Chapitre 1
La jeune femme fit gronder son moteur une nouvelle fois avant de descendre. Quelques têtes curieuses se tournèrent vers elle. Jill attendait sa sœur. Celle-ci sortit à toute vitesse de la bâtisse.
Jill n’eut pas le temps de retirer son casque que la plus jeune lui sauta dans les bras.
- Putain, Jill. Tu m’as grave manqué, s’exclama la rousse joyeusement. On peut faire un tour ? Allez, s’il te plaît !
- Et maman ? répliqua Jill, sceptique.
- Elle est encore avec un gars. Elle ne sortira pas si vite, tu peux me croire. Si tu avais entendu tout le raffut qu’ils font depuis que je suis rentré. Tu sais qu’elle m’a obligée à rester dans ma chambre ! s’exclama l’adolescente indignée. Je veux sortir, supplia-t-elle.
Jill se sentit faible face au regard suppliant de sa sœur. Maryline savait comment l’influencer. Et puis, elle pouvait bien l’emmener pour cette fois. Cela faisait une semaine qu’elles ne s’étaient plus vues. Sa sœur lui manquait.
− D'accord, mais pas longtemps.
Heureuse, Maryline monta sur la moto et mit son casque.
− Il paraît qu’il y a un super endroit avec des jeux de lumière et de la bonne musique, expliqua Maryline en encodant l’adresse.
Jill démarra sans tarder. En arrivant devant le bar, Jill était sceptique. Néanmoins, Maryline la rassura. La jeune femme aurait dû se méfier ou du moins, vérifier le genre d’endroit avant d’accepter.
A l’intérieur, elles se posèrent dans un coin. Un jeune serveur arriva pour prendre leur commande et il revient quelques minutes plus tard avec leurs boissons.
− Tu vois, je te l’avais bien dit qu’il était cool ce bar, clama Maryline en s’enfonçant dans le siège en cuir.
− Je ne veux même pas savoir comment tu en as entendu parler, soupira Jill avant de boire une gorgée.
− Maman, elle en parle tout le temps.
La cadette tourna sa paille dans son verre une nouvelle fois.
− Tu sais, ça fait une semaine que je suis là et elle m’ignore la plupart du temps.
− Je suis désolée, Mary.
Jill se frottait frénétiquement les bras.
− Arrête de t’excuser pour elle. Merde, c’est pas ta faute, trancha Mary.
La cadette avait horreur que Jill soit ainsi à cause de sa mère. Bien qu’elle soit partie jeune, Jill avait été marquée par ses mauvais traitements, Maryline le savait. Elle en avait discuté avec son père qui lui avait raconté quelques passages qu’il savait. C’est à ce moment qu’elle avait commencé à détester du plus profond de son cœur sa génitrice.
Cependant, à l’heure actuelle, Maryline ne pouvait la contrer, même si elle avait commencé à enregistrer toutes les fois où sa « mère » l’envoyait bouler pour des courses non faites, un repas invisible et une maison sale. Sa mère la prenait pour une putain de bonniche. Elle ne pouvait pas le dire à Jill. Ça lui briserait le cœur alors elle se contentait d’enregistrements où sa mère partait en crise.
− Tu as raison Mary, tu sais que quand tu me parles comme ça on dirait que c’est toi la grande sœur, plaisanta Jill. Oh, j’ai une bonne nouvelle. J’ai postulé dans un salon de tatouage et je suis prise à l’essai.
- C’est génial, Jill, s’exclama Mary en sautant dans ses bras. Du coup, je peux être ta première cliente ?
- Mary !
- D’accord, pas besoin de me faire les gros yeux comme ça.
Par-dessus l’épaule de Jill, Mary aperçut un jeune se faire pousser par d’autres hommes beaucoup plus grands que lui. Le visage de Maryline se crispa sous les yeux inquisiteurs de Jill.
- J’arrive, dit-elle. Je vais… aux toilettes.
Jill hocha la tête et observa Mary partir vers l’arrière du bar. Sa sœur n’allait pas aux toilettes. Elle s’approchait dangereusement d’un groupe d’hommes.
- A quoi pense tu Maryline, chuchota Jill à elle-même.
Jill se leva bien trop tard. Le poing de Maryline vient s’écraser sur le crâne d’un des hommes, laissant stupéfaits les autres. Bordel Maryline. L’homme au centre du groupe se leva pour se placer devant Maryline. Jill devait intervenir. Elle remerciait son père de les avoir inscrits à différents cours de défense.
La jeune femme n’entendit pas ce qu’ils se disaient. Néanmoins, lorsque Maryline lever à nouveau ses poings prête à se battre. Son sang ne fit qu’un tour, elle se déplaça rapidement pour envoyer un premier crochet. Elle lança sa jambe droite pour venir percuter le creux du genou de son adversaire. Puis elle lui agrippa l’avant-bras et se servit de son élan pour pousser l’homme au sol. Pris au dépourvu l’homme ne résista pas. Jill agrippa le bras de Maryline et sortit du bar, enfourchant la moto pour partir avec le feu aux fesses. Quand Jill repris son calme, elle s’arrêta sur le bas-côté.
− Bordel Mary, tu es malade cria-t-elle.
Peut-être n’était -elle pas si calme finalement.
− Il s’en prenait à un plus jeune ! se défendit-elle.
− Tu as failli te faire agresser. Merde Mary ! Même tu ..tu..
− J’aurais dû le laisser se faire tabasser ?
Jill souffla et reprit :
− Non, je veux que tu restes en vie. Tu n’aurais jamais pu les battre. Même si tu sais te battre. Tu as vu leur nombre ?
− On s’en moque de ça, rétorqua Maryline insouciante.
− Et je n’ai pas payé les consommations. Je suis horrible.
Jill s’assit les mains sur la tête. Mary fit de même.
− Oh ça va, tu as mis la pâtée à leur chef. En plus, moi j’ai trouvé que tu gérais.
− Leur chef ?
− Oui, le premier que j’ai tapé, c’était parce qu’il s’en était pris à un plus jeune. Je l’ai dit au chef. Il s’est foutu de moi et ça m’a énervée.
− Attend, il ne voulait pas se venger ?
Mary regarda sa sœur étonnée.
− Non, il trouvait ça amusant qu’une meuf comme moi ait réussi à mettre un de ses gars au sol.
− Je m’en suis pris à un innocent !
− Oui.
− Je suis fichue !
− Jill tu dramatises.
− J’ai cru qu’il allait te faire du mal.
− Si ça te rend comme ça, tu iras t’excuser la prochaine fois.
Jill la regarda avec un regard noir. Elle savait que sa sœur se moquait d’elle. C’était toujours le cas quand elle prenait les choses trop à cœur et dramatisait lorsque celle-ci tournait au vinaigre. De plus, si elle revoyait ces types, elle ne donnait pas cher de sa peau. Elle se résigna, ne voulant plus y penser. Elle avait autre chose à montrer à sa sœur. Elles repartirent toutes les deux jusqu’à son appartement.
− Avant de te reconduire chez maman, je dois te montrer ça, expliqua Jill en ouvrant la porte.
− C’est stylé ici. On est chez qui ? Demanda Mary.
− À ton avis.
− Oh non, tu as un appart ! C’est trop cool.
− Je me suis dit que si jamais maman t’énervait trop, tu devais au moins avoir un endroit à toi. La pièce du fond est pour toi.
Jill avait installé quelques affaires de son ancienne maison dans la chambre destinée à sa sœur. Le lit, son armoire avec d’autres affaires. La petite rousse sauta dans ses bras la serrant fort. Elle avait l’air aux anges.
− Aller ouste, je dois te reconduire. Demain tu as cours.
- Merci de me rappeler ça. Vraiment.
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