Jour 2
Un érable a la tête en feu dans mon jardin.
Il flamboie littéralement, torche rouge sang qui balise l'allée menant à la petite serre. Son feuillage présomptueux cherche à faire croire que ses couleurs ne s'éteindront pas avec les pluies, les vents, les frimas de l'automne. Il doit bien savoir pourtant que le moindre souffle un peu teigneux va le dépouiller de ses atours carminés, laissant sa ramure nue grelotter tout l'hiver.
Que lui importe.
Il lui suffit de regarder le sycomore et ses larges feuilles brunes toutes racornies, le bouleau et sa myriade de feuillettes jaunes quelconques, le figuier et ses vestiges pendouillant vers le sol, le pin et ses aiguilles sèches pour s'estimer fier de la beauté que la nature lui octroie.
Il est comme ça mon érable. À la fois humble et généreux.
Aujourd'hui je lui ai parlé. Je l'ai remercié pour le tableau flamboyant qu'il m'offrait.
Un léger frémissement a agité ses feuilles, certaines ont tourbillonné avec grâce autour de lui dans un ultime ballet de sang et de de légèreté.

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