chapitre 15
Le Myors était rempli. Elle chercha énergiquement Coll et le trouva près du billard. Elle se rapprocha.
− Coll, j'aimerais te parler.
L'homme tira d'un coup sec le manche du billard, puis se retourna.
− C'est quoi le topos, chérie ?
− J'aimerais déposer plainte.
L'homme explosa dans un rire tonitruant.
− J'ai l'air d'être au commissariat ?
− Je sais, mais je me suis dit qu'on serait prises au sérieux si c'était toi.
− Chérie, va voir un flic, dit-il en se retournant.
− Je croyais que si je signais le contrat, le club me protégeait ?
Fatigué, le vice-président lui demanda de le suivre.
− Je continue la partie plus tard, les gars. Je vais ouvrir le bureau des plaintes.
Il s'aventura dans l'arrière-salle, débouchant dans un bureau.
− Ferme la porte, la mouche, ordonna-t-il à Mary, qui s'exécuta. Qu'est-ce qui se passe ?
− On veut porter plainte contre ma mère.
− Enfin, génitrice, rectifia Maryline.
Coll les regarda tour à tour.
− Quoi ? Vous allez essayer de faire tomber Annabelle ? Même le prez n’a jamais su.
− On a des preuves, expliqua Mary, des photos, et Jill et moi, on peut témoigner. J’ai une lettre de mon père aussi qui prouve les faits.
− Qu’est-ce qui me dit que tu n’essaies pas de nous entuber, la mouche ?
La façon dont il se comportait avec Maryline agaçait Jill. Pourquoi la dénigrait-il ?
− Coll, je ne sais pas pourquoi tu es comme ça, mais Mary n'est pas comme elle.
− C’est sa fille, justifia Coll en fixant Jill.
− Et moi aussi, pourtant tu ne me parles pas.
Il souffla.
− Écoute, Annabelle est la pire des profiteuses. Le prez a eu des problèmes avec elle il y a longtemps, mais je ne sais pas pourquoi, il l’a autorisée à vivre ici. Sûrement à cause de sa nostalgie passée avec elle.
− Est-ce que tu vas écouter notre plainte ? Oui ou non ?
− Oui, arrête de me fixer comme ça. Les sourcils froncés, on dirait le prez.
Il sortit son ordinateur.
− Je vous écoute, que s’est-il passé ?
Plus elles racontaient, plus le visage de Coll se crispait. Jill avoua le mauvais traitement qu'Annabelle lui faisait subir. Pas une larme ne coula, son esprit trop déterminé à faire croupir leur génitrice en prison.
− Est-ce que ça suffira ? demanda Mary.
− Avec les photos et vos récits, une enquête va être ouverte. En attendant, Mary pourra rester chez Jill sans soucis. J’en fais mon affaire.
La porte du bureau s'ouvrit sur le Président. Il tituba jusqu’au bureau pour y écraser ses mains.
− Tu devineras jamais quoi, hic, commença-t-il sous le regard attristé de Coll.
Il n’aimait pas voir son président aussi bas. La perte d’un être cher l’avait fait se réfugier dans l’alcool. Cela allait mieux certains soirs. Il savait qu’il avait rencontré Jill quelques heures plus tôt. Il se doutait bien que ses yeux verrons lui avait rappeler l’enfant qu’il été censé avoir. Peut-être aurait-il eu aussi les yeux verrons. Qui sait.
− Les filles, je vais vous demander de sortir.
Elles ne se firent pas prier et sortirent sans un mot. Jill n'aurait jamais douté de voir l’homme qu’elle avait tatoué l’après-midi, ainsi. Elle eut un pincement au cœur.
Sous un dernier regard plein de compassion, elles rentrèrent chez elles
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