Chapitre 2

3 minutes de lecture

La jeune femme regarda sa montre une dernière fois en replaçant ses mèches qui virevoltaient au vent. Ses cheveux la dérangeaient. Elle regretta de ne pas les avoir attachés. Jill entreprit de les coincer derrière son oreille, sans résultat.

Elle passa un rapide coup d’œil à sa tenue. Bien.

Elle se tourna vers la boutique mal éclairée. En entrant, elle aperçut un jeune nettoyer les vitrines. Elle le salua.

- Le patron est pas dispo, rétorqua-t-il sèchement, sans même lever les yeux.

Jill espérait que ce manque de politesse était le résultat d’un manque de connaissance. Elle se retient de faire une quelconque remarque. Elle devait avoir ce job.

- Pourtant, c’est lui qui m’a donné l’heure du rendez-vous, expliqua-t-elle.

Le nettoyeur de vitre se retourna et la dévisagea. En se justifiant que son patron ne tatouait pas aujourd’hui.

- Je ne viens pas pour un tatouage mais pour le job, déclara Jill en haussant les sourcils.

Sous le regard incrédule du jeune, Jill avait l’impression d’être un extraterrestre. N’avait-il jamais vu de femme tatoueuse ?

- Donc pour le patron ? reprit Jill.

- Attends, je vais le chercher.

Jill l’observa se relever et partir vers l’arrière-salle. Après de multiples recherches sur différents forums, elle avait trouvé cette annonce. Le patron recherchait un collègue le temps de quelques mois. S’installer dans la ville de Crown n’était pas son rêve, cependant, elle devait faire tout son possible. Elle ne pouvait pas se permettre d’abandonner sa famille. Enfin, ce qui lui restait comme famille.

- Alors, c’est toi Jill ?

Elle détailla l’homme qui lui faisait face. Son bras droit était enveloppé dans une écharpe afin de soutenir son plâtre. Une cicatrice lui barrait le sourcil, lui donnant un aspect de guerrier. Et ses yeux tirant sur le vert lui donnaient un charisme surprenant, la faisant sentir toute petite face à lui. Elle ne prit pas peur pour autant et lui tendit la main en acquiesçant. Il ne la serra pas. Elle présenta sa farde pour essayer de camoufler sa gêne.

− Voulez-vous voir mes croquis ?

L’homme se saisit des dessins pour les étaler sur le bureau de la boutique. Il ne voulait pas perdre de temps et sur le coup, Jill n’était pas à l’aise. Cette étape la faisait trembler. Le jugement de ses créations. Elle y mettait toute son âme, si bien que certains commentaires agrandissaient la blessure béante de son cœur. Tous ses croquis avaient un point commun. Ils commençaient avec de grosses lignes au crayon et finissaient avec quelque chose de plus fin, de plus fragile.

− Tu as déjà tatoué ? demanda le patron du salon de but en blanc.

− Oui, ça fait deux ans que j’ai commencé.

− Tu as des photos des rendus ?

− Oui. La jeune femme sortit son téléphone et lui montra.

Il ne les commenta pas, son visage restait fermé.

− Comme tu le vois, je ne suis pas capable de tatouer pour l’instant, mais j’ai un client proche qui doit absolument se faire tatouer cette semaine. Tu t’en occuperas à ma place et je terminerai s’il a des retouches à faire. Des questions ?

− Non, c’est bon pour moi.

− Reviens demain, 9h. On parlera du contrat après que tu m’aies montré ton talent.

Il tourna les talons sans tarder vers une autre salle.

− Je suppose que je dois partir ?

Elle posa la question au jeune qui s’affairait à retirer les traces d’un autocollant sur la vitre principale.

− Ouais, un conseil, te rate pas.

Ça remarque faisait écho à quelque chose de plus sombre et angoissant. Elle savait bien qu’elle jouait le tout pour le tout. De retour dans son appartement, elle troqua son jeans contre un jogging et un simple pull. Elle regarda dans le miroir pour retirer ses lentilles faisant apparaitre ses yeux bicolores. Elle avait l’habitude de les cacher car sa mère ne les supportait pas. Son propre père, enfin beau-père ne savait même pas qu’elle avait les yeux verrons. Pitoyable ? Peut-être. Pourtant cette protection la rassurait. C’est sous cette pensée qu’elle se mit à dessiner, à créer, elle laissa libre cours à son imagination dans son carnet à croquis.

Annotations

Versions

Ce chapitre compte 3 versions.

Vous aimez lire Alyce ?

Commentez et annotez ses textes en vous inscrivant à l'Atelier des auteurs !
Sur l'Atelier des auteurs, un auteur n'est jamais seul : vous pouvez suivre ses avancées, soutenir ses efforts et l'aider à progresser.

Inscription

En rejoignant l'Atelier des auteurs, vous acceptez nos Conditions Générales d'Utilisation.

Déjà membre de l'Atelier des auteurs ? Connexion

Inscrivez-vous pour profiter pleinement de l'Atelier des auteurs !
0