Épopée : Chapitre XIV

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XIV. Des réponses :


Orm et Jambar regagnèrent le véhicule. Les autres les attendaient, ils semblaient nerveux. L'étrange chant de Pentapolis persistait, susurrant à travers les pierres antiques.

Le barbare résuma rapidement son histoire, il était agacé de n'avoir rien trouvé de valeur dans la maison.

— Une succube ? Ici ? fit Anton, soucieux. Tu saurais lui donner un âge ?

— Elle n'a pas pu se nourrir de manière régulière, les êtres vivants sont plutôt rares par ici, répondit Orm. Je dirais un peu plus d'une centaine d'années.

Sol intervint dans la conversation.

— Si jeune ? Une succube peut facilement survivre plusieurs siècles en étant prudente. Mais je ne vois pas comment elle a pu arriver jusqu'ici. Il est impossible de les "créer" comme les chimères.

— Mais on peut les invoquer maître, ajouta Emilia. Vous croyez que le Seigneur Noir aurait invoqué des succubes dans la ville pour éradiquer la population ?

Le vieux mage était pensif. Les aventuriers les écoutaient débattre.

— Cela me semble plausible, répondit l'érudit. La ville semble avoir subit assez peu de dégâts. De plus, je ne vois aucun ossement, pas même les traces d'un combat. Cet endroit a été "nettoyé" on dirait. Soit les habitants n'ont pas eu le temps de se défendre, soit ils ont eu le temps de quitter la ville avant l'attaque...

— Ça expliquerait la présence des "ombres" sur la route et non dans la ville, dit Elio. Sinon, elles nous auraient déjà attaqués. Ici, il y a quelque chose d'autre de plus... patient.

— Allons au Haut Temple, Jambar démarra le Carrosse. Je sens que nous allons y trouver des réponses.

— Ou des richesses ! Orm n'en démordait pas.

— Vous pilleriez un temple ?

Sol avait beaucoup de mal avec les méthodes du colosse.

— Pourquoi pas ? Et puis je ne pense pas que les monstres prient les Dieux oubliés de Pentapolis.

Plus ils s'approchaient de l'énorme bâtiment, plus le sentiment d'être écrasé par sa hauteur se faisait sentir. Mais ce qui inquiétait le plus les aventuriers, c'était le chant. Il était maintenant clairement audible.

— Tu y comprends quelque chose Jambar ? Demanda Anton à leur employeur.

— Non. Rien d'intelligible, répondit l'homme à la capuche.

Il est revenu.

Est-ce vraiment Lui ?

Il est différent...

Une ombre passa sur son visage de tissus. Anton mit cela sur le compte de l'atmosphère sinistre du lieu.

Ils arrivèrent devant le Haut Temple. Ou plutôt devant un escalier vertigineux y conduisant.

Orm souffla.

— Pourquoi ils mettent toujours leur temples à des hauteurs pas possibles ? On sera trempés avant d'avoir atteint le sommet.

— C'est une façon de se rapprocher des Dieux, rétorqua Elio. Pour que la communion entre l'Éther et notre monde soit complète.

— Dans ce cas, ils n'ont pas dû construire assez haut, fit le barbare en riant.

Ils commencèrent l'ascension en laissant le Carrosse en bas. Arrivés à mi-hauteur, ils s'arrêtèrent un moment pour se reposer en profitant de la brise qui soufflait au-dessus de la ville fantôme.

— Quelle vue magnifique, dit Emilia en s'asseyant sur les larges marches de marbre blanc. Pouvoir contempler plus de trois cent ans d'histoire en quelques instants...

Elio s'installa à côté de la jeune magicienne. Sol les rejoignit un peu après. Ils restèrent tous les trois là, à admirer ce paysage onirique dont ils étaient les seuls spectateurs, figé à jamais dans le temps et l'espace.

Anton et Orm eurent un regard complice.

— On fait vraiment le plus beau métier du monde, tu trouves pas ? Demanda le mercenaire.

— Ouais... pas comme si on était encore capable de faire autre chose, répondit l'autre.

Anton porta la main à son médaillon. Son esprit remonta jusqu'à une autre époque. Une époque où il avait dû faire des choix. Mais avait-il fait les bons ?

Le barbare lui asséna une grande claque sur l'épaule en affichant un visage radieux.

— Mais on est doué pour ça ! Sinon on serait pas là, à glander sur les marches d'un obscur temple païen dans une ville oubliées des Royaumes.

— On tient une belle histoire à raconter avec ça !

— Tu l'as dit !

— Messieurs dames, fit Jambar à voix haute, navré de vous interrompre, mais nous allons continuer la visite, si vous le voulez bien !

Ils grimpèrent encore un quart d'heure. Enfin arrivés au sommet, ils firent face à l'édifice colossal. Aucun doute, il s'agissait bien d'un temple. Tout dans sa structure émanait d'un caractère sacré et oppressant. Une immense porte se dressait devant eux. Faite de bronze, à en juger par sa couleur verte, un grand symbole d'or y était incrusté. Il représentait une étoile, entourée de deux cercles.

— Voilà qui est intéressant, dit Orm en lorgnant sur le métal précieux.

Les aventuriers remarquèrent que les mages n'avaient pas approché de la porte. Ils étaient comme fixés au sol.

— Maître, dit craintivement Emilia, qu'est-ce que c'est ?

Le géomancien avait le regard aussi dur que l'acier.

— Je ne sais pas mon apprentie. Une aura aussi noire... c'est impossible.

Rien n'est impossible, vieil homme.

— Parfait, grogna Orm.

Ils dégainèrent leurs armes, le barbare poussa les énormes battants de la porte et ils se précipitèrent à l'intérieur du temple.

— Sol, cria Anton, lumière !

D'innombrables braseros s'allumèrent en même temps, illuminant le sanctuaire comme en plein jour.

— Bien joué ! Elio poussa un sifflement admiratif.

— Mais... ce n'est pas moi ! le mage commençait à paniquer. Emilia, ne t'éloigne surtout pas !

— Bienvenue, humains !

— Nous vous...

— Attendions !

Trois silhouettes voilées apparurent au centre du temple, là où convergeaient les braseros. De hautes formes, apparemment féminines, se tenant droites comme des pieux au milieux de...

— Sol, je crois qu'on a retrouvé les habitants, dit calmement Anton.

Des montagnes d'ossements parcourraient l'endroit. Certains étaient noircis.

— C'est vous qui avez créé les ombres ?

Jambar s'adressa aux apparitions sur un ton haineux.

— Nous avons notre preuve, dit la première.

— Mais il Lui ressemble, répondit la deuxième.

— Pourtant ce n'est pas Lui, ajouta la troisième.

— Répondez ! Hurla Jambar.

Les silhouettes ondulèrent, comme des roseaux face au vent.

— Ce n'est pas nous.

— C'est Lui.

— Il nous a tout appris.

— Alors qui êtes vous, infâmes créatures ? le chevalier s'était avancé et pointait son épée vers les trois silhouettes.

Celles-ci s'élevèrent dans les airs avec de petits rires aigus.

— Nous allons...

— Vous le...

— Montrer !

Elles étendirent de longs bras maigres, dévoilant des visages émaciés, aux orbites vides et à la bouche déformée.

En voyant cela, tous se bouchèrent immédiatement les oreilles. Le mercenaire vociféra :

— BANSHEES !

Les monstres plongèrent, et trois cris stridents ébranlèrent le temple.

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