Le feu sous la mer
Maïté n’avait jamais rien décidé par elle-même et pour elle-même de toute sa vie. Dès sa naissance, les Parques, le Destin ou simplement les siens l’avaient vouée à passer sa vie au service d’Artémis.
Au pied du brasier allumé toute l’année dans le temple surplombant la mer, interdite de toute affection amoureuse, elle serait le lien entre la Déesse et l’humanité pour le restant de ses jours.
Ce que les Parques n’avaient point prévu, c’est qu’elle rencontre Âlkyon le jour de son dixième anniversaire, sur la plage de Thalasséion. Quelque chose, qu’elle n’avait alors pas encore compris, s’était allumé en elle.
C’était l’étincelle qui allait mettre feu à ses sentiments en grandissant.
Le triton et l’humaine n’étaient alors que deux enfants. Mais au cours de ses promenades journalières, Maïté empruntait un chemin escarpé qui descendait le long de la falaise, derrière le temple.
Au fil de leurs rencontres régulières, les sentiments avaient éclos, et l’incendie de la passion avait fini par s’embraser.
Aussi grande que soit la sensuelle attirance qui liait les jeunes gens, Âlkyon avait toujours respecté le choix de sa dulcinée, qui refusait de manquer à son devoir en abandonnant sa virginité.
On finit par découvrir que la jeune femme quittait le temple tous les jours pour une promenade, et on lui interdit de sortir.
Âlkyon était fou d’inquiétude, et sa princesse se languissait du grand air extérieur, enfermée entre les quatre murs du temple, contre son gré.
Quand enfin elle parvint à quitter sa prison pour une nuit, afin de rassurer son amant, elle avait décidé de lui dire adieu et de pour toujours se vouer à son devoir.
Au lever du jour, tandis qu’elle lui offrait ses lèvres pour un chaste baiser d’adieu, les enfants pêcheurs qui se levaient de bon matin les aperçurent.
Et ce fut le drame.
Annotations
Versions