Chapitre 11
Jill se réveilla en sursaut, elle avait fait un rêve étrange d’elle et Fantôme.
Elle se figea en entendant un gémissement.
Non, impossible. Son rêve !
- Jill arrête de bouger, murmura l’homme à ses côtés.
La pièce étant devenue trop silencieuse, Fantôme ouvrit les yeux et s’aperçu du malaise. Il se redressa pour poser ses mains sur les joues de la tatoueuse.
- Hey, tout va bien ?
- Non, ça ne va pas.
- Pourquoi ?
- J’ai couché avec mon patron ! s’époumona-t-elle.
- Tu en as de l’énergie à revendre le matin, constata-t-il.
Son calme détonait de l’angoisse dans laquelle la jeune femme se trouvait. Voyant l’air perdu de Jill, Fantôme se leva.
- Vient on va déjeuner, puis on en reparle.
La tatoueuse ne bougeait pas. Il l’enroula dans sa couverture pour la déposer dans le fauteuil de la veille.
Jill était toujours en panique. Qu’avait-elle fait ?
- Je ne sais pas ce que tu prends, donc j’ai ramené plusieurs choses. Sers-toi, expliqua Fantôme en déposant le déjeuner.
Il remarqua son manque d’interaction.
- Joli cœur ? l’appela-t-il en s’accroupissant devant elle. Je croyais que tu aimais pourtant. Vu le nombre de gémissements que j’ai entendus et comment tu…
- Arrête ! intervint Jill en posant sa main sur sa bouche. N’en dis pas plus, merde, j’ai couché avec toi !
- C’était si terrible que ça de coucher avec moi ? Moi, j’ai adoré.
- Moi aussi, mais tu es mon patron. Je… et c’est moi qui ai commencé en plus. Je me fais des reproches pour ça.
- Tu te reproches d’avoir voulu coucher avec moi ? Parce que tu me trouvais… sexy ?
- Enlève ton sourire en coin, Fantôme. Ce n’est pas drôle.
- Jill, tu en avais envie et moi aussi. Personne n’est mort, dit-il en embrassant son poignet. Et honnêtement, si je pouvais recommencer, je le ferais sois en sûr.
- Arrête de dire n’importe quoi.
- Sinon quoi ? provoqua-il.
- Sinon…
Sinon quoi au juste ? Qu’est-ce qui pouvais lui arriver pour qu’elle s’emporte comme ça. Les fantômes du passé étaient toujours gravés dans sa tête. Qu’est-ce qu’elle voulait à présent ? Elle hésitait. Ses réflexions, coupées par une série d’appels, ne présagent rien de bon.
Fantôme attrapa son téléphone pour y lire les messages et son visage changea. Une urgence.
- Il faut que l’on aille au club, c’est urgent.
- Avec moi, demanda Jill ?
- Surtout avec toi.
Ils n’étaient jamais partis aussi vite. Arrivée au club, Jill n’eut pas besoin d’explication. Le visage de Maryline rempli de contusions faisait sens. Jill s’approcha pour l’enlacer aussi fort qu’elle le put.
- Aïe, doucement Jill.
- Qui ?
- On va dire que maman a appris que j’étais chez toi et elle a pas apprécié.
Jill sentit la colère en elle exploser. Elle se retourna sur Fantôme.
- Tes clés ?
- Dans ma poche. Pour…
Jill s’en empara et sortit furibonde. Elle démarra et se rendit chez sa mère qui, étonnamment, l’attendait devant la porte, assise sur une chaise. Ses mains écorchées.
C’était elle.
- Toi ! cria Jill. Pourquoi ?
La lumière se reflétant dans ses cheveux lui donnait des allures d'ange. Cette illusion cachait en réalité un démon laid et avide.
- A quoi pensais-tu ? Que je l’aimais, elle ? Alors, que toi, je te déteste. Son sourire enjôleur menait le paradoxe avec ses questions tranchantes. Vous vous ressemblez trop.
Toutefois, la jeune femme ne perdit pas son aplomb. Après tout, elle s'en doutait. Pourquoi c’était-elle fait l’illusion que sa mère ressentirait cet amour pour ses filles.
− Non, bien sûr que non. Je sais que tu me hais, rétorqua Jill en la regardant droit dans les yeux. Mais ce n’est pas parce que tu me détestes que tu dois t’en prendre aux autres. Maryline ne t’a rien fait.
− C’est ta faute, Jill. Pourquoi es-tu née ?
Cette remarque fit l’effet d’une claque. La haine qu’elle ressentait disparut instantanément pour laisser place à une blessure. Tristesse. Elle n’avait pas choisi d’être là. Depuis petite, elle espérait que sa mère change pour elle. Au nom de l’amour maternel. Penser de cette façon était une douce idylle qui apaisait le coeur meurtri par sa violence quotidienne.
Elle essaya de se raisonner.
- Tu l’as frappée ! accusa Jill.
- Elle doit apprendre à rester en retrait, se justifia sa mère.
- Elle n’a rien fait pour.
- J’ai toujours trouvé ça drôle que tu l’as défende avec tant d’aplomb. Alors que tu ne t’es jamais défendue.
- Laisse là.
Sa mère observa un point loin avant de sourire de plus belle.
- L’amour que tu lui porte es le reflet de ce qui te manque. C’est pour ça que tu as plongé dans ses bras.
Sa mère montrai la moto de Fantôme. Comment-avait-elle su ?
- Tu crois qu’il t’aime ? ajouta sa mère. Fantôme ! laisse-moi rire. Et les membres du club. Elle rigola de plus belle. Ils se jouent de toi.
- C’est faux, ils nous respectent.
- S’ils vous respectaient vraiment, pourquoi m’aurait-il donné ton adresse ? hein. En sachant que l’on ne s’entendait pas.
Le doute, la colère et la tristesse. Jill réfléchit, sa mère avait peut-être raison. Maryline avait dû lâcher l’information par inadvertance dans le club. Et ça s’était su. Ils l’ont trahi. Ils ne l’ont pas protégée. Personne ne voulait mettre son temps et son énergie pour ça, ou en tout cas pour elle. Elle se sentait faible. Pourtant elle rassembla ses dernières forces. Elle gifla sa mère.
La jeune femme tourna les talons, sentant ses larmes de colère couler. Elle décida de partir, s’éloigner de tout, de la ville et de Fantôme.
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