Le samedi soir, Maya aurait préféré rester chez elle, un roman en main, emmitouflée dans une couverture. Mais Neyla l’avait traînée à l’anniversaire de Juliana, une camarade de classe qu’elle connaissait à peine.

« Leo va venir, » avait dit Neyla, l’air innocent. Trop innocent.

Maya avait haussé les épaules. « Et alors ? »

Mais maintenant qu’elle était là, dans ce jardin éclairé par des guirlandes lumineuses et envahi de musique pop, elle regrettait un peu.

Elle le vit presque aussitôt.

Leo était adossé au mur du fond, un gobelet de soda à la main, entouré de deux garçons de l’équipe de basket. Il riait. Mais pas comme quand il riait avec elle. Pas ce rire-là. Celui-ci était plus mécanique.

Quand leurs regards se croisèrent, il quitta son groupe immédiatement et s’approcha.

« T’es venue, » dit-il, un peu essoufflé.

« Une erreur de jugement. »

Il rit.

« Je suis content que tu sois là. »

Et il allait dire autre chose, mais une fille blonde arriva par derrière – Abby. Elle lui glissa quelque chose à l’oreille et posa une main sur son bras. C’était léger, mais Maya sentit une pointe acide au fond de la gorge.

« Tu viens pour le blind test, Leo ? » dit Abby. « Je veux gagner. »

Il hésita. Il regarda Maya.

« Je… je reviens. »

Mais Maya s’était déjà retournée.

Elle s’enferma quelques minutes dans la salle de bain, respira fort.
Il peut faire ce qu’il veut. Il n’est pas à moi. Je ne suis pas à lui. Rien n’est à personne. C’est idiot.

Mais alors, pourquoi est-ce que ça faisait si mal ?

En partant, elle entendit son prénom.

« Maya ! Attends ! »

Leo la rejoignit dehors, dans la ruelle calme derrière le jardin. Il avait couru.

« Tu t’en vas déjà ? »

Elle haussa les épaules.

« Je crois que j’ai compris ce que je devais comprendre. »

Il fronça les sourcils.

« Abby ? C’est juste une pote. Sérieusement. »

Elle secoua la tête.

« Tu sais quoi, Leo ? Tu n’as pas besoin de te justifier. Je suis pas ta copine. On fait juste un concours ensemble. Rien de plus. »

Il eut un moment de silence.

« C’est… tout ce que tu crois que c’est ? »

Elle inspira, fort.

Puis elle dit, sans le regarder :

« J’aimerais bien que ce soit plus. »

Il releva la tête d’un coup. Ses yeux brillaient.

Mais il ne dit rien.

Pas un mot.

Et Maya partit. Son cœur battait fort, mais cette fois, ce n’était pas à cause d’un livre.