Chapitre 6
Quelques jours s’étaient écoulés depuis sa crise. Fantôme n’avait fait aucun commentaire ce qui la soulageait. Néanmoins, il dardait constamment un regard sur elle et multipliait les interactions.
Peut-être avait-il décidé de se montrer plus sympathique ?
Faisant preuve de bonne foi, elle était invitée à un barbecue. L’invitation sonnait plus comme un ordre, elle ne put donc l’ignorer de peur de perdre sa place à la boutique. Elle n’en savait pas plus et s’en moquait, car sa sœur pouvait venir, et c’était tout ce qui l’importait.
C’est donc de bonne heure qu’elle démarra avec sa cadette. Elles arrivèrent devant une grande bâtisse où s'assemblait un certain nombre de motos. En se garant à côté, elle remarqua que la sienne détonnait des autres par sa couleur orange. Un cadeau de son beau-père. Il avait toujours eu des goûts étranges en matière de couleur. À se souvenir, elle sourit faiblement.
− Comment va la tarte ? questionna Jill.
− Elle n’a pas trop souffert du trajet. Normalement, précisa la rousse. Suis-moi !
− Tu connais ? demanda Jill en suivant ses pas.
− Ouais, maman m’y emmène souvent.
− Attends, comment ça, maman t’emmène ici ?
− Laisse tomber, ce serait trop long de t'expliquer. Et puis c’est pas pareil. Cette fois, on va manger. Allez, viens.
La jeune femme le sentait, sa sœur lui cachait quelque chose. Elle rattrapa Mary qui entrait sans attendre dans le bâtiment.
− Bonjour tout le monde ! s’exclama Mary de son ton jovial.
− Mary ! s’exclama une femme d’une quarantaine d’années. Qu’est-ce que tu fais là ?
− Sarah ! J’accompagne ma sœur. Elle a été invitée.
− Ta sœur ?
− Bonjour, dit la concernée.
Sarah la détailla, se demandant qui avait pu l’inviter, car ce genre de journée était prévu pour la famille et les amis. Connaissant tout le monde, elle savait que cette nouvelle venue ne faisait partie d’aucune de ces catégories.
− Je m’appelle Jill.
− Jill ? répéta Sarah. Ah oui, Jill la tatoueuse.
− C’est ça, acquiesça Mary. Jill a fait de la tarte, on peut la mettre où ?
− Dans le frigo en attendant. Vous pouvez prendre un plat pour le mettre sur la table ? On va manger.
− Oui, bien sûr pas de soucis.
Le plat en mains, elles suivaient les instructions de Sarah. Une fois tout installé, elles prirent également place près d’autres invités. Elle reconnaissait certains visages, dont Coll. L’agent de police avait agrippé Sarah par la taille pour l’embrasser à pleine bouche. Pice s’était assis à côté de Mary qui lui faisait des grimaces. Il manquait quelqu’un. Elle chercha la personne qui l’avait invitée.
− Tu me cherches ?
Il tira la chaise en face d’elle.
− Tu es en retard de 10 minutes. Elle faisait référence à la dernière fois.
− Dit celle qui est elle aussi arrivée en retard, plaisanta-t-il.
C’était étrange, Fantôme semblait plus ouvert depuis… depuis son moment de faiblesse.
− Écoutez tous. Chers amis, familles... Commença Coll. Votre cher vice-président a une nouvelle à vous annoncer. Nous accueillons un nouveau membre. Il scanna les invités.
− Jill, tu peux te lever, chuchota Fantôme, en face de moi.
Qu’est-ce que cela signifiait ?
− Jill est notre nouveau, ou plutôt nouvelle tatoueuse, poursuivit Coll.
Jill se leva, suivie de Fantôme.
− Elle est hors limites, le premier qui la touche aura affaire à moi, précisa Fantôme d’un regard noir.
− Bien, maintenant que mon cher petit frère a montré son affection à notre invitée, nous pouvons manger. Quelques rires hilares retentirent.
− Ne te préoccupe pas de ce qu’il dit, Jill, nota Fantôme.
Après le repas, certains partirent fumer dans leur coin, Mary partit discuter avec Sarah.
− Tu veux te promener un peu ? proposa Fantôme. Il devait apercevoir son malaise.
− Oui.
Quelques pas plus loin, il essaya d’entamer la conversation.
− Alors, qu’est-ce que ça te fait de devenir la tatoueuse officielle des Jaguars ?
− Honnêtement, c’est flippant.
− Flippant ?
− Oui, s’ils ne sont pas contents de mon travail, ils vont vouloir me démembrer. Alors..
− Ils n’iront jamais jusque-là.
− Coll m’a menacée la dernière fois, lui rappela-t-elle.
− C’était pour t’impressionner. Il est comme ça.
− Si tu le dis. Au fait, merci pour…la dernière fois. Ce… Ce n’était pas très sympa de t’avoir laissé en plan. Jill se frotta les mains énergiquement.
− Hey, dit Fantôme en attrapant ses mains. Tu n’as pas à t’excuser. Je peux comprendre. On vit tous des choses difficiles. Certaines sont plus dures que d’autres. N’oublie pas que si tu es là c’est parce que tu es assez forte pour les surmonter. TU es forte. Tu es même plus que forte, tu es une guerrière, une magnifique guerrière.
Les yeux de Fantôme passaient des yeux de Jill pour descendre jusqu’à ses lèvres. Il l’attirait ce qui la poussa à déposer ses mains sur les épaules de Fantôme. Leur bulle éclata.
- Jill, cria Pice. Ce qui la fit s’éloigner brusquement de fantôme.
- Quoi ? cligna-t-elle des yeux.
Pice était arrivé jusqu’à eux, essoufflé. Il lui demanda de retourner à la table. Inquiète de cet empressement, elle l’écouta.
Des cris lui parvenaient. Jill regarda la scène se dérouler sous ses yeux. Sa sœur se tenait la joue. Sa génitrice continuait de lui dire des atrocités sans se préoccuper du monde autour d’elles. Elle agitait ses bras si vite que le morceau de tarte qui était dans les mains atterri sur le t-shirt de la fille.
Personne ne bougeait. Personne ne défendait Maryline. Cette constatation la choqua.
Jill sentit son corps brûler de rage en se rapprochant d’elles.
Comment osait-elle !
Elle poussa violemment sa génitrice afin qu’elle s’écarte de Maryline. Jill remarqua la trace rouge. Sa mère avait giflé sa sœur tellement fort qu’elle gardait la marque de sa main.
Sa mère n'avait jamais été tendre avec Jill. Elle pouvait comprendre son rejet. Cependant, elle ne comprenait pas qu'elle s'en prenne également à sa jeune sœur. La haine au ventre, elle avait envie de crier, de taper.
Une idée germa. Elle allait utiliser le mépris que sa mère lui renvoyait à chaque fois contre elle. Un sourire étrange se dessina. Elle allait lui faire mal.
- Hey, maman, s’exclama Jill.
Elle savait que sa simple présence lui ferait déjà perdre quelques couleurs.
- Toi ! Qu’est-ce que tu fais ici, répliqua sa mère blanche qu’un cadavre.
- À ton avis ?
- Non, tu ne peux pas. C’est impossible.
Sa mère regarda partout autour d’elle comme possédée.
- Maman, répéta Jill. J’espère qu’elle était bonne la tarte. Je l’ai cuisiné avec amour. Sur ce, passe une bonne journée.
Ses phrases paraissaient banales aux yeux de tous. Seules elles savaient ce qu’il allait déclencher chez leur mère.
Jill agrippa la main de sa sœur et partit sous les cris hystériques de leur génitrice. Encore une fois, les cris de dédain et les insultes allaient une nouvelle fois marteler leurs cœurs.
Maryline semblait ailleurs. Le coup qu’elle avait reçu l’avait figée de honte. Se faire réprimander ainsi devant les gens qu’elle connaissait ne lui plaisait pas. Elle se laissa guider par Jill.
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