Prologue
Le soleil d’avril baignait la maison d’Éléa d’une lumière chaude et rassurante. Treize ans aujourd’hui. Un âge où tout semble possible, où l’avenir paraît plein de promesses. Elle célébrait son anniversaire entourée de ses deux meilleures amies, Camille et Maëlys.
La pièce résonnait des rires joyeux et des éclats de voix. Des guirlandes colorées pendaient au plafond, des ballons flottaient doucement au-dessus de la table où trônait un gâteau au chocolat, décoré de crème et de petites fleurs en sucre. Les bougies attendaient d’être soufflées.
« Tu es sûre de ne pas vouloir souffler les bougies en premier, Camille ? » plaisanta Éléa, ses yeux pétillants d’excitation.
Camille secoua la tête avec un sourire moqueur. « Non, c’est ta fête, après tout ! »
Maëlys, assise à côté, ajouta : « On a préparé plein de surprises, tu vas voir. »
Éléa sourit, heureuse de ces instants simples et précieux. Les filles discutèrent, se racontèrent des histoires, échangèrent des secrets, partageant leurs rêves et leurs petits tracas d’adolescente naissante.
Plus tard, elles s’installèrent confortablement sur le canapé, sous un plaid moelleux, prêtes à regarder un film choisi par Camille.
« Ça va être drôle, je vous préviens ! » lança Camille en lançant le DVD.
Le salon s’assombrit doucement, seul l’éclat de l’écran éclairait leurs visages. Elles se laissèrent emporter par l’histoire, riant aux moments légers, se penchant en avant dans les scènes plus intenses.
Mais lorsque la nuit tomba, enveloppant la maison dans un silence presque sacré, Éléa s’endormit en proie à une sensation étrange.
Dans son rêve, la route était déserte, sous un ciel lourd de nuages gris. Une moto filait à toute vitesse, son moteur rugissant comme une bête sauvage. Soudain, un cri déchirant, un bruit sourd. Une chute violente.
Éléa vit un garçon, allongé sans bouger sur le bitume. C’était le frère de Léa, l’une des filles qui plus tard, la harcèlerait à l’école. Les sirènes des secours résonnaient au loin, menaçantes.
Puis le noir.
Éléa se réveilla en sursaut, le cœur battant à tout rompre. Elle se força à se calmer.
« Ce n’est qu’un rêve, » murmura-t-elle. « Rien d’autre. »
Mais l’image restait gravée dans son esprit. Elle sortit son téléphone et écrivit rapidement à Camille.
Éléa :
« J’ai fait un rêve bizarre… Le frère de Léa a eu un accident de moto ou un truc comme ça. Tu sais quelque chose ? »
La réponse ne tarda pas.
Camille :
« Non, rien du tout. Tu dois stresser, c’est sûrement un mauvais rêve. Essaie de dormir un peu. »
Éléa posa le téléphone et se laissa tomber sur son oreiller. Elle voulait croire Camille. Vraiment. Mais une inquiétude sourde ne la quittait pas.
Le lendemain, lors du petit-déjeuner, Camille et Maëlys étaient là, souriantes, comme si tout allait bien.
« Alors, tu as bien dormi ? » demanda Maëlys, en tartinant son pain.
Éléa hocha la tête, mais resta silencieuse. Elle n’avait pas envie de parler de son rêve.
Camille posa une main réconfortante sur son épaule. « Tu sais, on est là pour toi. Toujours. »
Éléa esquissa un faible sourire. « Merci. »
Pourtant, au fond d’elle, une peur grandissait. Cette vision n’était pas anodine. C’était le début d’une série d’événements qu’elle ne pouvait encore comprendre.
Cette nuit-là, Éléa s’endormit en sachant que sa vie venait de basculer, sans qu’elle puisse rien y changer.
V
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