La salle d'accouchement

Une minute de lecture

Je le tiens, posé sur moi.
Ses cris résonnent dans mes oreilles.
Je le serre dans mes bras, et pourtant… je n’y crois toujours pas.

J’entends qu’on me parle :

— « C’est un très beau bébé. »

— « Il est bien tonique. »

— « Bravo, vous avez bien travaillé. »

Je réponds mécaniquement. Je tremble. Je le regarde, je regarde le papa.
Ses yeux sont embués. Moi, j’attends encore de ressentir quelque chose. Mais rien ne vient.

Il est là, contre moi, vivant, chaud, vibrant…
Et pourtant, cette barrière que j’ai construite dans ma tête ne tombe pas.

Puis tout le monde sort.
Nous ne sommes plus que tous les trois.
Alors il me regarde et dit doucement :
— « Ça y est, tu es maman. »

Ces mots me traversent. Je regarde de nouveau cet enfant dans mes bras. Il respire. Son cœur bat. Il est là, vraiment là. Je suis maman.

Une larme coule le long de ma joue.
Lorsque la sage-femme et l’infirmière reviennent, je l’essuie vite. Hors de question de craquer maintenant.

Le chemin ne fait que commencer. Il faut encore passer les étapes : poids, taille, pouls, respiration, dépistages, entendre, voir, téter, digérer, grossir…

L’accouchement n’était qu’un point de départ.

L’infirmière s’approche, me propose d’essayer la première tétée. Elle nous installe, tente de nous guider. Je le vois se tortiller, chercher, mais il n’y arrive pas.

Je ne dois pas être bien positionnée. Je fais sûrement mal quelque chose. Je cherche son regard, un indice, une confirmation, un geste.
Mais rien ne transparaît.

Elle me dit simplement : « C’est normal. On réessaiera plus tard. »

Est-ce qu’elle pense que j’ai échoué ? Que je m’y prends mal ? Que, par ma faute, il ne pourra pas manger ? Qu’il va souffrir ?

Je tente de me calmer. Je m’accroche à ce que je sais : La tétée de bienvenue ne fonctionne pas toujours. Il pleure beaucoup, c’est normal.

J’ai une grosse poitrine, la position sur le dos n’est pas idéale.

Je relativise. Du mieux que je peux.

Vient le moment de l’habiller. Et enfin, nous retournons dans la chambre. Tous les trois. Comme une famille.

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