Jill avait passé quelques jours sur les finitions du croquis pour Fantôme. Incertaine, elle avait demandé plusieurs fois à Maryline ses impressions. Sa jeune sœur n’avait point été avare dans les compliments sur son dessin ce qui la rassura.

Aujourd’hui, Fantôme allait enfin voir son dessin. Elle avait le trac, si bien qu’elle était arrivée à l’avance. Elle avait déjà installé tout le matériel ainsi que la peluche qui trônait sur le meuble. C’était peut-être enfantin, mais elle s’y était attachée. À la simple vue de l’ours, sa nervosité s’estompa légèrement.

- Tu es en retard, dit Jill en se mordillant les lèvres.

Le regard de Fantôme balaya la pièce avant de se poser sur le croquis. Un léger sourire naissant sur ses lèvres. Il s’approcha du bureau pour le détailler silencieusement. Jill senti son cœur s’arrêter un instant, pinçant ses lèvres en l’attente de la sentence.

- Tu peux préparer les tracés.

Un point s’enleva des épaules de la jeune femme. Jill souriait si fort que Fantôme se demandait si elle avait vu le père noël. Le tatoueur enleva son pull sans difficulté. Hier avait été son jour libérateur. Le médecin lui avait enfin enlevé son plâtre. Il n’était pas assez fou pour faire le tatouage sur son bras fraichement libéré. Il le fera de l’autre côté. Il tendit l’avant-bras et Jill posa délicatement le calque.

- Est-ce que ça te convient ? demanda t’elle, rayonnante.

- Oui, c’est parfait, dit-il en s’installant suivie de près par la tatoueuse.

Elle actionna la machine et commença son œuvre. Fantôme l’observait encore et encore, ses tracés, la façon dont sa tête s’inclinait pour augmenter son champ de vision. Elle était le peintre et lui sa toile. Il aimait ça. C’était bizarre à expliquer. Il sentait au fond de lui quelque chose changer.

Une mèche sorti de son chignon. Il s’empressa de la glisser derrière son oreille, leurs mains se touchèrent faisant apparaitre quelques frissons qui remontèrent jusqu’à son bras.

- Excuse-moi, dit-il.

Jill releva les yeux amusée.

- Toi, tu sais t’excuser ?

Jill plaisantait. L’ambiance qui émanait de la pièce était rassurante et possédait quelque chose de plus. Elle ne savait pas le déterminer. Elle vit passer dans les yeux de Fantôme une étincelle.

- Uniquement pour toi, joli cœur.

Jill ne rétorqua rien, son cœur s’accéléra et ses joues devenaient de plus en plus rouges. Elle se sentait troublée. Elle mit ses pensées sur le côté, préférant se concentrer sur son dessin. Ce n’est qu’en terminant qu’elle relève la tête qu’elle aperçut le regard de Fantôme plongé sur elle. Il ne l’avait pas quitté. La jeune femme sentit de nouveau son cœur s’emballer.

- Est-ce que venir manger avec moi t’intéresse ? demanda Fantôme.

- Tu..tu veux m’inviter ?

- Non uniquement l’ours, il commence à me manquer. Fantôme serra ses lèvres. Il se retenait de rire.

- Oui, rétorqua-t-elle

- Oui ?

- Je suis d’accord pour le diner entre collègues.

- Ouais entre collègues, 20 h chez moi. Je t’envoie l’adresse.

- À ce soir.

- À ce soir joli cœur.