L'oubli
La lumière était blanche. Trop blanche.
Pas de son. Pas de gravité. Juste une vibration… sourde, presque émotionnelle.
L’Astra-Lux était figé dans le vide. Alisra essayait de se lever, mais son corps refusait de lui obéir.
– "Kael…?"
Il était là, à côté d’elle, flottant légèrement. Il avait le bras tendu, comme s’il voulait la protéger. Elle vit sa bouche bouger. Aucun son. Puis, une lumière les enveloppa tous les deux. Un éclair.
Tout s’effondra.
Alisra se réveilla.
Le plafond au-dessus d’elle n’était pas métallique. Il pulsait. Vivait.
La cellule était ronde, translucide, bordée d’une lumière liquide qui réagissait à ses émotions. Lorsqu’elle paniqua, les murs devinrent rouges. Lorsqu’elle inspira pour se calmer, ils virèrent au bleu pâle.
– "Où suis-je…?"
Pas de réponse. Pas de bruit. Pas de Kael.
Elle tenta de se lever. Elle réussit. Son uniforme avait été remplacé par une combinaison souple, blanche et grise. Aucun objet sur elle. Aucune issue visible.
Puis une voix résonna, dans sa tête.
"Observation initiale. Sujet : Alisra. Descendante directe de l’Ancienne Connexion."
"Échantillon séparé. Élément perturbateur isolé : Kael Arvan."
Elle se jeta contre le mur, frappant de toutes ses forces.
– "Ne le touchez pas !"
Silence.
Puis un mur disparut. Lentement.
Un couloir. Fluide. Un son profond, comme un chœur ancien, s’éleva à mesure qu’elle avançait. Chaque pas changeait la texture du sol. Elle avait l’impression de marcher sur une mémoire vivante.
Dans une salle ronde, elle vit un reflet dans une surface lisse. Ce n’était pas un miroir, mais une projection. Une mémoire ? Une illusion ?
Elle vit Kael, allongé dans une cellule identique, les yeux fermés.
Un champ d’énergie flottait au-dessus de lui. Il semblait lutter intérieurement.
– "Kael !"
Mais il ne l’entendait pas.
Il était seul. Enfermé dans ses propres souvenirs.
Puis une autre voix s’imposa. Plus douce. Humaine.
Lyra.
"Tu ne dois pas avoir peur, ma fille. Ce n’est pas une prison. C’est une épreuve."
– "Où est-il ?!" cria-t-elle. "Qu’est-ce que vous lui faites ?"
"Il est en train d’être testé. Comme toi. Si vous survivez… vous comprendrez."
– "Je ne veux pas comprendre ! Je veux le retrouver !"
"Et tu le retrouveras. S’il est encore lui-même."
Puis l’image s’effaça.
Et la voix s’estompa.
Alisra tomba à genoux. Son cœur battait trop fort. Sa gorge brûlait.
Ils l’avaient séparée de la seule personne qui l’avait regardée comme une étoile, et non comme une arme.
Mais au fond d’elle, elle le sentait encore.
Comme une chaleur.
Comme un fil.
Et elle jura, entre ses dents :
– "Je viendrai te chercher, Kael. Même si je dois traverser le néant."
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