Chapitre 7- En route

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"Seules les pensées que l'on a en marchant valent quelque chose"
Nietzsche


La route se déroule sous les roues de la voiture. Lance, au volant, commence à sentir la fatigue l'envahir, les bras s'engourdir. Ils ont maintenant quitté l'autoroute et les routes nationales, pour commencer l'ascension de la montagne. Les routes sinueuses se succèdent, les unes après les autres.

Notre conducteur observe sa passagère, qui joue la belle endormie. Elle a dû être venue à bout de sa liste de questions intimes, avoir abreuvé sa curiosité de réponses satisfaisantes. Ce qui rassure Lance, car elle commençait à atteindre les limites que Lance se fixe en termes de transparence envers les femmes. Elle a su déceler certaines sensibilités, certaines failles, certains secrets. Il faudra faire attention avec cette belle donzelle, beaucoup plus perspicace que ne laisse paraître son physique de poupée blonde.

La route de vient de plus en plus sinueuse. Rien de plus normal quand l'arrivée approche, le chalet étant situé dans une région un peu isolée, aux abords d'une belle station peu fréquentée.
Pendant ce temps, la météo se dégrade lentement, la neige commençant à tomber en flocons cotonneux, épais et bien gras.

La route verglacée s'étale sous les phares, que Lance a dû allumer pour garder un peu de visibilité. Plus le temps passe, plus le capot devient invisible, la route couverte d'une couche de plus en plus épaisse. La neige s'accumule devant les roues, provoquant de temps en temps quelques glissades que l'anti-patinage de la voiture rattrape.
Ces glissades impromptues, bien que légères, ont eu raison de la belle, qui commence à se tendre sur son siège. Pour ne pas l'inquiéter, Lance ralentit un peu le rythme, pour améliorer la maîtrise de la trajectoire. Cependant, dans quelques virages, des glissades plus importantes les ont approchés du précipice qui borde la route serpentant à flanc de montagne.

Lance a de plus en plus de mal à tenir la route, malgré les pneus neige dont la voiture est équipée. L'accumulation de fatigue continue d'accentuer les crampes dans ses bras, et la neige qui tombe de plus en plus drue n'améliore pas les conditions. Faut-il s'arrêter ? Ce serait mieux, pour faire une pause, mais où ? Il n'y a aucune zone sécurisée pour garer la voiture, et stopper en plein milieu de la route, avec cette visibilité nulle, serait bien trop dangereux en cas d'arrivée d'une autre âme perdue.

Lance essaye de ne montrer aucune fatigue et surtout aucune inquiétude, mais Valentine semble de plus en plus inquiète, au point de commencer à ronger ses doigts, dans une manoeuvre désespérée pour cacher sa peur, ses larmes commençant à couler sur ses joues, dans un effort contenu de ne pas crier de peur.

Le moment où la radio arrêta de capter fût le coup fatal pour la jeune femme, qui craqua soudainement, s'effondrant en pleurs dans son siège. Le jeune homme aurait bien voulu la consoler, lui caresser la jambe, les cheveux, la joue, pour la rassurer. Mais la conduite devait l'accaparer au maximum pour trouver les bords de la route dans le faisceau lumineux des phares qui ne montraient rien qu'un nuage blanc et impénétrable.

Soudain, Lance sentit un choc dans la direction. L'inquiétude pour sa passagère ayant pris le dessus, alors qu'il l'observait et se demandait comment la calmer, il cru être arrivé dans le fossé. Dans un geste de reflexe désespéré, il donna un grand coup de volant pour sortir de l'ornière, ce qui fit partir le véhicule en toupie, dans un rugissement de moteur, qui s'emballa, n'ayant plus de contact au sol pour absorber le couple.

La voiture tournoya pendant ce qui sembla une éternité. Les deux êtres à l'intérieur étaient plaqués dans leur siège, maintenus par leur ceinture de sécurité. Valentine hurla, Lance n'en mena pas large, ne sachant plus où était la route. Ils finirent par atterrir sur le bas-côté opposé, la voiture bloquée contre un muret de pierre caché sous la neige.

Dans le silence de la nuit, les coeurs battent la chamade. Le moteur s'est arrêté, après avoir calé. Dans le mouvement, Valentine a agrippé Lance, presque bondit dans ses bras, retenue dans cette volonté par la ceinture qui leur a probablement évité quelques belles blessures. Le jeune homme sent le corps de sa passagère se calmer dans ses bras, le parfum de son shampoing apaisant pour un instant ses propres frayeurs, le contact de sa peau apportant un peu de sérénité dans ce monde blanc et hostile. Ils sont vivants, c'est le principal. Seuls au monde, mais vivants.

Lance se met alors rapidement à réfléchir. Comment sortir de cette situation ? Point positif, le choc s'est fait à faible vitesse, les airbags ne se sont même pas déclenchés. Mais en essayant de redémarrer le moteur, chou blanc. De toute façon, la voiture est entièrement bloquée par l'épaisseur de neige qui les entoure, impossible de sortir de l'ornière.
Et hors de question de rester dans la voiture, le froid va avoir raison d'eux s'ils ne parviennent pas à trouver une source de chaleur. Et même si la chaleur humaine est capable de réchauffer bien des corps, dans cette situation extrême, elle ne suffira pas.

Comment vont-ils se sortir de cette situation, se demande à nouveau Lance, sans qu'aucune idée ne germe dans sa tête.

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