Deuxième mois

2 minutes de lecture

Je n’ai toujours pas atteint ce moment fatidique des trois mois, cette barrière symbolique qui diminue drastiquement les risques de fausse couche.
Pourtant, l’impatience commence à me ronger.
C’est dur de garder le secret. Surtout vis-à-vis de nos parents.

Alors on craque.
On décide d’annoncer la nouvelle à la famille proche.
Les réactions sont positives, chaleureuses, presque attendues.
Pour eux, c’est la suite logique de notre histoire.

Mais chaque félicitation, chaque sourire sincère, c’est aussi un poids de plus : autant de personnes qu’il faudra prévenir si la grossesse devait s’arrêter prématurément.

Je suis devant le bâtiment.

Aujourd’hui, je vais voir cet enfant pour la première fois.
Et pourtant, je suis terrorisée.

Il ne mesure pas plus qu’un pouce, un centimètre, peut-être deux.
Mais cette première échographie est cruciale : elle va dater la grossesse et la confirmer officiellement.

Je décide de couper toute émotion.
Peu importe ce que je vais voir ou entendre, je choisis de penser que rien n’est sûr. Que tout peut s’arrêter du jour au lendemain.
Sur l’écran, il ne s’agira que d’un groupe de cellules. Rien de plus.

Si je suis prête au pire, je ne serai pas déçue.

Je m’allonge sur la table.

Je le vois. On distingue une tête, un corps.
Mais pour l’instant, ça ressemble plutôt à un petit haricot.

Le moment que j’appréhendais le plus arrive : on va écouter son cœur.

Boum, boum, boum...

Je l’entends.

Une partie de moi veut fondre en larmes de joie, mais je me ressaisis.

« Il est trop tôt pour dire que cette grossesse ira jusqu’au terme. Un battement de cœur n’est pas une preuve de viabilité. »

Je pense alors aux statistiques, gravées dans mon esprit :

  • 20 % de risque de fausse couche au premier mois,
  • 15 % au deuxième,
  • 10 % quand on entend le cœur battre,
  • 5 % au troisième mois.

Je sais qu’un professionnel de santé trouverait sans doute ces chiffres erronés.
Mais ce sont ceux que j’ai choisis, les plus élevés, pour me préparer au pire.

Même si j’entends son cœur, le risque n’est pas nul.

Je m’interdis de me réjouir.

Je suis enceinte, c’est certain.
Mais que cette grossesse réussisse... ça, c’est une autre histoire.

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