-4- L'antre des titans

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Les quatre aventuriers se dirigeaient vers la « montagne aux titans ». Ce lieu avait été déclaré « zone interdite » à l’époque ou les premiers hommes de fer en avaient chassé les tribus. Hogar marchait en tête, Kaerys et Harek « aux pieds légers » le suivaient de peu, Kodo traînait à l’arrière, les yeux rivés sur un des cadeaux du sorcier.

« Biblipe… … Biblipe … … »

— Arrête de jouer avec ce truc, Kodo ! Il nous casse les oreilles.

— On ne peut pas continuer, répliqua Kodo. Le vent de mort est droit devant.

— Encore faire le tour ? Grogna Hogar. Bon, on contourne par le nord.

— Pourquoi le nord ?

— Parce que le vent souffle du Nord-Ouest vers le sud-est, et que si on contourne vers le sud, on sera toujours dans la zone dangereuse.

— Kodo n’est pas un chasseur, intervint Harek. Il ne comprend rien à tes explications.

— N’empêche que moi, je sais me servir du criblipe.

— Plus tard les dispute, coupa Kaerys. On passe par le nord.

Ils reprirent leur route, la montagne aux titans ne se rapprochait pas pour autant, elle semblait même se déplacer à chacun de leur pas, comme si elle essayait de leur échapper.

— Harek ! Prends de l’avance et indique nous s’il y a du danger.

— Et si je croise des hommes de fer ou des frelons ? Il me faut la cervelle.

— Pas question ! beugla Hogar. Si tu te fais tuer, on n’aura plus aucune protection.

— Mais s’il part sans protection, il se fera certainement tuer, intervint Kaerys. S’il part en avant, il faut la lui donner, il en aura plus besoin que nous.

— Elle a raison, ajouta Kodo.

Hogar sortit la cervelle d’homme de fer de sa besace et la remit à son éclaireur.

— Tiens, mais prends en bien soin.

Harek partit sans dire un mot, ses compagnons le suivirent à bonne distance, sous le regard malveillant de la montagne au titan.

Cette dernière se rapprochait dangereusement du groupe d’explorateurs lorqu’un cri se fit entendre.

— Frelon !

Tous se mirent à couvert, puis Harek hêla ses compagnons.

— Vous pouvez venir, je l’ai eu !

L’éclaireur exhibait fièrement le frelon d’acier qu’il venait de neutraliser.

— Un coup de manette vers le bas, et puis il suffit de casser l’antenne, exactement comme le sorcier l’a indiqué. Et quand il n’y en a qu’un, il ne faut même pas le sélectionner sur l’écran, ça se fait tout seul…

— Rends moi ce machin, commanda Hogar. Ce sera à moi de m’occuper des autres.

— Heureusement que tu l’as vu avant qu’il ne crache le feu, s’exclama Kaerys. D’ou est-il sorti ?

— Il est sorti du sol, juste là ! Mais l’écran m’a averti de sa présence un peu avant et j’ai eu le temps de me préparer.

— Sorti du sol ? Répéta Hogar. Ça veut dire qu’il y a un nid de frelons tout près d’ici.

— Un nid de frelons ? Répéta Kodo.

Sans la cervelle d’homme de fer, un frelon solitaire était déjà une sérieuse menace. Deux ou trois frelons pouvaient mettre le groupe en déroute puisqu’ils ne pouvaient en contrôler qu’un seul à la fois. L’idée qu’il y existe assez de frelons pour remplir un nid était à peine imaginable.

— Je ne pense pas qu’il y en ait d’autres, sinon la cervelle nous préviendrait… mais il y a probablement une cachette pas loin d’ici… il est venu de par-là.

Ils n’eurent pas à chercher bien longtemps avant de découvrir une gros bouclier de fer qui semblait vissé au sol. Le soulever ne fut pas chose aisée, car aucun des gadgets du sorcier n’était en mesure de contrer le pouvoir magique qui le maintenait en place. Mais Kaerys découvrit qu’il suffisait de tourner l’énorme poignée pour dégager l’entrée, dévoilant un puits qui s’enfonçait dans les entrailles de la terre. Il y avait des barreaux métalliques vissés aux parois.

— Ce n’est pas un nid de frelons, remarqua Kaerys, c’est l’entrée du royaume des titans.

— Harek, passe le premier ! ordonna Hogar. Je serai juste derrière toi avec la cervelle d’homme de fer et je te couvrirai.

— Il faut les deux mains libres pour s’en servir, répliqua Harek. Ce sera impossible pendant la descente.

— Dans ce cas, c’est moi qui vous couvrirai, proposa Kaerys. Nous vous rejoindrons ensuite dès que la voie sera libre.

Harek s’accrocha aux barreaux et commença sa descente, il disparut bientôt dans les ténèbres.

— À moi de jouer, conclut Hogar en ajustant la position de son marteau de guerre à la ceinture.

Car si un homme de fer devait surgir, cette arme serait bien plus facile à employer que l’épée dans un espace réduit.

* * *

Ce long couloir rectiligne était éclairé par d’étranges pierres lumineuses collées aux parois. La symétrie parfaite des lieux n’était prisée que par un orifice au plafond d’o pendouillaient deux jambes humaines.

— Merde, Il faut sauter ! fit une voix.

— Et bien saute Harek, répondit une seconde voix, plus autoritaire. Tant qu’il n’y a personne, autant en profiter.

Avec l’agilité d’un chat, l’éclaireur se laissa tomber dans le couloir.

— Le dernier à descendre devra attacher une corde, sinon je ne sais pas comment nous remonterons.

— D’accord, répondit Hogar. Vous avez entendu là haut ?

Un chuchotement lui répondit.

— QUOI ? rugit Hogar en guise de réaction.

— Je dis qu’il y a trois hommes de fer qui se dirigent vers vous, répéta Kodo. Un lent et deux rapides, je vais essayer d’en contrôler un.

Un raclement métallique se fit entendre, couvrant la voix de Kodo.

Un homme de fer apparut au bout du couloir, Les deux explorateurs se plaquèrent contre le mur, dans l’embrasure d’une porte.

L’androïde leva lentement son lourd bras métallique et cracha une salve d’éclairs argentés que les fuyards n’évitèrent que par miracle.

Puis, deux frelons apparurent et dépassèrent l’homme de fer, fouillant méticuleusement les moindres recoins du corridor. Il ne leur faudrait pas longtemps pour remarquer les intrus… mais ces derniers ne pouvaient changer de cachette sans se mettre dans le viseur de l’homme de fer.

Ils étaient perdus.

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