On verra bien
Bertrand était affalé dans son fauteuil, un café encore chaud entre les mains.
Son téléphone vibra pour la cinquième fois depuis le matin. Il regarda l’écran, haussa les épaules, puis éclata de rire.
— « Oh là là… on verra bien ! » dit-il à voix haute.
Sur l’écran, un nouveau message :
« Bertrand, on sait ce que tu as fait. Prépare-toi… »
« Tu ne peux pas te cacher éternellement. »
« Rencontre-nous ou les conséquences seront… »
Bertrand rit si fort que le chat de Kael qui passait par la fenêtre sursauta.
— « On verra bien ? Haha ! Mais quel sérieux ! » dit-il, amusé.
Il tapa rapidement un message de réponse, sourire aux lèvres :
— « Chers amis mystérieux, j’adore votre imagination ! J’apporte le café, vous apportez… quoi déjà ? »
Quelques minutes plus tard, il appela Adrien et Kael pour partager la nouvelle.
— « Les gars… vous n’allez pas le croire. On me menace… et je ne sais même pas pour quoi ! »
— « Bertrand… attends… c’est sérieux ? » Kael fronça les sourcils.
— « Sérieux ? Haha ! Sérieux ? Non ! » Bertrand éclata de rire.
— « Bertrand… tu comprends pas que… » Adrien commença.
— « Que quoi ? Que je devrais stresser ? Haha ! Non, mes amis, on verra bien ! »
Pendant toute la matinée, le téléphone vibrait encore et encore. Bertrand répondait à chaque message avec une plaisanterie :
— « Bonjour, chers agents secrets ! Votre plan est hilarant. Dois-je venir déguisé en clown pour plus d’effet ? »
Aucun retour. Mais Bertrand continuait de rire, transformant l’angoisse supposée en une comédie totale.
Chaque sonnerie était pour lui une scène, chaque message une nouvelle réplique dans sa pièce invisible.
Quand Adrien et Kael le rejoignirent pour déjeuner, ils étaient à moitié paniqués.
— « Bertrand… tu peux pas continuer comme ça… »
— « Pourquoi ? » dit Bertrand, levant les mains en l’air, sourire jusqu’aux oreilles.
— « Ces gens… ils vont croire que tu es mêlé à quelque chose de grave… »
— « Haha ! Grave ? Moi ? » Bertrand rit, frappant la table.
— « Mais regarde… ils m’ont même envoyé des instructions ridicules ! » Bertrand montra les messages.
— « Tu rigoles ? Ils menacent ton café et tes croissants ? » Kael soupira.
Bertrand se leva, fit le tour de la table, imitant des gangsters imaginaires :
— « Imaginez-moi… un mafieux haïtien, cigare au bec, qui trébuche sur chaque meuble… Haha ! »
Adrien ne savait plus s’il devait être en colère ou éclater de rire. Kael, lui, regardait Bertrand avec une expression de désespoir comique.
Trois jours passèrent dans cette folie douce. Bertrand riait toujours, ignorait complètement la panique de ses amis. Chaque nouvel appel, chaque nouveau message était une scène pour lui, une farce qu’il savourait.
Mais derrière tout ce rire, une chose était sûre : la farce n’en était qu’à ses débuts. Et Bertrand, l’homme qui riait de tout, ne savait pas encore que le malentendu allait bientôt se retourner contre lui.

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