Elle aime la gaze de coton, les oreillers en plumes d’oie bien rembourrés. Les écrus, les ocres, les bruns, les kakis légers. Au printemps ou en été, parfois elle sort une parure de lit qu’elle tient de sa mère qui elle-même la tenait de sa tante qui la tenait de, et l’on remonte ainsi tout un pan d’arbre. Des petits carreaux vichy vert tendre. Une autre de sa grand-mère, blanc ouaté au toucher, et de tous petits bouquets de coquelicots parsemés. Parfois elle réchauffe le tout d’un plaid ou d’un jeté, tente un bleu, une touche d’orange.

Elle aime, le matin, ouvrir grand le lit et la fenêtre, le dimanche y taper les couettes, les oreillers, y laisser tout respirer, puis le linge lavé faire sécher au grand air. La meilleure odeur au monde, dit-elle même si elle aime aussi beaucoup celle de la Soupline ou encore celle de la cire d’abeille. Cette odeur qu’a l’armoire où elle enferme tous les linges de la maison.

Le dimanche encore, partir un livre à la main, s’allonger sur le lit fait de propre, lire trois pages et sombrer avec le soleil qui caresse ses cheveux.

Elle aime, le soir, vaporiser de la brume  d’oreiller fleur de coton, pour accueillir nos couchers.

Et peu de choses sinon, des rideaux perchés hauts, voiles blanches, des tapis tressés, chacun notre côté, une lampe à sel, un brumisateur d’huiles essentielles lavande, orange sanguine, citrus, mais lavande principalement, deux tables de nuits en bois sombre, brutes, massives, sans moulures  gravures ni aucune autre distraction.

Elle a placé la tête du lit au nord, et au bout du lit à gauche, la porte, et au milieu à droite, juste assez pour observer les oiseaux, les fenêtres hautes. Le lit est aussi long que large, le matelas ferme, et l’on s’y sent bienheureux.

Et toujours dans la nuit, elle continue de s’échapper.