ET MERDE!
Le lendemain matin, Narky se réveilla le visage collé au canapé. La télé était encore allumée sur une vieille émission. Il se redressa avec un grognement, attrapa une bouteille d’eau, et c’est là qu’il la vit :
L’enveloppe blanche. Toujours là.
Il la prit, la retourna, lut son nom dessus.
— “Monsieur Narky Lamar”... wow, même mort, papa me fait encore livrer du courrier officiel.
Il haussa les épaules et la posa sur le frigo.
— Pas aujourd’hui. Aujourd’hui, j’ai besoin de soleil.
Il enfila un short, ses lunettes de soleil, et retourna à la plage.
La journée ressemblait à un remake de la veille : musique, filles, bouteilles. Mais Narky riait un peu trop fort, dansait un peu trop longtemps. Même Momo, qui d’habitude le suivait dans toutes ses folies, fronça les sourcils.
— Frè m’, ou byen ? T’es survolté depuis hier.
— Mais oui, man. La vie est courte, non ? Il faut tout bouffer avant qu’elle nous bouffe.
Le soir, ils allèrent en boîte. Narky paya l’entrée pour tout le monde, commanda la table la plus chère.
À trois heures du matin, il cria sur la piste de danse :
— CE SOIR, JE SUIS RICHE !
Tout le monde éclata de rire
De retour chez lui, il vit l’enveloppe sur le frigo
— Bon… demain.
Il la posa sur la table du salon et alla se coucher
Les jours passèrent. Chaque matin, Narky voyait l’enveloppe
Chaque matin, il trouvait une excuse :
- Demain, j’ai la tête plus fraîche.
- Aujourd’hui c’est vendredi, j’ai pas envie de me casser le moral.
- C’est dimanche, on ouvre pas les mauvaises nouvelles un dimanche.
Au bout d’une semaine, il en riait tout seul.
— Je crois que cette enveloppe m’espionne.
Un matin, il la prit dans sa main, la déchira presque… puis son téléphone sonna.
— Momo : “Narky, plage à midi ? Les filles demandent si le roi sera là.”
— J’arrive.
Il la reposa.
La nuit suivante, alors qu’il rentrait ivre, il trébucha sur la table et renversa l’enveloppe au sol.
— Ok, c’est un signe.
Il s’assit, l’ouvrit enfin.
Au fur et à mesure qu’il lisait, son sourire se figea.
“Monsieur Narky Lamar, suite au décès de votre père, l’ensemble de ses dettes, y compris les crédits en cours…”
Il lut, relut.
— Et merde !Dettes ? Crédits ? Papa ?!
Son cœur battait plus fort. Il se leva, se rassit, relut encore.
— Non… impossible. Papa avait toujours tout payé cash.
Son téléphone vibra. Numéro inconnu.
— Oui ?
— Maître Durand, cabinet d’avocats. Monsieur Lamar, nous devons discuter…
Narky raccrocha avant qu’il ne finisse.
Il éclata de rire, mais ses yeux étaient rouges.
— Et merde bravo papa. Même mort, t’arrives à me surprendre.
Il alla sur le balcon, roula un joint. La fumée montait dans la nuit.
— Ok… demain, j’appelle ces types. Demain…
Il resta assis longtemps, fixant le ciel noir, avec pour seule compagnie le bruit des voitures au loin.

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