Ça a été si court. Et pourtant, j’ai vraiment cru que tout allait enfin marcher.
J’avais commencé un master pour devenir enseignante, ce que j’avais toujours voulu. J’étais avec un garçon que j’aimais, et qui m’aimait. Tout semblait enfin aligné.

Et puis, tout s’est écroulé. À cause d’un trait. Un seul. Un petit trait sur un test. Positif.

J’essaie immédiatement de rationaliser. Faire le point. D’un côté, je me sens prête. Être mère, je l’ai toujours su au fond de moi. Mais de l’autre, est-ce que ce n’est pas tout ce que je suis en train de construire qui risque de s’effondrer ?
J’ai trouvé quelqu’un qui m’accepte. J’ai enfin commencé les études qui me mèneront au métier dont je rêve. Est-ce que je suis prête à tout perdre pour un bébé ?

Si je ne devais écouter que moi, la réponse serait oui. Mais il n’y a pas que moi. Il y a la société, et elle a toujours le dernier mot.

Alors je prends mon courage à deux mains et retourne dans la chambre. Je lui annonce la nouvelle, rapidement, sans lui laisser le temps de réfléchir. Je le devance : « Ne t’inquiète pas, on ne va pas le garder. » Je vois le soulagement dans ses yeux. Et je sens, aussitôt, la culpabilité me ronger.

Mais je reste droite. C’est mieux ainsi. Pour tout le monde.

Sept jours plus tard, c’est terminé.
Je peux enfin recommencer à vivre. Ou du moins, faire semblant.