L’homme qui rit

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Bertrand avait ce rire qui venait avant tout le reste.
Pas un petit rire poli, non, un rire qui prenait toute la pièce, qui enflammait l’air autour de lui et faisait tourner les têtes.
Il riait pour tout : pour un mot, une pensée, un client ridicule, un voisin maladroit… même pour rien parfois.

Ce matin-là, il se leva comme tous les jours, coiffé à la va-vite, chemise ouverte sur un T-shirt blanc, jean noir.
Le café coulait dans sa tasse, mais il renversa un peu. Il ne s’en offusqua pas.
— « C’est la vie, » dit-il en riant tout seul.

Son téléphone vibra.
Un nouvel email.
Objet : « URGENT – À lire ».
Bertrand cligna des yeux, haussa les épaules.
— « Encore un de ces emails chiants… »
Il le laissa là, ouvert sur l’écran, et passa à autre chose. Après tout, aujourd’hui, il riait.

Au téléphone, Adrien et Kael l’attendaient.
— « Bertrand, t’as vu le message ? » demanda Kael.
— « Le message ? Non. Pourquoi ? »
— « Il paraît que c’est important. »
— « Important ? Bah… je verrai demain. Aujourd’hui je ris. »

Au bar du coin, Bertrand racontait une histoire ridicule sur un client qui avait confondu son café avec un pot de fleurs :
— « Et là, le type, il regarde la plante, puis mon café, et il dit : ‘Vous pouvez me servir ça pour le dessert aussi ?’ »
Il éclata de rire. Adrien et Kael rirent aussi, mais Kael fronçait les sourcils. Il sentait que Bertrand cachait quelque chose.

— « Mais Bertrand… tu es sûr que ce n’est rien ? »
— « Rien du tout, mon vieux ! » répondit Bertrand, en tapotant l’épaule de Kael.
— « Tu rigoles trop… » murmura Adrien.
— « Et si je rigolais pas ? » répliqua Bertrand, un sourire moqueur sur les lèvres.

Dans l’après-midi, Bertrand croisa une voisine avec un chien.
— « Votre chien… je parie qu’il est meilleur danseur que moi ! »
Elle éclata de rire. Bertrand rit encore plus fort. Les enfants qui jouaient autour se mirent à rire eux aussi.
Il riait de tout, et personne ne pouvait imaginer qu’un petit malentendu venait de naître.

Un email, tout simple, envoyé par erreur à son adresse.
— « On t’attend pour le deal… »
Bertrand haussa les épaules.
— « Deal ? Quel deal ? Ah, ils doivent me confondre avec quelqu’un d’autre… »
Il rit, posa son téléphone, et sortit prendre l’air.

Mais les choses avaient commencé à bouger.
Ses amis, qui avaient vu l’email sur son téléphone, commencèrent à tirer des conclusions absurdes.
— « Bertrand… c’est quoi ce deal ? » demanda Kael, sérieux.
— « Deal ? Mais je ne sais pas de quoi vous parlez ! » Bertrand rit.
— « On dirait que tu es dans un gros problème… »
— « Haha ! Gros problème… moi ? Jamais ! »

Le soir venu, Bertrand retrouva Adrien et Kael au bar habituel.
Il racontait ses histoires absurdes, faisait des grimaces, riait à gorge déployée.
— « Les gars, sérieusement… un email et vous croyez que je suis un gangster ou quoi ? »
— « On sait jamais avec toi… » répondit Adrien, un sourire nerveux.
— « Allez, je vous paye une tournée pour ce malentendu ! »
Et il éclata de rire. Encore. Toujours.

Même quand il rentra chez lui, seul sur son balcon, les lumières de la ville dansaient devant lui, il riait.
Riait pour ne pas penser, pour ne pas se prendre au sérieux, pour montrer que tout allait bien.
L’email restait là, sur son écran.
Ridicule. Insignifiant. Mais pour ses amis, ce malentendu allait déclencher la vraie farce, celle qui ferait toute l’histoire des prochains chapitres.

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