Chapitre 8 : Le jour de l'épreuve
Le jour du concours arriva trop vite.
Le gymnase du lycée Lincoln avait été transformé en grande salle de spectacle. Des tables alignées, des micros, un jury sévère, et une estrade éclairée par des spots trop blancs.
Maya attendait dans les coulisses, la gorge nouée. Elle n’avait pas parlé à Leo depuis la fête. Elle l’évitait, il n’insistait pas. Peut-être que c’était mieux ainsi.
Mais quand il arriva, vêtu d’une chemise bleu foncé (probablement empruntée à un cousin plus stylé), ses yeux la cherchèrent aussitôt.
Et quand il la vit, il sourit. Pas son sourire habituel. Un sourire timide. Nerveux.
« Salut, » dit-il, doucement.
Elle répondit par un léger mouvement de tête. Il se frotta l’arrière du crâne.
« Écoute… Je sais que t’es en colère. Et t’as le droit. Mais j’ai été lâche. Et j’aimerais bien… réparer ça. »
Elle le regarda. Elle voulait lui dire que ce n’était pas si simple. Mais pas maintenant. Pas avant de monter sur scène.
Alors elle dit :
« Concentrons-nous. On parlera après. »
Il hocha la tête. Il lui tendit la main.
« On monte ensemble ? »
Elle la prit.
Leurs doigts s’entrelacèrent sans qu’ils ne se regardent. Mais le contact resta.
Sur scène, tout devint flou. Maya lut, Leo improvisa. Ils dialoguèrent sur un poème d’amour caché dans un roman de science-fiction. Ils jouèrent un extrait de L’Attrape-cœurs comme une pièce de théâtre moderne. Le public écoutait. Le jury souriait. C’était fluide, instinctif, presque parfait.
Quand ce fut fini, les applaudissements retentirent. Maya tremblait.
Leo la regarda. Il dit :
« Je suis tombé amoureux de tes mots avant même de savoir que c’étaient les tiens. »
Elle cligna des yeux.
« Quoi ? »
Il rougit. Pour la première fois.
« Je lis ton carnet. Depuis la fête. Neyla… me l’a donné. Elle voulait que je comprenne. »
Maya sentit son cœur se coincer dans sa poitrine.
« Tu… Tu as lu mes lettres ? »
Il hocha la tête.
« Et j’ai écrit les miennes aussi. Mais je suis nul avec les mots quand ils comptent. »
Un silence. Puis il souffla :
« Mais je t’aime, Maya. C’est peut-être maladroit. Mais c’est vrai. »
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