75. Interlude familial

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Nos voitures se garèrent côte à côte. Arcan s’extirpa de sa Lotus, et nous sourit, une veste de costume grise sur ses épaules. Il prit ma main, je saisis celle de Geisha et nous longeâmes l’allée. Il n’y avait pas besoin de nous parler, nous savions tous trois ce que nous voulions : repartir sur des bases saines, oublier ce qui s’était passé et réussir notre vision du concubinage.

J’ouvris la porte, suivie par mes deux amants. Léa vint à notre rencontre et ses yeux balayèrent ma tenue de bas en haut.

— C’est…

— Ce n’est pas moi, je sais. C’était pour un jeu de rôle.

Elle me fit la bise, les pommettes marquées par l’amusement, elle embrassa Geisha puis Arcan.

— Enchantée, j’ai beaucoup entendu parler de vous.

— De même.

— Entrez par-là directement.

Elle disparut dans la cuisine, alors je continuai le couloir jusqu’à la grande salle. Les couverts étaient mis devant chaque chaise et, côté salon, la table basse était déjà dressée de petits bols de sauce et de légume coupés. Mon oncle, accroupit près du buffet pour sortir des verres se redressa et je m’amusai à le saluer :

— Bonjour Papa.

Il marqua une seconde de surprise, soit à cause du sobriquet soit à cause de ma tenue et sourit :

— Bonjour ma chérie.

Il me fit la bise, comme il me l’avait toujours fait en tant qu’oncle. Notre relation n’allait pas beaucoup changer, nous nous connaissions depuis ma naissance. Il serait impossible de rattraper certains moments de l’enfance que nous n’avions pas partagés, et ça je ne lui en voulais pas. Il n’y avait qu’une seule responsable.

— Je te présente Eugène, mon concubin, et Anh ma concubine.

— Valérie m’a parlé d’une histoire partagée.

Ils se serrèrent la main, puis il souleva délicatement la main à Geisha, qui en joua avec amusement.

— Enchantée beau-papa.

Il marqua une nouvelle seconde de réflexion puis constata :

— En effet, donc vous êtes ma belle-fille et mon gendre.

— Il semblerait, sourit Arcan. Vous devez vous sentir en plein Vaudeville.

— Et bien… Quand demain, je raconterai à mes collègues que j’ai reçu ma belle-fille et mon gendre, déjà, je prédis une certaine perplexité sur les visages. Mais quand j’ajouterai que Léa n’a pas encore présenté de copain, ni de copine, je pense que je vais passer un moment amusant.

— Je pense que j’en jouerais aussi, confia Arcan.

Ma tante surgit de la cuisine en criant de satisfaction.

— Ah ! Le fameux Eugène !

Arcan posa les yeux sur elle sans trouver de réplique. Elle posa sa main sur son épaule et lui fit la bise.

— Vous êtes bel homme. Je comprends que ma nièce ne vous résiste pas.

— Merci. J’ai peur d’être impoli, mais vous ressemblez beaucoup à Agathe, en beaucoup plus chaleureuse.

— Les sœurs se ressemblent beaucoup dans cette famille. — Elle regarda Léa et moi. — C’est quoi cette tenue ?

— Un essai, éludai-je.

— Ça a du style. Je trouve la jupe un peu courte, mais ça te change beaucoup.

— Merci.

— Si nous remplissions ces verres ?

— Oui ! Et après on fait une photo ! dis-je.

Nous passâmes au salon, je m’assis sur le canapé entre Arcan et Geisha. Mon oncle et ma tante remplirent les verres, Léa ajouta les biscuits salés sur les plateaux tournants, et nous trinquâmes une première fois. Comme ma tante le dit :

— À la famille et à l’amour !

— Tu peux prendre une photo, Tata ?

Elle opina, la bouche encore pleine de champagne et attrapa mon téléphone. Léa s’assit contre Geisha, et mon père s’approcha d’Arcan.

— On dit : ouistiti !

Seule Geisha et Léa répétèrent, mais mon sourire n’était pas feint. Je tenais trop à ce que cette photo irradie de bonheur. Ma tante me rendit le téléphone.

— Tu me dis si ça va ?

— Du moment que tout le monde est-dessus. Ça ne dérange personne que je la poste sur mon fil ?

— Non.

Je tapotai la légende à toute vitesse. « Ma sœur, mon amante, moi, mon amant et mon père. » Arcan sourit lorsque je l’envoyai :

— Ta mère suit ta page ?

— Exactement.

— Donc c’est officiel, dit ma tante à mon père. Tu peux le raconter à tout le monde.

— Que j’ai deux enfants ou que je t’ai trompée avec ta sœur ?

— Dis comme ça, je n’ai pas vraiment envie que tu t’en vantes.

— Va falloir le dire à Mamie, indiqua Léa.

Mon téléphone afficha une notification. Je m’exclamai :

— Maman a liké la photo !

— Attends de voir si elle met un commentaire, dit Geisha.

— Elle n’en mettra pas, supposa ma tante.

Je portai mon verre à mes lèvres en imaginant la tête de ma mère. Evidemment, elle ne sut quoi écrire. Elle devait être folle de rage, les doigts brûlants d’appeler mon oncle pour lui reprocher de me l’avoir révélé. Ma tante le supposa également et s’amusa à l’imiter. Comme elle attirait l’attention, discrètement, je me penchai vers la table basse en posant ma main sur la braguette d’Arcan. Les pans de sa veste soigneusement rabattue cachaient la déformation du jeans. Je jetai un regard amusé par-dessus mon épaule, et il me sourit simplement, patient. Je pétris la protubérance, non sans sentir mon propre désir m’échauffer. Je m’arrêtai lorsque ma tante eût fini de singer ma mère. Mon oncle posa une question à Arcan sur son parcours et il répondit naturellement comme si sa tête et son corps ne communiquaient pas.

Durant la suite de l’apéritif, Arcan et mon père dominèrent les discussions, parlant d’armée, de politique. De temps à haute je me collais amoureusement contre lui et, la main dissimulée sous sa veste, je massais son sexe pour m’assurer qu’il restât dur de manière ininterrompue. Il ne laissait transparaître aucune émotion quand il parlait ça me frustrait autant que ça me rendrait brûlante d’excitation.

— Bien ! lâcha ma tante. Je propose que nous passions à table.

Léa se leva en même temps que notre père et Arcan me retint par la hanche. Je retombai assise. Je me moquai :

— Qu’est-ce qui se passe ? L’apéro est trop dur ?

— J’aime bien ton petit jeu. Je voulais juste te montrer ce que j’ai commandé sur Internet la semaine dernière.

Il garda son bras autour de ma hanche, caressa avec légèreté ma taille tout en présentant son téléphone. Il avait affiché le profil d’une jeune fille, une boule dans la bouche, le visage emprisonné dans un maillage de cuir.

— Je pensais qu’on l’étrennerait cette semaine. Si jamais tu n’as plus envie d’être la maîtresse, t’auras juste à me le dire.

— Je n’y manquerai pas.

Il rangea son téléphone, sans me lâcher d’un regard satisfait. Je me levai, non sans noter les yeux de mes deux amants accrochés à mes jambes. Je tendis la main à Geisha qui se leva d’un bond. Elle passa son bras autour de ma taille tout en me suivant vers la table et me murmura :

— Ne te laisse pas tenter. On n’a pas encore joué avec lui.

Je m’assis, non sans penser à l’accessoire, à l’envie de me laisser guider dans un jeu innovant. Être attachée, à sa merci, était un souvenir succulent. L’idée qu’il m’imposât ce harnais de tête était comme une prophétie. Sentir ses doigts ou la bouche de Geisha entre mes cuisses sans que je ne puisse rien décider, c’était ce qui me faisait vibrer. Arcan s’assit à côté de moi, je posai ma main sur son jeans, et ses doigts remontèrent l’intérieur de ma cuisse, jusqu’à effleurer le satin de ma culotte. J’expirai profondément par le nez pour cacher mon trouble. Geisha avait raison, il était en train de gagner. Et pour enfoncer le clou, elle l’imita. Ses ongles me chatouillèrent jusqu’à rencontrer les phalanges d’Arcan. Leurs doigts chahutèrent, comme s’ils se battaient pour conquérir la fente que le coton épousait, libérant l’humidité qu’elle abritait, me rendant folle et me faisant douter de leur impartialité. Peut-être même étaient-ils complices depuis bien avant notre réconciliation. À vrai, dire, je m’en fichais. J’avais la gorge brûlante, les tétons tendus sous ma veste. La discrétion de l’interdit n’en rendait l’instant que plus troublant. Leurs mains me quittèrent uniquement pour se poser poliment sur le bord de la table, lorsque le plat de résistance s’invita, véritable répit gastronomique pour mes sens.

La soirée me parut à la fois courte et longue. J’étais certainement plus humide qu’il n’était dur. Nous retrouvâmes la fraîcheur de la nuit après avoir embrassé ma sœur, ma tante et mon père. Arcan commenta :

— Très sympathique soirée. Le reste de ta famille n’a rien à voir avec ta mère.

— Clairement pas, rit Geisha.

— Vous vous sentez prêts pour continuer ? demandai-je.

— Je n’attends que ça, sourit Arcan.

— Tu n’as pas trop bu ? demanda Geisha.

— Juste ce qu’il faut.

— Du moment que tu peux conduire, dis-je.

Je passai ma main sur sa braguette toujours tendue. Geisha demanda :

— C’est comment ?

— Constant.

— Il y a eu des moments de creux, confia Arcan, mais j’aime bien tes mains.

— Prêt à accepter mes règles ?

— Je tiens à toi, donc je relève le défi.

ll était déterminé, aucunement inquiété par l’inconnu. Mon souhait de le frustrer l’amusait simplement. Piquée au vif, je me dirigeai vers la Smart soudainement :

— À tout à l’heure.

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