SURPRISE

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Robe longue rouge, talons aiguisés, ongles parfaits, cadeau en main.
Il sonne encore à la porte. La bonne se presse d’ouvrir et tombe sur quelque chose qu’elle n’avait jamais vu de si près : une drag queen.

— Bonjour, dit Jayce avec un sarcasme fou.

— Par ici, répondit la bonne d’un ton paniqué.

— Ah non, j’attends ma colombe. J’entre pas sans elle.

— Eh, la voilà, elle arrive, souffla Jayce

— Pourquoi tout ce temps, Luz ? lança Jayce.

Laissant leurs disputes de côté, la bonne partit prévenir les Vernat que les invités étaient arrivés. Paul, quant à lui, ne se pressa pas : il savait que Luz était imprévisible. Il était sûr que c’était elle. Il voulut continuer à parler, mais fut interrompu par la bonne.

— Les invités sont là, madame.

— À table, alors, répondit Madame Vernat.

À peine entré dans la grande salle, Paul tombe sur ses deux fiancés : Jayce, son fiancé officiel, et Luz, sa soi-disant fausse fiancée. Il hésita plusieurs fois, n’en croyant pas ses yeux. Madame et Monsieur Vernat, crispés, ne comprenaient pas grand-chose.

— Qu’est-ce que tu fais ici, Jayce ? demanda Paul, blême.

— Bonsoir monsieur, bonsoir madame. C’est un immense plaisir de rencontrer ma belle-famille, répondit Luz avec ironie. Je me présente : Luz, de la famille Gervet. Paul a beaucoup mentionné vos noms, partout, même en mentant. Mon sens de l’humour n’est pas très correct. Ah, lui, c’est mon ami… enfin, plus qu’un ami. Un ami à moi et à Paul. On peut dire… bien plus.

— Enchantée, Luz. Nous ferons ample connaissance à table, alors, répondit Madame Vernat.

À table, Paul ne s’était toujours pas remis. Il transpirait, ses mots manquaient de fluidité. La rage en lui était impossible à dissimuler. Pour lui, Luz méritait d’être enfermée dans un asile de fous. Mais il n’arrivait pas à la condamner totalement, car il lui avait menti depuis le début. Pas une raison pourtant de mettre en danger la vie de son père et de pénétrer dans ses sombres secrets.

Et puis il pensa à Jayce. L’homme qu’il aimait plus que tout. Celui qu’il ne voulait pas perdre. Il était furieux contre lui.Il avait promis qu’il n’était pas bisexuel.

Son père, lui, ne disait pas un mot. Il observait, l’air étrange. Situation après situation, tout tournait en boucle dans la tête de Paul. Il s’évanouit.

Jayce, paniqué, courut vers lui en criant :

— Mon cœur ! Ça va mon amour ? Réveille-toi ! De l’eau !

Tout le monde resta figé.

— Qu’est-ce qui se passe ici ? J’exige une explication ! T’es qui, toi ? C’est quoi cette mascarade au milieu de ma maison ? cria Monsieur Vernat.

— Lâche-le, bordel ! hurla Luz.

Elle gifla Paul, le secoua.

— Réveille-toi, abruti !

Paul ouvrit enfin les yeux.

— Lève-toi, viens t’expliquer. C’est qui cette vagabonde ? Et cet… individu ? demanda son père.

— Mon fiancé, père, répondit Paul dans un souffle.

— Quoi ? J’ai bien entendu ? « Mon » ? Répète un peu pour voir.

Monsieur Vernat se sentit très mal. Ses jambes le lâchèrent, il chercha un appui et tomba, victime d’une crise cardiaque.

Les larmes de la mère, les cris de Paul… et Luz, sans émotion, fumant sa clope.

Le dîner se transforma en chaos : cris, bruits, ambulance.
Le soleil se coucha. Monsieur Vernat, plongé dans le coma.

Madame Vernat, bouleversée, se demandait si elle allait devenir veuve à cause de l’« abruti » de fils bisexuel.
Jayce, le cœur brisé, essayait d’accepter qu’il ne ferait jamais partie de cette famille.
Et Luz, dans sa chambre bordélique, continuait la soirée comme si de rien n’était, cigarette à la main, visage fermé.

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