Chapitre 3

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Jill regarda le message affiché sur son téléphone avant d’entrer dans le salon.

« Montre-leur qui tu es, Jill ! »

Sa sœur l’encourageait pour son premier jour. Un léger sourire attendri s’afficha sur son visage. Le message suivant contenait plusieurs émojis de bras musclés, ce qui la fit rire. Un rire léger qui se heurta à l’ambiance froide de la pièce. Le patron l’attendait bras croisés, sur l’un des fauteuils.

- Tu es en retard.

Etonnée de cette remarque, elle regarda sa montre. 9h01. Sérieusement ? Son patron ne lui laissa pas le temps de s’excuser, qu’il enchaîna d’un ton froid.

- Suis-moi. Tu as dit que tu avais déjà tatoué. Tout le matériel est là. Je te laisse installer la salle.

Une salle lumineuse à l’arrière du shop se présenta à elle. Les murs recouverts de croquis d’anciens clients la subjuguaient. Elle remarqua qu’un des dessins imposants ornait le mur. Il était différent des autres, par sa taille ainsi que ses traits animaux. Elle distingua une tête de jaguar ayant mordu sa proie, au vu des perles de sang sur ses canines. Jill commença à préparer sa salle, désinfectant le matériel qu’elle pensait utiliser, la table et ses mains. Elle mit ses gants et prépara le matériel sur la table haute tel un automate. Ses mouvements, elle les avait effectués si souvent qu’elle ne réfléchissait plus.

− Tu as fini ?

Ne s’attendant pas à ce qu’il lui parle si sèchement, elle sursauta et fit tomber le paquet d’essuie-tout. Heureusement, celui-ci n’était pas encore ouvert.

- Oui, répondit-elle en le ramassant. Elle sentit les battements de son cœur marteler dans sa cage thoracique.

Il vérifia minutieusement ce que Jill avait installé. Il sourit légèrement, satisfait. Jill avait passé le premier test avec succès.

− La personne que tu vas voir est un proche. Son dessin est déjà fait, tu mettras les repères quand il arrivera.

Jill sentit ses mains trembler, signe du début de son stress. Elle aurait voulu rétorquer que cela n'allait pas être possible. Elle ne pouvait pas tatouer un client dès la première entrevue. Cependant, le visage de son patron ne laissait rien à redire là-dessus.

Elle s'assit sur le tabouret en se demandant ce que ferait Mary à sa place. Un sourire sillonna ses lèvres. Mary aurait envoyé bouler son patron, c’est sûr. Elle lui aurait dit ses quatre vérités et aurait précisé que le minimum requis était l’amabilité. Ce qui n’était pas son fort.
La jeune femme se retourna vers la porte lorsqu’elle entendit des éclats de rires résonner à l’avant de la boutique. Le client devait être arrivé. Elle se rapprocha.

− Alors, il est où ton jeunot ? Demanda une voix rocailleuse.

− À l’arrière, entendit-elle répondre. Pice, tu peux aller dans la salle.
Elle n'entendit pas de réponse, juste le bruit des pas.

− Alors, c’est toi le nouveau ? La voix était plus douce.

Jill détailla son interlocuteur : Son visage, elle le connaissait. C’était le petit que Mary avait aidé.

Merde… Merde.

Elle ne s'attendait pas à le revoir. Et si lui était là, les autres viendraient également. Elle regarda autour d'elle. Il ne fallait surtout pas que les autres viennent. Elle recula sous... sous les rires du plus jeune.

− Bordel ! C’est toi. Je pensais pas te revoir un jour, s’exclama le jeune hilare.

Jill était surprise, elle ne s'attendait pas à cette réaction.

− C’était le meilleur jour de ma vie. Littéralement, je recevais mon cuir et mon vice-président s’est fait battre par…Par toi. Tu aurais dû voir sa tête !

La jeune femme ne comprenait pas trop.

- Je m’en veux pour ça. Je me suis montré trop impulsive.

Elle essaya de reprendre contenance. Qu'importe qui étaient les clients, elle devait effectuer sa tâche pour le poste. Elle avait des choses à prouver. Sa conscience lui disait qu’elle était en sécurité dans le shop. Personne ne pourrait lui faire du mal. Cette pensée la rassura.

Elle demanda où allait être placé le tatouage, il enleva son t-shirt et lui montra son dos. Sans étonnement, le tatouage choisi était le même que celui dans le cadre qu’elle avait observé plus tôt. Elle commença les tracés.

− Alors, cela te convient. Jill observait le jeune se contorsionner devant le miroir afin d’apercevoir les traces de son futur tatouage.

− Yep, super. Ça me va. Tu peux appeler Fantôme ?

− Fantôme ?

− Ouais, c’est lui qui tatoue le blason du club. Ordre du chef !

Jill plissa les yeux en retirant ses gants, elle retrouva son patron.

− Il est prêt.

Elle se détourna pour regarder l’autre client. Leurs regards se crochetèrent et elle se figea.

Pourquoi ? Comment ?

− Toi !

Elle recula d’un pas. La panique la gagnait, elle ne savait pas si elle devait partir en courant ou nier en bloc. Pouvait-il rigoler comme l’avait fait le jeune ? Non, bien sûr que non. La dernière fois, elle l’avait eue par chance. Elle choisit la solution diplomatique.

− Je suis désolée. Elle avait parlé si fort que le jeune avait passé sa tête par l’entrebâillement. Je pensais que tu allais t’en prendre à ma sœur. J’ai surréagi.

L’homme affichait une mine neutre.

− Je pourrai te couper les membres, t’arracher les entrailles ou même te brûler vive pour tes actions.

Jill déglutit. Pourquoi réagissait-elle au quart de tour quand il s’agissait de Mary. Elle savait que ça la conduirait à sa perte.

− Coll, elle est en essai. Si tu veux la tuer, fais-le une autre fois. Défendis le patron

− Quoi ! C’est ça ton apprenti ? Fantôme.

− Ouais. Si elle se rate, elle est à toi, répliqua Fantôme. Pice, retourne t’installer.

Le patron passa à côté d’elle en lui chuchotant de le suivre dans la salle. Il venait de lui sauver la mise. Elle ne savait pas si l’autre type voulait vraiment se venger ou si c’était pour lui faire peur. Elle préférait se méfier et prier intérieurement pour avoir ce fichu poste. Elle n’avait jamais autant sué pour un job.

Les yeux de Fantôme inspectaient le dos de Pice. Tout le monde semblait d’accord sur la façon dont le stencil avait été posé. La séance allait commencer.

− Hey, interpella le patron. Tu vas commencer. Le rendu final doit être identique au rendu sur l’affiche dans le cadre. Tu penses en être capable ?

Jill acquiesça. Un défi, elle le relevait. Elle remit ses gants, s’installa confortablement pour démarrer la machine prête à créer sa première œuvre à Crown ville.

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