Le terme
C’est enfin le jour du terme, et toujours aucun signe de l’arrivée de bébé.
Nous avons rendez-vous à l’hôpital pour les vérifications d’usage.
Ça commence mal. Selon la sage-femme qui nous accueille, j’aurais déjà dû être déclenchée à cause de mon diabète.
Je savais bien qu’il y avait un problème.
Je me retrouve donc dans une autre salle. On me prévient que le déclenchement va être douloureux, mais que c’est nécessaire.
Effectivement, la douleur est atroce. Je n’étais pas prête à vivre ça. Arrivée dans la chambre, les contractions commencent. Elles sont rapprochées, longues, douloureuses.
Mais ça ne se passe pas comme ça aurait dû.
J’étais prête, je savais ce que je devais faire, et me voici complètement perdue.
J’ai un corps étranger dans l’utérus qui crée des contractions. J’ai l’impression que ce n’est pas naturel, que j’ai oublié ce que je devais faire.
Tout se mélange dans ma tête. Mon esprit se fixe sur une seule chose : ce n’est pas normal. Ce n’est pas normal. Ça ne devait pas se passer comme ça.
Je passe plusieurs heures dans ce brouillard, incapable de m’en sortir.
Chaque contraction me donne envie de hurler.
Je suis tellement tendue que rien n’y fait.
Vers minuit enfin, le ballonnet tombe.
Cette chose qui était en moi, qui m’a fait perdre tous mes moyens, est enfin sortie.
À partir de là, je réussis à me détendre. Je me souviens des positions, des techniques de respiration. Les contractions restent douloureuses, mais j’arrive enfin à les maîtriser, à les accepter. Je réussis même à dormir entre chacune d’elles.
Le lendemain matin arrive le moment de la péridurale. J’aurais certainement pu attendre davantage, mais la douleur m’empêche de réfléchir clairement. Je souhaite être en pleine possession de mon esprit pour la suite.
La journée passe assez rapidement.
Je suis concentrée sur les machines autour de moi, j’écoute les battements de son cœur qui résonnent.
Ça y est, c’est l’heure. Il arrive.
Toute la journée, et même depuis plusieurs mois, je me suis préparée à cet instant.
Je sais ce que j’ai à faire, je maîtrise complètement la théorie.
Cela se ressent aussitôt dans la pratique.
J’ai l’impression que mon corps connaît chaque mouvement. C’est enfin le moment qui me semble le plus naturel depuis ces neuf derniers mois.
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