Été 2018 – 20 ans
Aujourd’hui, c’est la finale de la Coupe du monde de football. Pendant que tout le monde se prépare à fêter l’événement, moi, je prends la route pour une colonie de vacances. J’ai accepté un poste d’animatrice bénévole pour deux semaines de camp sous tente avec une vingtaine d’ados de 11 à 14 ans.
J’aime être avec les jeunes, c’est vrai. Mais, cette fois, si je suis là, ce n’est pas vraiment pour eux. Je suis là pour lui. Ce garçon auquel je m’accroche depuis trop longtemps, celui qui m’a donné l’illusion d’être aimée. Une illusion, rien de plus. Car dans cette pseudo-relation, je n’ai jamais été qu’une étrangère.
Et pourtant, me voilà. J’ai fait 400 kilomètres pour venir jusqu’ici, pleine d’un espoir bancal que quelque chose puisse naître entre nous.
Mais très vite, la réalité me rattrape. Il est déjà en couple, et ce, depuis plusieurs mois. Il n’a jamais eu l’intention de construire quoi que ce soit avec moi. J’ai simplement été là, disponible, quand il avait besoin.
Et ce n’est pas tout. Quelques jours après le début du camp, une nouvelle animatrice arrive. Il se rapproche d’elle. Devant moi. Comme si je n’étais rien. J’ai été naïve. À ce moment précis, je me suis demandé comment j’ai pu croire, même une seconde, qu’un garçon pouvait s’intéresser à moi.
C’est justement quand j’étais prête à tout envoyer valser qu’un autre animateur s’est approché. Celui qui, depuis le début, avait été bienveillant. Je ne l’avais pas vu, trop occupée à me laisser aveugler par un autre.
Il a fait un pas. Et j’ai dit oui. Non pas par amour, mais par besoin. Besoin de ressentir enfin quelque chose qui ressemble à de l’affection. J’ai accepté de m’abandonner à lui, en espérant que ça puisse combler un vide.
Mais cette fois, j’ai décidé de me battre. De m’accrocher à ce qui, peut-être, ressemblait à de l’amour. On a continué à s’écrire, on s’est revus. Ça semblait sérieux. En tout cas, moi, j’y ai cru.
Je dis « semblait » parce qu’au fond, je ne sais pas vraiment ce que c’est, l’amour. Mais ce que je ressens, ça fait du bien. Et pour la première fois depuis longtemps, je me demande : est-ce que j’ai enfin le droit d’être heureuse ?
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