Chapitre 20 : le voyage

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Pendant près d’une semaine, Junker et Quentin se relayèrent pour enseigner le nécessaire à Diamounder. Son congénère ne manquait d’ailleurs jamais l’occasion d’assister avec elle aux cours du jeune homme. Mais de toute évidence, les apprentissages théoriques ne l’intéressaient pas trop. Elle préférait sillonner le ghetto pour observer les humains et s’en prendre aux mauvais. Heureusement, son grand frère veillait à ce qu’elle reste dans le droit chemin.

Ce jour-là, tout Goei était en effervescence. Un grand camion attendait dehors. Junker et Quentin préparaient les rares affaires dont ils auraient besoin.

-Grand frère ? Tu vas où ?

- Nous partons tous les trois avec monsieur Gin pour rencontrer le maitre de Kuran, dit Quentin. Il tient à rencontrer Junker, et toi, par la même occasion.

- Moi ? Mais je n’ai rien fait depuis mon arrivée.

- Détrompes-toi, rétorqua Junker. Tu commence à comprendre les règles de vie humaines et tu t’intègre bien avec les autres.

-C’est vrai…

Alors, Quentin glissa une boite dans la valise.

-C’est quoi ?

- Oh euh… c’est quelque chose.

Il ferma ensuite. C’est à cet instant que Gin ouvrit la porte.

-Prêts, les gamins ?

- Notre valise est prête.

- Bien. Pouvez-vous descendre dans le hall ?

Le trio s’exécuta. Une grande partie de l’organisation était présente. Gin expliqua qu’il s’absentait quelques jours afin que le maitre de Kuran puisse rencontrer les trois nouvelles recrues. Il confiait les rênes de Goei à sa femme, secondée par Alexander. Alors, un grand homme s’avança et posa sa main sur la tête de Diamounder.

-Bonne chance ma petite.

-Merci Gabriel.

- Veillez bien sur elle, dit-il aux deux compagnons. J’y tiens à c’te p’tite.

Junker esquissa un sourire et lui promis qu’il n’arriverait rien. Un autre membre de l’organisation prit la valise du trio, annonçant que ce n’était pas bien lourd. Le groupe monta dans le camion qui ne tarda pas à partir.

-Waouh, dit Quentin. Luxueux.

- Il faut bien ça pour voyager. Nous allons rejoindre l’aéroport. De là, nous prendrons un hélicoptère qui nous mènera sur l’Hajiro.

- Bien, dit Junker.

Le voyage en camion fut plutôt long pour Diamounder qui ne cessait de bouger. Quant aux deux autres, ils prenaient du bon temps. Quentin était allongé sur les jambes de Junker.

-Tu grandi encore.

- La croissance de ton espèce doit être rapide, Junker, dit Gin. Et ça continuera jusqu’à… vingt ans, peut-être.

- Il prend un centimètre chaque semaine, dit Quentin. A ce rythme…

Junker esquissa un petit sourire. Il aperçu alors un petit bol de fruits. Il lança un regard à Gin qui acquiesça. Il attrapa donc un raisin et le positionna au-dessus du visage du jeune homme.

-Ouvre la bouche.

Quentin le regarda et s’exécuta, laissant le petit fruit rond glisser dans son gosier. Il ferma les yeux et soupira d’aise. Diamounder les regarda, semblant jalouse. Le remarquant, son congénère prit un autre fruit.

-Approche.

Diamounder vint à lui et ouvrit grand la bouche. Junker lui lança le raisin et elle l’avala.

-Grand frère, ça va où ce que je viens de manger ?

- Eh bien… j’imagine que tout est converti dans notre organisme. On n’a aucun système d’évacuation des déchets, contrairement aux humains.

Quentin hocha la tête pour approuver cette hypothèse. L’humanoïde orange avala à son tour un raisin. Gin les regarda. Que Junker soit appelé grand frère n’avait rien d’insensé, après tout. Car de toute évidence, il veillait sur ses deux compères.

-Dis-moi, Junker, d’où te vient cette bonté d’âme ?

- Eh bien… je suis ainsi. J’ai toujours eu un grand altruisme. Les autres ont toujours passés avant mes intérêts.

- Mais ta vie, ne t’est-elle pas précieuse ?

L’humanoïde eut un sourire. Quentin le regarda.

-Bien sûr que si. Mais celle des autres l’es plus encore.

- Comment-ça ? Demanda soudainement le jeune homme en se redressant.

- Je ne considère pas que ma vie ait de la valeur. J’aimerai continuer à vivre, mais je la sacrifierai si nécessaire.

- Quoi ?! Tu veux dire que tu m’abandonnerai ?!

Junker le regarda dans les yeux et lui pris la main.

-Quentin. Si ta vie est en danger, je n’hésiterai pas à donner la mienne. Car tu es ce que j’ai de plus précieux en ce monde. Je me refuse à te voir mourir.

- Mais… tu as pensé à ce que je ressentirai si tu disparaissais ? Si je me retrouvais seul ?

L’humanoïde aperçu alors les larmes à ses yeux.

-Toi aussi tu m’es précieux, et je veux qu’on vieillisse ensemble, qu’on voit nos enfants grandirent dans un monde meilleur que celui dans lequel on a vécu ! L’ignores-tu donc ?

- Non. Mais te souviens-tu de la promesse que je t’ai faite ?

- La… promesse ?

Junker esquissa un sourire.

-Quoi qu’il puisse arriver, je reviendrai toujours.

Quentin le regarda, sidéré. Il essuya ses larmes et l’être métallique le serra dans ses bras.

-Cette promesse, Quentin, je l’ai faite avec le cœur.

- Toi alors… tu sais me faire passer par toutes les émotions en quelques minutes.

Diamounder voulu se joindre à l’accolade mais Gin l’attrapa par la main. Il lui fit comprendre que c’était un moment d’intimité.

-Ils ont quoi, tous les deux ? Chuchota-t-elle.

- Ça, petite, c’est sans doute la forme de sentiments la plus pure qui puisse exister. On l’appelle amour.

Diamounder regarda les deux compagnons. Quelques heures plus tard, ils arrivèrent à l’aéroport. Le camion pénétra sur le tarmac et se dirigea vers un grand hélicoptère portant le blason de Goei.

-Un Mil-Mi26, dit Gin. Le plus grand engin à rotors qui existe.

Le véhicule s’arrêta et ils descendirent. Les trois recrues restèrent sans voix face à la taille de l’appareil. Ils montèrent à bord. Quelle surprise ! L’intérieur était plus luxueux qu’aucun autre endroit.

-Dément…

- Nous possédons un deuxième Mi26, qui lui est réservé au transport de marchandises. Celui-là sert aux groupes se rendant sur l’Hajiro. Une vingtaine d’hommes à chaque fois. Cet appareil est conçu pour accueillir quatre-vingt personnes. Tout son aménagement a un peu réduit sa capacité de transport pour que Goei puisse voyager en première classe.

-La classe !

Diamounder commença à courir de partout pour visiter l’hélicoptère qui semblait tout équipé.

-Dans le cas où les voyages sont plus longs, le nombre de personnes à bord est réduit, afin d’optimiser l’espace. Chez Goei, tout le monde peut profiter de ce confort.

Junker acquiesça.

-Mais… pourquoi un engin aussi primitif ? A l’heure actuelle, il existe des appareils bien plus grands et pratiques.

- Goei préfère rester simple. Nous avons un certain gout pour le vintage.

Une dizaine de minutes plus tard, l’hélicoptère décolla enfin. Diamounder regarda par un hublot, sidérée. Jamais ses ailes ne l’avaient portées aussi haut. Quant à Junker, il semblait toujours imperturbable. Il ne portait plus son déguisement. Quentin va s’asseoir à ses côtés.

-Je t’aurai cru plus enthousiaste !

- J’ai un minimum de retenue. Mais je n’en pense pas moins, tu le sais.

- Toi…

Junker demanda quelques informations à propos du maitre de Kuran, mais le chef de Goei fut étonnamment mystérieux. Alors, Diamounder vint s’assoir aux côtés de son congénère, occupé à corriger quelques informations dans son carnet.

-C’est quoi ?

- Oh, ce petit cahier contient toutes les informations que je détiens sur la civilisation humaine. Ce qui me fait penser que je vais bientôt devoir m’en procurer un autre.

- Et je peux le lire ?

- Récemment, j’y ai intégré des informations qui concernent les pratiques sexuelles des humains. Ce n’est donc pas de ton âge.

-Mais je m’en fou, moi ! Je veux tout savoir ! Même si je suis trop petite !

Junker soupira et lança un regard à Quentin qui haussa les épaules. Après quelques secondes d’hésitation, il donna son livret et Diamounder commença à le lire, un grand sourire au visage.

-Merci grand frère !

Le voyage dura plusieurs longues heures, durant lesquelles ils survolèrent l’océan. Jamais Junker n’avait vu d’étendue d’eau aussi grande. Quentin aussi, de toute évidence.

-Monsieur Gin ? Est-ce vrai que la mer est salée ? Demanda l’humanoïde orange depuis le hublot.

- Bien sûr. On trouve malgré ça d’innombrables créatures au fond des mers. Jusqu’à présent, nous ne connaissons que vingt pourcent de ce qui se cache dans les profondeurs.

-Waouh ! Dit Diamounder. Ça a l’air trop classe !

Le chef de Goei esquissa un sourire accompagné d’un gloussement amusé. Malgré leur maturité, Junker et Quentin avaient tout de deux enfants désireux de connaitre le monde. Il éprouvait une grande sympathie vis-à-vis d’eux et de cette nouvelle recrue.

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