Jour 3

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- Vous êtes cruelle. Vous pouviez me laisser ma chance...

La tirade de Frédéric Martel me prend de court au téléphone.

Acte II. Scène 3. La trahison

- Voyons Frédéric, ne dîtes pas cela. Vous vous méprenez. La cruauté ne fait pas partie de mes intentions, surtout envers vous. Ne vous ai-je pas témoigné à plusieurs reprises ma totale confiance en vous donnant clés et accès à la maison ? N'ai-je pas multiplié les SMS afin de vous assurer de ma satisfaction sur la qualité de nos échanges ? N'ai-je pas loué maintes fois votre ténacité et votre enthousiasme ? Vraiment, je ne comprends pas vos reproches et je dirais même qu'ils me blessent.

Je perçois dans le silence lointain de Frédéric Martel une contrariété capricieuse à la limite de la bouderie.

Je croise mon reflet dans le miroir du séjour et ce dernier ne se gêne pas pour se foutre de moi en floutant mon image.

C'est quoi ce cirque ? Je quitte la scène.


- Vous êtes cruelle. Vous pouviez me laisser ma chance...

Je viens simplement d'informer Frédéric Martel avoir accepté une offre d'achat présentée par l'un de ses deux confrères agents immobiliers pour la maison de mon père, en vente depuis trois mois. Je ne me souviens pas avoir lu une "clause suspensive de Trahison" dans les mandats signés en fin d'été. Ce cher Frédéric a failli m'avoir avec son numéro de drama-queen là.

- Mais Monsieur Martel, j'ai une offre d'achat au prix demandé...

- Ne signez rien, laissez-moi 48 heures, je peux faire mieux.

- Mieux que le prix de vente fixé ?

- Peut-être...

Je visualise Frédéric Martel tordant des trombones, griffonnant rageusement des post-its jaunes, scrollant à toute vitesse la liste de potentiels acquéreurs, passant et repassant la main dans ses cheveux, essuyant une larme ?

- Laissez-moi une chance...

- Bon, Monsieur Martel, je déplore votre déception mais nous sommes en affaires, je suis navrée de vous le rappeler ainsi, je dois vendre cette maison et j'ai une offre conforme au mandat sur lequel je me suis engagée. Le sujet est clos pour le moment, non ?

Silence, silence et silence... Dois-je appeler des secours ? Dois-je subir une grosse colère ? Dois-je craindre des représailles ?

- Je suis déçu, très déçu...

- Je comprends Monsieur Martel. Mais il n'y a rien de personnel dans ma décision.

Je ne connais pas si bien Frédéric Martel et je ne sais pas s'il est dépressif ou s'il ne supporte pas de perdre un challenge professionnel ou s'il enrage de voir s'éloigner ses honoraires. Vais-je devoir consoler un agent immobilier ?

Tout cela s'est passé il y a trois jours. Et depuis, aucune nouvelle de Frédéric Martel, pas le moindre SMS, pas le plus petit mail.

Pourvu qu'il ne lui soit rien arrivé de fâcheux...

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