Chapitre 16 : le retour

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Le groupe se préparait à repartir. La jeune femme avait été confiée à d’autres hommes, à présent que Goei avait rempli son contrat. Le soleil était en train de disparaitre, faisant refléter sa lumière orange sur les grands immeubles de verre.

-Maintenant, rentrons, dit Alexander. Robert, tu me laisses le volant ?

- Avec joie.

Le moteur démarra et le petit blindé parti. Quentin et Junker étaient épuisés. Après tout, ils avaient beaucoup œuvrés à la réussite de la mission. Il ne fallut pas longtemps pour que le jeune métis ne s’écroule sur les genoux de son compagnon robotique. Celui-ci ne tarda pas à le couvrir de sa cape.

-N’as-tu pas sommeil, Junker ?

-Contrairement à Quentin, je n’ai pas le droit de m’endormir complètement.

- Tu sais bien que c’est du passé. Maintenant que nous sommes partis, nous ne risquons plus rien.

-Mais… et si nous sommes attaqués ?

- L’équipe est certes fatiguée, mais pas encore sur les rotules, dit Alexander depuis l’avant. De nous tous, c’est toi qui t’es le plus investi, Junker. Et si le patron a suivi la conférence à la télévision, vous serez bien récompensés. Maintenant, tu devrais dormir, toi aussi. Même un extraterrestre comme toi doit pouvoir se reposer.

L’être de métal acquiesça. Il baissa la tête sur Quentin qui s’était profondément endormi. Le voir aussi paisible lui était agréable.

-Junker…, murmura-t-il. Tu ne partiras pas… promis ?

L’intéressé eut un sourire.

-Quoi qu’il arrive, jamais nous ne nous quitterons.

Quentin en fut détendu. L’humanoïde ferma les yeux à son tour. Après tout, il pouvait lui aussi se reposer un peu. Mais les habitudes étant difficiles à perdre, chaque mouvement brusque du véhicule le réveillait. Et cela semblait l’agacer.

Le camion s’arrêta sur le bas-côté pour la nuit. Dans le silence, Junker observait la lune. Cette fois, elle était pleine et plus brillante encore. Ses cornes se mirent à scintiller d’une lueur pâle. Bientôt, ses yeux devinrent aussi blancs que l’astre lunaire. Ses striures aussi changèrent de couleur. Junker se sentait attiré. Comme si une force l’appelait. Il se sentait emplie d’une énergie nouvelle. C’est alors qu’un gros nuage vint cacher la lune, lui rendant ainsi son aspect d’origine. L’être robotique émit une sorte de grondement.

Le lendemain, ils furent reparti. L’être de métal, perché sur le toit du véhicule, observait le soleil levant.

-Salut toi.

Il tourna la tête, apercevant Quentin qui lui souriait. Junker le lui rendit et lui tendit la main, le hissant à ses côtés. Le jeune homme manqua d’être emporté par le vent mais son ami le retint. Il s’installa à ses côtés.

-Quelle aventure on aura vécu, hein ?

- Ce n’était que la première, répondit Junker. J’ai hâte de découvrir les autres sociétés.

- Malgré tout le mal qui les ronge ?

- Oui. Ce monde est plein de dangers, de mystères, et c’est justement la raison qui doit nous pousser à l’explorer. Toi qui aime tant enseigner, ne souhaites-tu pas diffuser ton savoir ? Ton expérience de la vie ?

Quentin ferma les yeux, savourant le vent qui lui fouettait le visage.

-Si, tu as raison. A croire que tu lis dans mon esprit.

- Je n’en ai pas le pouvoir.

Le jeune homme laissa sa tête tomber sur l’épaule de l’humanoïde.

-Mais dis-moi, tu as grandi depuis qu’on se connait. Tu donnes l’air d’avoir quoi… dix-sept ans ?

- C’est possible. Jusqu’à mes douze ans, j’avais une croissance similaire à celle des humains. Et depuis mes treize ans, je grandis beaucoup.

-C’est l’adolescence.

Junker le regarda.

-Tu parles de cette phase où le corps change pour devenir adulte ?

- La puberté ? Oui.

L’être de métal l’observa plus en détail. Quentin n’avait pas de boutons ni même de barbe poussante. Le jeune homme lui lança un regard dubitatif.

-Tu ne ressemble pas à ce que j’ai appris.

- Comment-ça ?

L’humanoïde sorti son carnet.

-A l’école, j’ai appris que la puberté se manifestait par des boutons, une voix changeante, l’apparition de poils sur la zone intime et…

- Toi alors ! Ricana Quentin. C’est vrai que tout ça est en partie exact mais l’adolescence, c’est aussi la maturité. On apprend à devenir adulte.

- Je vois. Toi qui enseignes, que sais-tu sur les jeunes humains ? J’en ai observé et je dois avouer qu’ils sont… imprévisibles.

- C’est vrai que la plupart sont plutôt débordants d’énergies. Et puis t’en as d’autres, comme toi et moi, qui sont plus avisés. Chaque être humain est différent, et s’il suit la même évolution physique, son psychisme, lui, est unique. Tu ne trouveras jamais deux humains qui ont la même personnalité.

- Si. Toi et moi.

Quentin secoua doucement la tête.

-Non, Junker. Toi, tu es un individu calme et réfléchi. Tu es curieux et tu portes en toi une grande compassion. Moi… disons je suis un peu plus réservé et timide. Mais nous avons un point commun.

- Lequel ?

Le jeune homme eut un sourire.

-L’un comme l’autre, nous sommes prêts à soulever des montagnes pour celui qu’on aime. Mais toi… tu pourrais fendre la lune.

Junker acquiesça. Alors, Robert sorti la tête du trou.

-Dites donc, les tourtereaux, faudra penser à revenir. On va s’arrêter pour le petit déjeuner.

Le blindé approchait effectivement d’une petite ville. Les deux compagnons rentrèrent donc dans le camion qui ne tarda pas à s’arrêter près d’un café. Junker mis sa cape et ses bandes. Ils entrèrent dans le petit établissement et s’installèrent.

-Cette mission s’est plutôt bien déroulée, dit un homme.

- Grâce à Junker, l’homme de la situation ! Enfin… presque.

-Malheureusement, Goei peut effectuer plusieurs missions en même temps, ce qui veut dire que tes talents ne peuvent servir qu’un seul groupe à la fois.

- Je le sais. Mais du moment que je suis avec Quentin, ça me va.

- Vous alors, vous êtes inséparables.

Les deux intéressés échangèrent un regard.

-Junker m’a sauvé tant de fois. Il est un peu mon gardien.

Une serveuse arriva et pris les commandes. Son regard s’attarda sur l’individu capé et ses yeux scintillants puis elle repartie. L’humanoïde orange ne fit aucune remarque sur les commentaires de ses camarades concernant les formes de la femme.

-Nous seront de retour dans l’après-midi, dit Alexander.

-Merde. Et moi qui préfère les climats tempérés…

- Moi non plus je n’aime pas l’hivers, mais bon.

Ils mangèrent leur repas et se mirent en route aussitôt celui-ci terminé. La radio annonçait une forte tempête de neige et des températures négatives dans la région. Déjà, il commençait à neiger.

-Quentin, prend ma cape, dit Junker.

- Merci…

L’humanoïde avisa le ciel blanc. Bientôt, la neige et le vent redoublèrent. Afin de réchauffer ses camarades, Junker entreprit de remplir leurs gourdes de glace brûlante. La vapeur dégagée semblait avoir son petit effet.

-T’es ingénieux, dis Robert.

- Cela fait quelques années que j’apprend à maitriser mes attributs élémentaires. Avec le temps, j’ai trouvé d’innombrables moyens de m’en servir.

Bientôt, ils arrivèrent dans le ghetto qu’ils avaient quittés quelques jours auparavant. L’humanoïde regarda Quentin.

-J’ai quelque chose à faire. Je reviens.

Il quitta l’habitacle et s’élança en courant. Le jeune homme n’avait pas eu le temps de parler, ni même de lui demander ce qu’il devait faire. Mais après tout, il avait déjà sa petite idée sur le sujet. Il soupira et suivit les hommes de Goei dans l’établissement.

Junker ramassait autant de couvertures que possibles. Il entreprit ensuite de les distribuer aux sans-abris. Il se rendit dans un entrepôt, rempli une grosse hotte de nourriture et effectua la même action. Malheureusement, il ne pouvait faire guère plus pour toutes ces personnes. Il grimpa sur un immeuble. Le vent faisait voler sa chevelure et certaines bandes sur son corps se défaisaient, produisant des lambeaux qui s’agitaient en tout sens. Il abaissa son cache-cou, laissant la neige fouetter son visage. Il arborait un air grave. Alors, il se laissa tomber. Il déploya ses ailes et freina sa chute, se réceptionnant dans la poudreuse. Sa tête se changea en museau et sa queue se déploya. La bête avisa son gouvernail et évalua la force du vent. Il s’élança soudainement et tenta de prendre de l’altitude grâce à la tempête. Mais son aile de queue manquante ne lui facilita pas la tâche. Déstabilisé, Junker ne put se maintenir plus de quelques mètres avant de retomber et de rouler dans la neige. Le dragon de métal se redressa, grondant de frustration. Il monta sur un toit et refit la même action. Cette fois, le vent l’emporta plus aisément mais il chuta, incapable de s’équilibrer. Il percuta un immeuble et battit des ailes pour se soulever mais sans succès. Frustré, Junker retourna à Goei.

Le jeune être robotique entra dans l’établissement. Il secoua ses ailes pour en chasser la poudreuse et il monta les escaliers.

-Junker ? Le patron t’attends dans son bureau, il est avec Quentin, annonça Alexander.

- J’y vais.

L’humanoïde vint toquer à la porte. On lui signala d’entrer. Monsieur Gin était assis.

-Ah ! Le voilà ! La petite vedette de Goei daigne se montrer !

- Bonjour, monsieur.

Quentin sourit mais il compris rapidement que quelque chose n’allait pas chez son ami. Gin aussi parut étonné par le regard de Junker qui semblait frustré.

-Toi, il t’es arrivé un truc.

L’humanoïde se contente d’un hochement de tête.

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