C’est étrange, même après plusieurs tests et deux échographies, je ne suis toujours pas sûre que ce petit être existe vraiment.
Est-ce que ce que je ressens dans mon ventre sont vraiment ses mouvements ? Ou juste des gargouillements d’intestins ? Et si je suis vraiment enceinte, pourquoi cela ne se voit-il pas ?

Une femme enceinte, on le sait tout de suite à la taille et à la forme de son ventre.
Mais moi, rien… J’entame mon cinquième mois de grossesse et mon ventre ne montre aucun signe visible. Cette situation me fait souffrir, car pour moi, c’est un élément essentiel.

Alors, quand j’entends : « Quelle chance, tu n’as pas pris de ventre ! », je réponds en rigolant que je fais une grossesse discrète, ou que je suis contente de ne pas avoir grossi, que ça ne change rien à mon corps, que c’est une bonne chose.

Mais au fond de moi, je sais que ce sont des mensonges. Je veux que mon corps change, que mon ventre grossisse, que cette grossesse se voie. J’en ai besoin pour accepter cette réalité.

Ce mois-ci, il y a aussi la deuxième échographie, celle qui va confirmer que tout est en place et révéler si c’est un garçon ou une fille. Je ne veux pas savoir tout de suite. Une fête est prévue plus tard, mais mon conjoint sera informé.

L’échographie se passe plutôt bien : deux bras, deux jambes, une circulation normale, une tête, une taille et un poids conformes aux attentes. Puis vient le fameux « mais ».

De toute façon, ça finit toujours par un « mais ». En une seconde, je me prépare à entendre tous les pires scénarios possibles.
Si la gynécologue dit « mais », c’est que le fœtus n’est pas viable, que le cerveau est mal formé, qu’elle a vu une masse, qu’il ne bouge pas correctement…

Toutes ces hypothèses se bousculent dans ma tête. Mon cœur s’accélère, mon souffle se coupe. Je suis persuadée au fond de moi que j’ai échoué et que cet enfant va mourir à cause de moi.

Heureusement, la suite est bien moins pessimiste que ce que j’imaginais. Il faut simplement vérifier le cœur le mois prochain.
Tout semble normal, mais la gynécologue préfère une vérification supplémentaire.

Pendant le trajet en voiture, les questions continuent de tourbillonner. Et si c’était pire ? Et si elle voulait juste me préserver ? Et si c’était une façon de me faire passer une échographie de plus ? Et si… et si…

Je réfléchis si vite que toutes les théories se mélangent. Il faut attendre encore, espérer encore. Il reste quatre mois de doute. Je me suis promis que tant qu’il ne serait pas dans mes bras, je ne pourrais pas m’autoriser à y croire.