Chapitre 17 : Le nouveau venu

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Gin leur expliqua que le maitre de Kuran avait assisté à la conférence. Il lui avait aussitôt demandé l’identité de l’individu mystérieux qui avait rejoins Mikaëla sur scène. L’homme avait donc prévu un voyage dans une dizaine de jours. Quentin et Junker se regardèrent.

-Junker, quand on a su que c’était de toi que venait toutes ces infos, on a eu du mal à y croire. Et entre nous, je suis curieux de savoir comment tu les as récolté. Je brûle d’envie de te le demander mais ce n’est pas la raison de ma demande à vous voir. Et cela te concerne particulièrement, Junker.

L’intéressé le regarda, dubitatif.

-Au départ, nous n’avions pas l’attention d’en parler, ni même d’ébruiter l’affaire autour de nous. Mais pendant ton absence, ça a bougé, en ville.

- En ville ?

- Oui. Partout, des témoignages décrivent une silhouette ailée à l’aspect draconique. J’ai aussitôt pensé à toi.

- Mais…

Quentin et Junker échangèrent un regard incompréhensif. Déjà, le cerveau de l’humanoïde échafaudaient toutes les théories possibles.

-Peut-être un simple droïde ? Supposa Quentin.

- Je ne pense pas. Les témoins affirment qu’il n’était pas de conception humaine. Trop évolué.

- Trop… évolué ?

- Oui. Mais nous n’en savons pas plus. Junker, je sais que tu viens à peine de rentrer, mais pourras-tu aller jeter un œil ?

-Mon gouvernail abimé m’empêche de planer. S’il m’arrive quoi que ce soit, je ne serai pas en capacité de m’enfuir.

-Alors Quentin t’accompagnera.

- Oui !

- Bien. Reposez-vous. Quentin, je ferai le virement de votre salaire sur ton compte bancaire.

Celui-ci acquiesça et ils quittèrent la pièce pour retourne dans leur chambre. Aussitôt, le jeune homme vint se laisser tomber sur le matelas. Quant à l’humanoïde, il vint observer par la fenêtre.

-Junker ?

Celui-ci ne répondit pas. Sa queue se balançait. Quentin se leva et vint à lui, posant une main sur son épaule.

-Je repense aux paroles de monsieur Gin. Si ce qu’il dit est vrai, alors je ne suis pas seul.

- Et ? C’est une bonne nouvelle, non ?

- Certes mais… si je parvient à le rencontrer, j’aurai tant de questions à lui poser. Et si c’est un ennemi ? Et s’il voulait te tuer ? Et si…

- Eh.

Quentin lui prit le visage à deux mains. Tous deux se regardèrent longuement.

-Quoi qu’il arrive, il ne pourra rien te faire. Et il ne me fera rien. Nous sommes un duo, un…

Le jeune homme laissa sa phrase en suspens. Il se demandait s’il pouvait utiliser ce mot pour qualifier leur relation. Après tout, Junker n’était pas humain. Et leur lien était plutôt ambigu à l’heure actuelle. Finalement, il laissa tomber et alla se coucher. L’humanoïde ne fut pas long à le rejoindre, se roulant en boule à ses côtés. Quentin vint aussitôt poser sa tête contre lui et tous deux s’endormirent.

Sur un toit d’immeuble, une silhouette enfantine se dressait. Dans l’obscurité, les rainures qui parcouraient son corps brillaient d’une lueur vert émeraude, tout comme ses yeux. Elle n’avait pas de cheveux et de son dos jaillissait deux immenses ailes constituées de sortes de petites plumes pointues. Elle avisait la ville d’un air curieux.

-Je le sens. Il est ici.

Puis elle se laissa tomber dans le vide. Sa queue se dévoila et ses ailes se déplièrent. Sa tête se changea en museau et elle commença à voler, lâchant un petit rugissement.

Junker et Quentin parcouraient les rues de la ville, évitant les grandes avenues. L’odorat de l’humanoïde confirmait effectivement la présente d’un être bioméchanique.

-Il est passé ici il y a peu. Mais il a l’air loin, je ne sens pas d’odeur plus forte aux alentours.

- Ton odorat est incroyable.

L’être métalique changea de position et colla son museau au sol. Il commença à déambuler à la recherche d’autres odeurs. Quentin le suivit avec un sourire attendri. L’air sérieux de Junker était des plus adorables. Bientôt, il se redressa.

-Il est monté en haut de cet immeuble. Nous allons rentrer, je n’aime pas trainer ici.

- Comme tu veux.

Ils repartirent en direction de la périphérie. Junker observait le ciel blanc. La neige et le vent effaçaient en partie les traces olfactives.

-Junker !

Celui-ci tourna la tête. C’était une boutique. Quentin y observait les produits en vente.

-Tu as vu cette combinaison ? Elle pourrait t’aller.

-Mes ailes antérieurs ne me permettraient pas de la porter. Côté vestimentaire, je suis un peu limité.

Quentin le regarda et lui prit la main. Ils repartirent et le jeune homme posa sa tête sur son épaule. Ils marchèrent ainsi jusqu’à revenir en périphérie. Il faisait un peu trop froid à son gout.

-Junker ? Je…

Soudain, l’humanoïde le jeta au sol. Une créature volante fila dans les nuages. Le jeune métis resta sans voix. Junker, lui, plissa les yeux. Alors, la créature revint en piqué. L’être métallique cracha une sphère de glace brûlante que l’autre esquiva. Alors, l’inconnu riposta par un jet de feu qui manqua le jeune homme de peu. Celui-ci hurla lorsque la silhouette le percuta, l’envoyant au sol.

-Quentin !

Junker vint aussitôt à lui. Son ami gisait au sol, se tenant le bras. Il avait quelques plaies sur le corps Il devait sûrement avoir le membre cassé à cause de l’impact. La créature remonta dans le ciel et fit volteface, poussant un rugissement. L’humanoïde se redressa.

-Toi…

Il enleva sa cape et leva la tête et lança un regard assassin à l’assaillant.

-Tu es mort.

Alors, lui aussi changea d’apparence, prenant son aspect draconique. Aussitôt, l’autre fondit sur lui. Junker ne bougeait pas. Il cracha une série de boules de glace et de feu pour le déstabiliser. Au dernier moment, il fit volteface et le frappa d’un puissant coup de queue, l’envoyant se fracasser contre un immeuble. Sans attendre, l’être métallique bondit et l’écrasa. Il ouvrit les mâchoires et poussa un rugissement. L’autre dragon ferma les yeux. Junker le saisit par le cou et l’envoya s’étaler dans la neige. La bête orange s’avança. Aucun doute possible : il était furieux. Tel un chien, l’autre rentra quelque peu la queue sous les pattes et abaissa son avant-train. Junker rugit, faisant reculer l’autre. Finalement, le petit dragon battit en retraite en s’envolant. L’être orange n’attendit pas pour filer au chevet de Quentin, repassant en position bipède.

-Quentin !

-Eh bien… tu lui as foutu la pétoche.

- Personne ne s’en prend… à celui que j’aime.

Il l’aida à se redresser et le couvrit de sa cape. Puis ils s’élancèrent en direction du bâtiment de Goei. Junker ouvrit la porte d’un coup de pied, détruisant le verrou.

-Y a-t-il un médecin ici ?! Hurla-t-il.

Les membres de l’organisation se montrèrent.

-Junker ? S’étonna Gin en dévalant les escaliers.

-Quentin a été blessé par l’autre créature. Elle nous a attaqué pour une raison que j’ignore.

- Je vois… ne t’inquiètes pas, on va prendre soin de lui. Barry, tu peux t’en occuper ?

- Bien sûr.

Le médecin emmena le jeune homme. Junker serra les poings. Le chef de Goei posa une main sur son épaule.

-Il a de la chance de ne pas l’avoir blessé davantage. Si tu es aussi fort qu’on le dit, sa vie aurait bêtement pris fin.

- C’est ma faute. Je n’ai pas réagis à temps. Il était rapide…

- Tu n’y es pour rien.

L’humanoïde lâcha une sorte de grognement, peu convaincu. Il quitta le bâtiment. Gin soupira. Il doutait que Junker aille jusqu’à traquer son semblable, mais quand cela impliquait Quentin, tout pouvait arriver. L’homme retourna dans son bureau, où l’attendait sa femme.

-Ferme la portes, tu veux ?

Aussitôt, Gin s’exécuta. Il ne bougea pas, attendant que Marida vienne à lui. Elle s’approcha jusqu’à se coller à lui. Sa main vint se glisser sous sa chemise pour pincer le petit mamelon sur son pectoraux. L’homme esquissa une petite grimace.

-Tu aimes ?

- Ces douleurs que tu m’infligent sont le signe de notre amour.

- Alors dis-le, vint-elle lui murmurer à l’oreille. Et tu seras exaucé.

Gin tourna la tête et ils s’embrassèrent tandis qu’elle se servait à présent de ses deux mains.

-Faites-moi mal… maitresse.

Marida eut un sourire et l’entraina vers le bureau où elle eut loisir d’utiliser nombre d’objets à l’utilisation douteuse, et ce pour le plus grand plaisir de son mari.

Quant à Junker, il arpentait la ville. Il s’était laissé emporté par ses émotions. Mais cela prouvait aussi son humanité. L’humanoïde monta sur le toit où se trouvait son ancien logis et s’assit au bord du vide. La blessure de Quentin ne devait pas affecter son jugement. Il devait garder la tête froide pour ne plus commettre d’erreurs. L’être métallique se laissa tomber sur le dos.

-Je ne suis… pas seul.

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