi qui l’avais embrassé. C’était moi qui n’avais pu résister à précipiter les choses. C’était moi qui avais allumé la mèche de la dynamite qui avait laissé mon cœur en ruine.

Comment aurais-je pu résister après avoir goûté à son corps musclé, et joui de ses accouplements bestiaux. Dès le début, il m’avait trahie en se servant de son adjoint, et pourtant, c’était pour mon propre plaisir. Sa préoccupation était de faire en sorte que je me sentisse comme dans un cocon de perfection. Il était resté respectueux, compréhensif de mes problèmes de menstruations, ce qui n’était pas le cas de nombreux garçons que je connaissais. De manière générale, Arcan était un gentleman, et ce n’était pas feint. La danse du second spectacle avait peut-être même révélé un soupçon de romantisme.

Où tout cela avait-il dérapé ?

L’arrivée de Geisha ? Ses baisers qui m’avaient retourné la tête et le corps ? Comment Arcan aurait-il pu résister à la possibilité d’un duo de poupée ? C’était peut-être là que j’aurais dû dire stop. Mais moi-même, j’avais envie de revivre le contact de Geisha sur ma peau, et de surpasser l’échec de notre seconde représentation. Et regrettais-je d’avoir embrassé Geisha ? Clairement non. À l’inverse d’elle, notre baiser dans les sous-sols du vieil immeuble n’était pas mon meilleur souvenir. Mon premier cunnilingus gardait un goût salé de malaise. En revanche, notre premier trio charnel m’habitait tant encore que je pouvais m’en remémorer chaque seconde. Je ne voulais pas passer à côté de ce trio. Non ! Arcan avait trop d’imagination pour que je m’arrêtasse au peu que nous avions partagé. Toute ma vie je me serais demandée ce que j’aurais manqué.

Au-delà de la sexualité enfiévrante, Arcan était à la fois un gentleman, et un homme qui pouvait être dur avec qui le méritait. C’était un passionné déterminé, un sportif acharné, et un fin cuisinier. Il revêtait le costume de l’homme parfait depuis tant de jours que ça ne pouvait qu’être naturel. En définitive, je n’avais rien à lui reprocher. C’était un rêveur qui se donnait moyen de concrétiser ses envies. Il n’était pas assez machiavélique pour s’inventer des amis. Et le fait qu’il nous ait introduites auprès d’eux signifiait combien il croyait en notre histoire. Je souhaitais encore être près de lui, et surtout pas qu’il fût différent. La vérité, c’est que je l’aimais. Seul mon entêtement congénital ne pouvait se satisfaire de sa tromperie. Il fallait une contrepartie, une vengeance pour que plus jamais il ne me mentît.

Mes poignets s’arrêtèrent de mouliner. Geisha observa la sueur qui me couvrait le corps et sourit :

— Tu lui ressembles.

— À qui ?

— À Eugène. Dans votre façon d’évacuer. Hier, il a tabassé le sac de frappe durant je ne sais pas combien de temps, jusqu’à ce que le cuir se déchire. Je crois qu’il pensait à ta mère.

— N’empêche que ma mère est peut-être parfois piquante, mais elle ne l’a jamais cambriolée.

— Tu ne digères pas ? Ta mère l’a un peu cherché.

— Même. Ce n’est pas parce qu’elle mérite qu’on dise de l’intox sur elle, qu’il faut le faire. Je veux dire, c’est devenir comme elle.

— Ce n’est pas faux.

Je marchai autour de Geisha en continuant à laisser mon cerveau s’irriguer et je confiai :

— Je ne peux pas… Ne pas pardonner. Je n’ai pas envie que notre histoire à tous les trois se finisse comme ça. Je suis la première à critiquer les films débiles dans lesquelles les personnages se séparent sur une connerie. Je n’ai pas envie d’être ce genre de fille. Je veux dire : je le regretterai toute ma vie. Mais je n’ai pas envie de vivre avec le doute qu’il me cache des choses. Et puis surtout, je dois le punir.

Geisha pouffa de rire :

— Tu veux lui mettre un collier à pointe et le fouetter ?

— Je ne voulais pas dire punir… — Je réfléchis. — Ça pourrait être marrant.

Cela m’était difficile à imaginer. Arcan restait un fauve derrière ses airs galants. En repensant à l’altercation avec le clochard, je me demandai s’il avait pu l’orchestrer, en prévoyant l’arrêt à la boulangerie. Moi aussi, je pouvais fomenter ma vengeance. Premièrement, je ne voulais pas que ma mère gagnât. Je voulais la punir de tous ses mensonges et une idée très simple s’illumina dans ma tête.

— OK. Je vais prendre une douche et on va voir Eugène. Juste pour discuter.

— Ça marche.

Nous quittâmes le parc, et Geisha se mit en route. Je lui demandai :

— T’as dormi chez lui ?

— Au début, je voulais dormir chez moi, et puis on a tellement discuté que je suis restée dormir là-bas. Ça fait un peu bizarre, je t’avoue, que tu ne sois pas là.

J’opinai du menton. Elle gara la voiture puis descendit la première. Elle sortit mon sac du coffre et m’ouvrit la portière.

— Ma reine.

C’était ainsi que nous surnommait Arcan, mais l’écho que le sobriquet fit à mon cauchemar ne fila un frisson glacé.

— Faut que je te raconte mon rêve de cette nuit

— Ah ? Si tu veux, pour me faire pardonner, je te savonne, petit massage d’épaules, et tu me racontes en même temps.

— Je suis partante.

Nous entrâmes dans la maison. Ma tante se présenta dans l’entrée de la cuisine donnant sur le couloir et sourit :

— Bonjour !

— Bonjour Madame, répondit Geisha.

— Laëtitia m’a dit que tu étais sa petite-copine.

— Oui.

— Tu veux rester manger ce midi ?

— Ben…

— Oui, elle veut bien, imposai-je. Est-ce que tu as parlé à Maman ?

— Non. Que veux-tu que je lui dise ? Quand j’aurais trouvé les bons mots, peut-être.

— Moi, j’ai une idée. Si tu acceptes qu’on reste dîner avec Eugène, ce soir.

— Ton couturier ?

— C’est ça.

— Et bien, oui. Vous serez les bienvenus. J’ai même plutôt envie de connaître cet homme. S’il est le rival de ma sœur, il ne peut qu’être charmant.

Geisha afficha un grand sourire sans oser répondre. J’indiquai à ma tante :

— Je vais prendre une douche, et nous arrivons.

— Et bien à tout de suite. Ce sera prêt dans une demi-heure. Ça ira ?

— Oui. Merci Tata.

Geisha m’emboîta le pas et nous montâmes à l’étage. Quand nous arrivâmes à l’étage, elle me dit :

— Une demi-heure, ce sera trop court pour que je me rachète avec ma bouche.

— Un petit massage suffira. Je ne t’en veux pas assez pour te demander de me lécher alors que j’ai mes règles…

— Ouf !

— … et je n’ai pas la tête à ça. Il faut que je trouve comment montrer à Eugène que… voilà, quoi.

— Oui, voilà, quoi, se moqua Geisha.

J’ôtai ma brassière en cherchant mes mots et précisai :

— Que je ne suis pas qu’une fille soumise à qui il peut mentir.

Geisha opina du menton en me regardant ôter les leggings et la culotte collants de sueur. Et une fois que je fus dans la douche, je laissai le rideau ouvert et attendis qu’elle se dénudât à son tour en laissant l’eau chauffer.

Je coupai l’eau et mon index lui indiqua le shampooing à prendre. Elle accepta sans rien dire et leva les mains vers ma tête. Elle me tourna dos à elle et me massa le crâne. Je levai le menton, laissai mes épaules retomber, entamai la narration de mon rêve. Geisha ne m’interrompit pas une seule fois, même si ça la démangeait. Lorsque j’eus terminé, elle cessa son massage crânien et me confia :

— Je sais que ma mère aimerait que j’ai un bébé un jour. Elle m’a demandé si nous voulions une PMA ou adopter.

— Tu lui as dit quoi ?

— Que c’était trop tôt pour que j’aborde le sujet avec toi.

— Et en vrai ? Si t’en avais envie ? Tu le ferais avec Eugène ? Je veux dire avoir un enfant. Je sais bien que ça ne te dérangerait pas qu’on retrouve une tête d’ogive de l’ex-URSS en territoire vietnamien, mais de là à ce qu’elle implante un espion.

Elle pouffa de rire et me retourna vers elle. Elle passa ses bras autour de mon cou et me dit :

— T’es bête.

Elle déposa un baiser sur ma bouche.

— Tu n’as pas encore eu ce plaisir.

— Si tu te remets avec, peut-être que ça arrivera.

Elle ralluma le pommeau de douche et me rinça consciencieusement les cheveux. Puis elle le coupa à nouveau et se saisit du savon pour le corps. Je me laissai faire, comme une reine et son esclave. Ce n’était pas désagréable. En la regardant s’appliquer, je lui confiai :

— J’aimerais bien inverser les rôles.

— De ?

— De te bander les yeux, te mettre la laisse, pour que tu ressentes comment je vis le truc. Et puis j’obligerais Arcan à regarder.

— Je pense que ça lui ferait plaisir de nous regarder. Si c’est ça ta punition.

Elle me tourna, passa mes cheveux par-devant mon épaule et savonna mes fesses, son majeur dans le sillon, avant de remonter sur mes omoplates. J’avouai en collant le front contre la faïence.

— J’aimerais le frustrer.

— Je sais où trouver des idées. Je ne sais pas si c’est ouvert le lundi. Yako y allait au début.

— C’est quoi ?

— Tu verras, ça va te plaire.

— Allez ! T’as dit plus de secret.

— C’est une boutique SM. Je suis sûre qu’on peut y trouver des idées. La vendeuse est super bonne conseillère.

Ayant l’impression d’être une bachelière devant une page blanche, n’importe quoi pouvant m donner des idées était à prendre. J’acceptai la proposition :

— Pourquoi pas.

— On va faire de toi une dominatrice. Peut-être que je pourrais kiffer la laisse, si c’est toi qui la tiens. Ça fera une configuration de plus pour nos soirées à trois.

Je soupirai sans répondre, détendue par ses pouces habiles. Elle passa sur mes cervicales puis après quelques secondes, confia :

— J’adore ta nuque. Ça m’avait trop manqué !

— On n’a été séparées même pas vingt-quatre-heures.

— Pour moi, ça a duré une semaine.

— Va falloir réparer ton générateur de distorsion spatiale.

Elle posa un baiser sur mon épaule. Je me tournai vers elle et vis ses yeux baignés de larmes. Devant mon air surpris, elle confia avec un nœud dans la gorge :

— Je n’ai jamais badé comme ça à cause d’un mec. Je te jure. C’est la séparation la plus courte mais la plus dure que j’ai jamais eu.

Je l’enlaçai tendrement, et nous restâmes plus d’une minute sans bouger. C’est quand ma tante cria qu’il nous restait que cinq minutes, que nous nous rinçâmes.

Une éponge anti-flux menstruel, un short et un t-shirt plus tard, je gagnai la cuisine. Ma tante put raconter des anecdotes de mon enfance à Geisha, friande d’histoires.

Annotations

Versions

Ce chapitre compte 1 versions.

Vous aimez lire petitglouton ?

Commentez et annotez ses textes en vous inscrivant à l'Atelier des auteurs !
Sur l'Atelier des auteurs, un auteur n'est jamais seul : vous pouvez suivre ses avancées, soutenir ses efforts et l'aider à progresser.

Inscription

En rejoignant l'Atelier des auteurs, vous acceptez nos Conditions Générales d'Utilisation.

Déjà membre de l'Atelier des auteurs ? Connexion

Inscrivez-vous pour profiter pleinement de l'Atelier des auteurs !
0