Printemps 2018 – 20 ans
Je suis tombée dans une nouvelle addiction, l’alcool. Ça ne laisse aucune trace visible sur le corps, c’est donc bien plus facile à cacher. Je bois presque tous les soirs jusqu’à ne plus me souvenir de rien. J’aime l’alcool, j’aime la sensation de vide dans ma tête. Je peux enfin ne penser à rien. De toute façon je n’ai rien à penser, j’ai arrêté d’aller en cours, je passe mes journées dans ma chambre, dans mon lit, et je bois.
Malheureusement, un jour je dois reprendre le chemin de l’école. J’ai décidé d’aller à l’encontre de l’avis initial de la société et de devenir apprentie professeure des écoles. Lorsque je reçois mon affectation, je dois y aller. C’est une journée par semaine que je dois passer dans une classe à observer une enseignante.
« Malheureusement », c’est ce que j’ai cru au début. J’ai pensé que ce serait une contrainte. En réalité, ça m’a sauvée.
Peu à peu, j’ai réduit l’alcool pour pouvoir tenir debout. Puis j’ai commencé à retrouver une forme de motivation. À l’école, avec les enfants, je retrouve un sens, une joie oubliée. Travailler auprès d’eux me rend heureuse.
Alors j’ai repris le fil de ma vie. Je suis encore pleine de doutes, encore différente, mais moins malheureuse. Et pour l’instant, cela me suffit.
L’année scolaire a été chaotique, et j’ai touché le fond plus d’une fois. Pourtant, aux partiels, je ne rate pas tout. Je dois passer les rattrapages, mais au final, je valide ma licence.
Sans avoir assisté à un seul cours, sans aucune révision. Cela me révolte presque : cette réussite donne raison à ceux qui pensent que je devrais suivre une carrière "intellectuellement ambitieuse".
Mais sans ce diplôme, je n’aurais pas pu continuer mes études. Alors malgré tout, je l’accepte. Et je poursuis mon propre chemin.
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