Qui rira le dernier?

4 minutes de lecture

Le soleil brillait à peine quand Bertrand entra dans son appartement, toujours sourire aux lèvres, un café encore fumant à la main. Les trois derniers jours avaient été… étranges. Des messages, des appels, des menaces qui n’avaient aucun sens, et pourtant… il riait toujours. Parce que, pour Bertrand, rien n’était sérieux tant qu’on pouvait en rire.

— « Mes chers ennemis invisibles… » murmura-t-il en ouvrant sa boîte mail. « Aujourd’hui, on va rigoler encore un peu. »

Le mail du matin était encore plus étrange que les autres :

« Bertrand, il est temps de payer pour tes actions. »
« On te surveille. »
« Tu ne riras plus longtemps… »

Bertrand éclata de rire. Il se pencha sur la table, renversa presque son café en imitant une voix grave et menaçante :

— « Oh non ! Pas moi… je tremble… »

Puis il tapa sa réponse avec un sourire malin :

— « Chers amis mystérieux, j’accepte votre duel comique. Rendez-vous à 17h. Apportez vos masques et vos costumes, je vous attendrai avec du café et des croissants. »

Adrien et Kael, qui étaient là pour le petit-déjeuner, le regardaient comme s’il avait perdu la tête.

— « Bertrand… tu peux pas faire semblant d’être sérieux, au moins une fois ? » demanda Kael, incrédule.
— « Sérieux ? Haha ! » Bertrand leva les yeux au ciel. « Pourquoi ? Ça n’a aucun intérêt ! Le sérieux, ça tue l’humour, mes amis ! »

Pendant ce temps, les menaces continuaient : appels, messages, mails, tous plus absurdes les uns que les autres. Et à chaque notification, Bertrand inventait un nouveau scénario ridicule :

  • Des mafieux haïtiens qui dansaient le kompa avant de le menacer.
  • Des assassins professionnels qui s’endormaient à chaque coin de rue.
  • Un hacker mystérieux qui écrivait ses menaces avec des emojis de licorne.

Adrien éclata de rire, malgré lui. Kael soupira, résigné :

— « Bertrand, un jour, tu vas tomber sur quelqu’un qui ne rira pas… »
— « Haha ! Eh bien, qu’il arrive ! » Bertrand fit un clin d’œil.

À 17h, Bertrand sortit pour le fameux rendez-vous. Il avait décidé de transformer la menace en spectacle comique. Dans son sac : café, croissants, et même un ballon en forme de singe pour l’effet dramatique.

Il arriva sur le lieu supposé du “rendez-vous” et vit deux silhouettes. Il s’approcha, confiant, sourire aux lèvres.

— Bonjour ! dit-il joyeusement. « Vous êtes les fameux amis imaginaires qui veulent m’intimider ? »

Les deux hommes sursautèrent, surpris par sa gaieté. L’un d’eux tenta de parler :

— « Euh… Bertrand… c’est sérieux… »
— « Sérieux ? Haha ! Vous êtes mignons ! » Bertrand fit tourner le ballon singe au bout de sa main comme une épée. « Vous savez, je ris toujours en face du danger. »

La conversation continua, longue et pleine de malentendus :

— « Mais… tu comprends pas ? » dit l’un des hommes, visiblement confus.
— « Oh si, je comprends très bien… mais moi, je fais juste rire tout le monde ! » Bertrand s’inclina comme un acteur de théâtre.
— « Mais c’était pour… ton deal… »
— « Deal ? » Bertrand éclata de rire. « Haha ! Quel deal ? »

Les hommes échangèrent un regard, ne sachant plus quoi dire. Bertrand continua :

— « Écoutez, je vais vous aider à rigoler, et vous, vous allez comprendre… On va faire une farce ensemble, et à la fin, c’est moi qui rirai le dernier ! »

Bertrand avait tout prévu : il avait invité Adrien et Kael, cachés derrière un arbre, prêts à intervenir. Les hommes, pensant le menacer, se retrouvaient piégés dans une mise en scène ridicule :

  • Bertrand les fit courir après un ballon en forme de singe.
  • Il leur fit croire qu’un policier arrivait (Adrien faisait semblant de parler dans un talkie-walkie).
  • Et à chaque “attaque”, Bertrand riait à gorge déployée, faisant tomber les hommes dans des flaques d’eau, trébucher sur des bancs, se prendre des cartons.

Kael et Adrien, cachés, éclataient de rire à chaque nouvelle scène. Même les passants sur le trottoir ne pouvaient s’empêcher de sourire.

— « Qui rira le dernier, hein ? » cria Bertrand en se tenant le ventre, plié de rire.
— « Moi, moi, moi ! » hurla l’un des hommes, désespéré et trempé jusqu’aux os.
— « Haha ! » Bertrand brandit le ballon comme un trophée. « Et le dernier rire, c’est le mien ! »

À la fin, les hommes, totalement épuisés, comprirent que Bertrand avait transformé une menace en comédie et que la vraie farce, c’était lui qui la jouait depuis le début.

Bertrand rentra chez lui, essoufflé de rire, sourire toujours collé aux lèvres :

— « Voilà… la vie est une farce, mes amis. Et moi… je suis celui qui rit toujours le dernier. »


Mais ce soir-là, quelque chose flottait dans l’air, quelque chose qu’il n’avait jamais ressenti : l’inquiétude n’était pas drôle.

Il entra dans son salon et… un bruit métallique résonna derrière la porte.

— « Bertrand… tu rigoles encore ? » une voix glaciale murmura.

Il se retourna, surpris, ses yeux s’écarquillant. Et là, le monde bascula.

Un homme masqué, armé, se tenait là. Pas de farce, pas de ballon, pas de caméra cachée. Juste un flingue pointé droit sur lui.

— « Hé… attendez… c’est… » Bertrand tenta de sourire, mais le rire mourut dans sa gorge.

Le masque ricana, et Bertrand comprit enfin. L’homme… rit, mais d’un rire sec, cruel.

— « Alors… c’est toi qui rit toujours… hein ? » dit la voix derrière le masque. « Voyons si tu es aussi drôle maintenant. »

Le cœur de Bertrand s’emballa. Ses jambes se figèrent, pour la première fois, il ne riait pas. L’homme tira.

BANG.

BANG.

BANG.

Bertrand tomba au sol, stupéfait, le souffle coupé. Pour la première fois, le monde n’était plus un théâtre. Plus de ballon, plus de comédie, plus de mise en scène.

Puis, le rire… le rire familier.

— « Haha ! »
Une silhouette se détacha du mur. Masque retiré. Les yeux brillants, un sourire cruel : Kael.

— « Surprise ! » dit-il calmement. « C’était toi le dernier gag, Bertrand… »

Bertrand, à moitié au sol, tenta de parler :

— « Kael… mais… pourquoi… »

Kael haussa les épaules, encore riant :

— « Parce qu’il fallait que tu comprennes… que parfois, le dernier rire n’est pas le tien. »

Bertrand cligna des yeux, incapable de sourire, incapable de rire. La seule fois où son humour ne pouvait rien faire… le moment où la farce devenait réalité...

Annotations

Vous aimez lire Luigie Frederique ?

Commentez et annotez ses textes en vous inscrivant à l'Atelier des auteurs !
Sur l'Atelier des auteurs, un auteur n'est jamais seul : vous pouvez suivre ses avancées, soutenir ses efforts et l'aider à progresser.

Inscription

En rejoignant l'Atelier des auteurs, vous acceptez nos Conditions Générales d'Utilisation.

Déjà membre de l'Atelier des auteurs ? Connexion

Inscrivez-vous pour profiter pleinement de l'Atelier des auteurs !
0