S'enfoncer un peu plus

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Lydia, qui attendait depuis des heures, vit enfin Chris quitter le bâtiment par le garage. Il ne rentra pas chez lui, mais prit la direction de son bureau, alors elle le suivit. Il était déjà 19 heures à ce moment. Elle le regarda descendre de sa voiture sans sa cravate, ce qui était impensable pour son mari, d'habitude très pointilleux sur son apparence en public. Lydia sortit de la voiture pour aller confronter son mari. Chris, qui ne l’a pas vu arriver, car il se croyait seul dans l’immeuble, a été surpris par un coup de sac à main Birkin derrière la tête.

__ Alors, j'avais raison, tu baises Marie Jo. Avoue que c’est elle sur la photo, crie Lydia en colère.

__As-tu perdu la tête, Lydia ? Cria Chris, surpris par les coups.

Lydia répondit : Tu veux voir à quoi ressemble une folle? Je te le promets, je prendrai tout ce que tu as, dit-elle en pointant son doigt vers Chris.

__ D'accord, Lydia. Prends ce que tu veux. Je t'enverrai les papiers de mon avocat pour un test de paternité pour nos deux enfants et éventuellement pour celui dans ton ventre. Qui sait, j'espère toujours qu'il est de moi malgré tout, car je ne veux pas que mon enfant grandisse sans père à cause de tes erreurs.

__Donc, tu es amoureux d'elle ? Dit Lydia, les yeux larmoyants.

__Elle qui ? Si tu parles de Marie Jo, tu te trompes.

__ Pourquoi tu as passé autant de temps chez elle aujourd'hui ? Comment se fait-il que tu saches où elle vit ?

__ C'est tout à fait normal qu'elle m'appelle pour que je constate l'étendue des dégâts, étant donné que tu as endommagé son appartement. En outre, tu as de la chance que la police ne te recherche pas en ce moment et que tu ne fasses pas la une de l'actualité.

__Comment se fait-il que vous soyez en contact ? demande Lydia méfiante.

__Est-ce que tu as oublié que c'est toi qui m'avais appelé avec son téléphone la dernière fois que tu es sorti avec elle ? Lache Chris à bout.

__Donc, depuis ce jour, tu es en contact avec elle ? Maintenant, je comprends pourquoi tu insistais pour que je reste loin de Marie Jo.

__Rendu là, Lydia, pense ce que tu veux, dit Chris en lui tournant le dos pour rejoindre sa voiture. Tu recevras les papiers du divorce, notre mariage est terminé, je te libère. Tu peux faire ta vie avec Marlon Williams, conclut Chris en s'éloignant.

Refusant d'accepter les dernières paroles de Chris, Lydia se précipite pour le rattraper et le frappe de toutes ses forces malgré sa petite taille. Chris, qui la retient par les poignets, la supplie de se calmer. Face au refus obstiné de sa femme, Chris la repousse, et elle tombe lourdement au sol, offrant suffisamment de temps à Chris pour démarrer sa voiture et partir. Lydia reste un moment au sol, complètement dévastée par les mots que venait de répéter Chris. La situation s’était retournée contre elle.

Elle prit son téléphone pour appeler Marie Jo depuis un numéro confidentiel, car elle savait que la jeune femme ne répondrait pas si elle appelait de son numéro.

__Marie Jo, c’est Lydia.

__Lydia, ne m’appelle plus et ne t’approche plus de moi. Si ce n’était pas de Chris, tu serais en garde à vue depuis ce matin. Dit la femme en colère.

__Tu sembles bien proche de mon mari. Réplique Lydia.

__De quoi tu m’accuses ? Demande Marie Jo.

__ Comment se fait-il que tu aies appelé mon mari ? Interroge la femme de Chris.

Tu viens chez moi tôt le matin sans invitation, j'accepte de te recevoir quand même. À aucun moment, tu me fais part de tes soupçons d'infidélité avec ton mari et voilà, comme une lâche, tu attends que je parte pour abuser de mon hospitalité et détruire mes biens. C'est quand même ironique que tu parles d'infidélité après ce qui s'est passée dans la voiture, devant mon garde du corps qui se masturbait à la vue de ton corps nu. Je suppose que tu ne l’as pas dit à ton mari. Finis Marie Jo.

__Désolé, je ne sais pas ce qui m'a pris. Je suis vraiment perdue en ce moment. Tout s'effondre autour de moi et j'ai peur d'avoir mis fin à mon mariage. Tu es la seule personne à qui je peux me confier actuellement. Je regrette les dommages que j'ai causés et je suis prête à te rembourser intégralement. Pouvons-nous nous rencontrer afin que je puisse t'expliquer ce qui se passe ? Demande calmement Lydia.

__La dernière chose que je veux en ce moment, c’est de te voir. Ton comportement semble imprévisible. Si tu as des chose à régler, fais-le avec ton mari et laisse-moi en dehors de ça, dit Marie Jo sur le point de raccrocher.

__ Non, attends Marie Jo, s’il te plaît. J’ai besoin de parler à quelqu'un, sinon je vais me faire du mal, dit Lydia en pleurant.

Marie Jo réfléchit un instant.

__D'accord, mais pas chez moi. Je préfère que ce soit dans un lieu public. Viens me rejoindre dans une heure au restaurant de l’hôtel Bayon Rouge dans le centre-ville, à l’angle de la rue Élisabeth II et Charles Louis, et puis elle raccrocha.

Lydia, qui était non loin de là, s’y rendit pour attendre la galeriste dans le stationnement extérieur. Elle avait une bouteille de rhum dans la BMW, qu’elle s’empressa de boire deux gorgées malgré sa grossesse.

De son côté, Marie Jo enfila une tenue simple : un t-shirt blanc trois quarts sur lequel on pouvait lire "Céline". Un jean noir étroit de taille haute ainsi que des escarpins blancs à bout ouvert, pas trop hauts, car son but n’est pas de séduire, mais simplement d'écouter une femme qu’elle appréciait en dehors des derniers événements. Elle sortit à la rencontre de Lydia au point de rendez-vous.

Son garde du corps, en congé ce jour-là, ne pouvait l'accompagner. Le temps nécessaire pour appeler une agence de sécurité afin d'envoyer un remplaçant aurait été trop long et Marie Jo souhaitait en finir rapidement avec cette rencontre. Alors que le soleil disparaissait sous l'horizon, elle monta dans sa Mercedes-Benz et se dirigea vers le Bayou Rouge. Il n'y avait pas de parking souterrain, seulement un parking payant à l'extérieur. Pendant qu'elle garait sa voiture, elle aperçut Lydia s'approcher dans le rétroviseur. En cherchant son sac sur le siège passager, une détonation soudaine retentit, faisant voler en éclats la vitre côté conducteur. Prise de panique, elle sortit de la voiture et tomba dans les bras de Lydia qui se tenait devant elle. Avant même que Marie Jo n'ait pu réaliser ce qui venait de se passer, elle perdit connaissance.

La sécurité à l'entrée du parking qui avait entendu les coups de feu, appela la police. Comme l’hôtel était proche du commissariat, la police est arrivée dans les cinq minutes. À leur arrivée, les agents ont trouvé Marie Jo dans les bras de Lydia en état de choc, qui répétait en boucle : « Je n'ai jamais voulu ça ».

Chris, qui séjournait à l’hôtel Bayou Rouge après la dispute avec sa femme, n'était pas au courant des récents événements qui se déroulaient dans le parking de l'hôtel, juste sous son nez. Il suffisait que les deux femmes entrent dans le restaurant pour se retrouver face à l'homme auquel elles sont liées. L'une par un vœu fait devant l'église et à l'autre par des relations intimes endiablées. Alors qu'il dînait au restaurant de l’hôtel, il a vu de nombreuses voitures de police rouler à grande vitesse sans chercher à savoir ce qui se passait. Tant qu'il était accablé par ses propres problèmes.

Pendant qu'il mangeait, il contemplait les photos de famille ainsi que celles de son mariage dans sa galerie de photos. Son regard se posa sur le visage de sa femme, une femme magnifique qui autrefois était si douce, si attentionnée. Il remit en question sa décision de la quitter, car malgré tout, il l'aimait toujours et avait prévu de l'aimer toute sa vie. Cependant, il savait que si ce scandale éclatait publiquement, toute sa famille en subirait les conséquences. Sa vie ainsi que celle de ses enfants risquaient de s'écrouler à cause des secrets de Lydia.

Chris se dit qu'il aurait pu pardonner la première grossesse de Lydia, car à cette époque-là, il savait qu'elle était déjà avec Williams. Au fond de lui, il avait toujours eu des doutes, mais avait choisi de les ignorer délibérément et d'accepter que cet enfant ne soit pas le sien, parce qu'il aimait profondément Lydia. Cependant, cette grossesse-ci est impardonnable à ses yeux. Il savait que si lui et Marlon n'avaient pas mis autant de pression à sa femme, il aurai probablement fini par prendre soin d'un enfant qui n'est pas le sien.

Après avoir mangé, Chris monte dans sa chambre. Il choisit une chambre ordinaire, rien de particulièrement luxueux. Il cherchait simplement un endroit où s'installer, avec le moins de distraction possible pour apaiser son esprit tourmenté. En sortant de la salle de bain, il alluma la télévision pour regarder l'actualité et suivre l'évolution des marchés boursiers. Alors qu'il écrivait un texto à Marie Jo pour la demander de lui faire parvenir le bilan des dégâts causés par Lydia, il entendit en fond :

Chef d'antenne : Aux infos de ce soir, un incident majeur s'est produit sur le parking de l'hôtel de luxe Le Bayou Rouge, au croisement de la rue Élisabeth II et Charles Louis, notre journaliste Marc est sur place. Marc, que pouvez-vous nous dire sur les événements survenus sur le parking du Bayou Rouge ?

Journaliste : Bonjour Julie, nous sommes en direct du parking de l’hôtel Bayou Rouge. Vers 20 heures, le gardien du parking a entendu des coups de feu, au moins deux. Selon son témoignage, il a immédiatement appelé la police. Lorsque les forces de l'ordre sont arrivées, il y avait au moins deux personnes sur place, deux femmes selon les informations disponibles. D'après les témoins, au moins l'une des femmes a été transportée à l'hôpital en ambulance, tandis que l'autre a été emmenée par la police.

Chef d'antenne : connaissez-vous l’identité des jeunes femmes ? Savez-vous si la femme emmenée par la police est l'auteure des tirs ?

Journaliste : D'après les informations recueillies et les documents d'identité retrouvés dans le véhicule visé, il s'agit de la célèbre galeriste Marie Jo Wesley, propriétaire de la galerie d'art MW. En ce qui concerne l'autre femme, la police refuse de divulguer son identité par mesure de sécurité. Pour l'instant, elle a été emmenée comme témoin, mais on ignore si des charges sont portées contre elle.

Chef d’antenne : Avez-vous des nouvelles de l’état de santé de la victime ? Était-elle visée ou c’est une erreur sur la personne ?

Chris laisse tomber son téléphone au sol et augmente le volume.

Journaliste : Selon les déclarations de la police, elle aurait été prise pour cible, car le coup de feu a été tiré vers le côté conducteur. Lorsque l'ambulance est arrivée, nous avons appris qu'elle avait été touchée par au moins un coup de feu. Concernant son état de santé, nous ne le savons pas. Mon collègue à l'hôpital vient de m'aviser qu'aucun journaliste n'est autorisé à entrer dans l'hôpital. Les paparazzis, ainsi que des journalistes des quatre coins du pays, commencent à affluer devant l’hôpital. Il faut dire aussi que la victime est très connue dans le monde artistique.

Chef d’antenne : restez à l'écoute, juste après la pause publicitaire, il y aura un reportage spécial sur les événements récents liés à l'attaque contre la galeriste Marie Jo Wesley.

Chris s’empresse de reprendre son portable au sol et appelle Lydia sans réponse. Au même moment, son portable sonne, c’est Timothée, le beau-frère :

__ Chris, comment vas-tu ?

__ Ça va, et toi, le beau-frère ?

__ Tu es sûr que ça va ? Insiste Tim. Nous avons entendu dire que tu avais quitté la maison.

__ Je constate que tu as parlé à Lydia ? dit Chris.

__ Non, c’est précisément pour cela que je t’appelle. J'ai comme l’impression que c’est ma faute. Je n'aurais jamais dû te dire pour les enfants. J’aurais dû demander à ma femme de gérer ça avec sa sœur, exprime Timothée, désolé.

__Tu as bien fait, Tim. Au moins maintenant, je sais à quoi m’en tenir avec elle, déclare Chris sur un ton résigné.

__C’est aussi grave que ça, Chris ? s’étonne Tim.

__Pour l’instant, je ne peux pas en parler, mais éventuellement, on va devoir en discuter avec la famille, répond Chris. Peu importe ce que tu imagines, ça ne peut être pire que notre situation actuelle, lâche Chris, découragé.

__Tu as entendu les nouvelles ? La femme que nous avions croisée au restaurant, l’amie de ta femme, Marie Jo, s’est fait agresser, souffle Tim, sous le choc.

__Je viens de voir ça aux nouvelles. Mais qui peut faire une chose pareille ? S’interroge Christopher à haute voix. Lydia est avec vous, j'essaie de la rejoindre, demande Chris à Timothé à l’autre bout de la ligne.

__Oui, on revient du poste de police, elle était avec Marie Jo quand ça s’est passé, souffle Tim.

__Quoi, est-elle blessée ? s’empresse de demander Chris, inquiet pour sa femme.

__ Elle va bien. Rassure Timothé. Elle semble sous le choc, mais ça va. Elle est montée se reposer. Tu veux lui parler? Ne t’inquiètes pas, les enfants sont chez sa mère.

__Non, non, Timothé ! Laisse-la se reposer, elle en a besoin après cette journée. Je te rappellerai demain. Prends soin d’elle, Tim, et merci pour l’appel, dit Chris, avant de raccrocher.

Après avoir raccroché, Chris s'assit sur le lit et réfléchit un moment. Il se demande ce que faisait Lydia avec Marie Jo, vu ce qui s'est passé dans la matinée. L'idée que Lydia soit peut-être responsable de l'attaque lui traverse l'esprit, car même lui ne reconnaît pas le comportement de sa femme ni l’excès de violence dont elle a fait preuve toute la journée.

« Aurait-elle perdu la tête à ce point ? » Se demanda-t-il.

L’idée d’aller voir Marie Jo à l’hôpital lui vint soudain à l’esprit lorsqu’il réalisa qu’il était minuit. Il décida alors de se reposer et de s'y rendre le lendemain avant d'aller travailler. Il tomba sur le lit, les pieds pendants sur le sol, et s'endormit, laissant derrière lui une journée éprouvante.

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