Chapitre 5
Jill se réveilla, surprise par les sonneries incessantes de son téléphone. Le shop était fermé en matinée. Qui l’appelait ? Avec un effort surhumain, elle agrippa son téléphone pour décrocher.
− Madame Van Wicky ?
− Oui, répondit Jill d’une voix endormie.
− Votre fille est en poste.
− Hein, de quoi vous parlez ?
Jill écouta l’inspecteur, jurant intérieurement. Elle n’en revenait pas. Mary avait encore créé des problèmes.
− J’arrive.
Elle attrapa les premiers vêtements, prit deux casques et démarra au quart de tour. Elle continuait à pester contre sa sœur. Ne pouvait-elle pas rester tranquille au moins une fois ? Elle entra furibonde dans le poste de police.
− Où est-elle ? cracha-t-elle.
− Madame, calmez-vous, dit l’un des policiers en arrivant vers elle. Vous êtes ?
− Madame Van Wicky, se présenta-t-elle. Où est-elle ?
Le policier, surpris de voir une jeune femme se présenter comme la mère de l’adolescente, regarda ses collègues.
− Vous êtes sa mère ?
− Non, sa sœur. Sa mère n’a pas pu venir. Ça pose un problème ?
− Non, laisse, Benjamin. Je m’en occupe.
− T’es sûr, Max ?
− Oui. L’homme se tourna vers Jill avec un sourire narquois qui s’effaça brièvement quand il rencontra sa paire d’yeux. Il se repris en se raclant la gorge. Elle est en cellule. Elle devrait avoir repris ses esprits maintenant.
− Policier ?
L’homme en face d’elle n’était autre que celui qui l’avait menacée de la découper en morceaux.
− Le monde est petit. Personne ne sait, alors évite de préciser, menaça-t-il.
− Qu’est-ce qu’elle a fait ? Sur le moment, Jill n’en avait rien a faire ce qu’il était. Elle voulait juste voir sa sœur.
− Elle a été arrêtée en état d’ivresse. Les autres l’ont ramenée au poste le temps qu’elle dégrise. Bouge pas, je te l’amène.
− Merci… Max. Les épaules de Jill se baissèrent soulagé.
− Je préfère Coll, surtout quand c’est toi, chérie, chuchota-t-il avant de partir.
Jill l’attendait, impatiente, sa colère coulait sous sa peau menaçant d’exploser.
− Wouha, Jilllll. T’as de trop beaux yeuxxxx. Rigola Maryline.
− Maryline, ne dis rien. Tu en as déjà fait assez, souffla-t-elle pour réprimer cette colère.
La remarque de Mary la fit cependant réfléchir. Avait-elle mis ses lentilles ce matin ? Non, bien sur que non. Elle les avait oubliés dans le précipitation, laissant à la vue de tous ses yeux bicolore. La tête baissée, Jill accrocha le bras de la cadette sur son épaule pour la soutenir.
− On y va.
Personne ne l’avait regardée étrangement, enfin, elle n’avait pas senti de regard scrutateur et méprisant alors elle l’espérait sincèrement que personne ne l’avait remarqué.
− Bordel, Mary, accroche-toi bien, d’accord ?
− Ouiii, répondit-elle gaiement.
− Quand tu auras décuvé, tu as intérêt à m’expliquer pourquoi tu es dans cet état, répliqua Jill en démarrant.
La libération fut lorsqu’elles arrivèrent à l’appartement. Jill avait l’impression de traîner un cadavre. Elle tira sa sœur sur le lit.
Son dos en compote, elle s’assit dans le divan. Elle était fatiguée, cependant le temps n’était pas avec elle, car elle devait déjà repartir au shop pour terminer le tatouage de Pice. Par ailleurs, elle espérait qu’il n’avait pas bu sinon elle ne le tatourait pas. Elle se débarbouilla, mit ses lentilles et partit à la boutique.
− 10 minutes de retard.
− Bonjour, grimaca Jill sous l’acceuille chaleureux de son patron.
− Bonjour, Jill, chantonna Pice. On commence ?
− Oui, Avant tout. Est-ce que tu as bu ?
− Non, j’ai carburé à l’eau toute la soirée. Pice lui avait répondu d’un ton téatrale, lui faisaint penser à sa jeune sœur.
− Tu peux aller t’installer le temps que je prépare les affaires.
Une fois que tout fut prêt, Jill regarda autour d’elle, ne sentant pas la présence de son patron. Pice, l’ayant remarquée, ajouta :
− T’inquiète, il te fait confiance pour gérer. Il n’en a pas l’air, mais il était content de te voir.
− Si tu le dis. Jill n’en croyait pas un mot.
− Ah non, tu ne vas pas commencer aussi. J’ai envie de parler, moi ! reprocha Pice.
− D’accord, alors raconte-moi ta soirée d’hier.
− Attends, comment tu sais que je suis sorti hier ? Tu étais au "Myors" ?
Jill hocha la tête.
− Évite de bouger ton dos. Je vais commencer.
− OK, ok. Mais du coup tu étais au « Myors ». Tu m’as vu sur la piste ?
− Oui, je suis partie au début du show des danseuses.
− Tu n’as rien raté, dit-il blasé. J’avais dit aux gars de ne pas en faire trop, mais bon, ils ont compris que je voulais faire la fête, alors ils ont demandé un strip-tease. C’était un peu le bordel. En plus, il y avait Maryline et elle n’a pas vraiment apprécié être au milieu de ça.
Jill se redressa à une vitesse folle. Elle coupa la machine.
− Tu as dit Maryline ?
− Ouais, Maryline. C’est la fille d’une des "brebis" du club. Elle est nouvelle dans ma classe. On est devenus potes. D’ailleurs, maintenant que j’y pense… Elle était avec toi la dernière fois.
− Oui, la petite rousse c’est ma sœur.
− Quoi ! Sérieux ?
− Oui. Qu’est-ce qu’elle faisait au bar avec toi ?
− La "brebis", Annabelle je crois lui a demandé de venir et de danser aussi, mais elle a refusé et est partie. C’est pour ça que c’était le bordel.
− "Brebis" ?
− Ouais, c’est comme ça que les filles du club sont appelées. Me regarde pas comme ça, on dirait le Prez.
− Donc moi, je suis une "brebis" ?
− Hein, mais non ! Les filles qu’on appelle comme ça, ce sont des filles de joie. Pas toi.
− Putain, avec le sourcil levé comme ça, on dirait vraiment le Prez. Tu sais que tu fais peur. Tu peux baisser ta machine ? J’ai l’impression que tu vas ma poignarder, rigola t’il.
Jill en savait un peu plus sur ce qu’il s’était passé. Mary avait dû boire de frustration. Savoir que sa propre mère recommençait ses vices avec Maryline commençait à l’inquiéter. Elle essayerait d’en toucher un mot avec Maryline à son réveil.
Elle se remit au travail. Après une bonne heure, elle finit le tatouage. Elle salua Pice, trop pressée de montrer le rendu final aux membres de son club. Il était parti aussi vite que l’éclair.
− Tu as fait du bon travail.
− C’est étonnant que tu me complimentes, Fantôme.
Les deux tatoueurs se regardaient en chiens de faïence. La remarque de Jill n’était pas passée, les traits tirés de l’homme en était la preuve. Il se rapprocha d’elle lentement et Jill senti son corps trembler. Leurs regards toujours encré dans celui de l’autre, l’ambiance n’était plus menaçante. Non cela devenait… électrique.
Fantôme répliqua à voix basse et légèrement rauque :
− Tu es une bonne tatoueuse, Jill… Mais, parfois, le talent n’est pas la seule chose qui attire l’attention.
Il s’approcha un peu plus, son regard glissant sur elle ce qui hérissa les poils de ses bras.
- Tu montres aux autres ta froideur semblable au noir que tu encre sur leurs peau. Si on observe bien, on y retrouve autre chose. Se noir retranscrit un ensemble d’autre couleur toute aussi vives. Fini-il en posant ses yeux vert sur ses lèvres.
Jill sentit son cœur battre un peu plus vite, un frisson parcourant sa nuque. Elle croisa ses bras, un geste qui se voulait protecteur. Il remarqua immédiatement ce mouvement.
− Pas besoin de te fermer, Jill. À force de te cacher, tu risques de t’oublier.
Jill se sentait déboussolée, Il prononçait son prénom étrangement. De plus, ses émotions s’enchevêtraient. Elle avait peur, peur de la vérité de ces mots. Il ne savait pas. Il ne savait rien. On ne lui avait pas laissé le choix.
« Sois sage. Tu ressembles à ton père ! Cache-moi ses yeux. Hors de ma vue. Tu as déjà mangé. Horrible chose. TU m’as pourri la vie. »
Depuis sa naissance, sa mère n’avait cessé de lui rappeler à quel point elle était horrible. Elle ne pouvait jamais rien faire, ni rien dire, car à chaque fois, on lui rappelait qu’elle ressemblait à son père. Enfin, son géniteur. Il avait fait vivre un enfer à sa mère.
Ses souvenirs douloureux revinrent immerger sa conscience, et son corps ne put gérer un tel degré de peur, de colère et d’impuissance. Les larmes commencèrent à couler sur ses joues, sa respiration devint erratique. L’air… l’air lui manquait. Elle… Elle allait mourir. C’était son heure.
- Hey, doucement, jolie cœur.
Fantôme était là. La prenant dans ses bras, la berçant doucement. Il avait posé la main de Jill sur son cœur.
- Inspire, expire. Imite-moi. Voilà c’est bien, encore une fois. Regarde-moi, joli cœur.
Fantôme senti la main de la jeune femme s’agripper à son pull, ce qui le toucha encore plus. Il n’aurait jamais pensé que de simples mots se transformeraient en désastre. Tout ça à cause de lui. Encore. Il ne voulait pas lui faire du mal. Elle ne devait pas souffrir. Il la serra encore plus contre lui. Il lui parla d’une voix se voulant douce :
- Tu es plus forte que tu ne le crois. Regarde-moi.
Quand elle leva les yeux vers lui, il sentit son propre cœur battre plus vite alors que la respiration de Jill devenait régulière. Il était si près.
- Ne laisse pas tes pensées dicter tes peurs. Tu n’es pas seule.
Elle baissa les yeux. Fantôme avait raison. Elle n’était pas seule. Il était là. Elle se rendis compte de la situation. Elle accrochait au pull de fantôme les yeux plein de larmes et lui la berçant. C’est les joues rougies qu’elle se releva. Encore une fois, elle choisi la facilité, et sortit, laissant en plan l’homme qui l’avait empêché de sombrer. Elle ne voulait pas s’expliquer, elle ne… Elle ne savait plus.
Annotations
Versions