1.1.2 Les premiers jours

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Nous patientons tranquillement en bavardant, la nouvelle se tient à l'écart. Nous sommes tous conviés dans la grande salle. Comme toute première année, c'est la répartition du Choixpeau. Je suis Serpentard, mes potes, Benoît et Sarah aussi. Alice et Rodrigue, maison Gryffondor, jusqu'ici aucune surprise. C'est au tour de la petite moldue aux yeux violets. Tout le monde la regarde depuis qu'elle est entrée. Ses yeux sont anormaux, même pour le monde magique. Son attitude aussi.

Les premières années sont anxieux, émerveillés, impressionnés. Maeve observe sans la moindre émotion les lieux. Pour une née moldue, la magie ne semble pas la surprendre beaucoup. Le Choixpeau est placé sur sa tête. Son soupir d'ennui est si fort que tout le monde l'entend jusqu'au fond de la salle.

La directrice, Mme Soenrart, lève un sourcil de désapprobation. Le Choixpeau est en plein débat. Il se dispute avec la fille. Je ne sais pas ce qu'elle lui dit dans sa tête, mais cela le perturbe. Les yeux de Maeve passent par toutes les couleurs de l'arc-en-ciel durant son débat mental avec le Choixpeau.

- Tu es intelligente, curieuse et travailleuse comme une Serdaigle fière, pour preuve ton langage distingué malgré tes origines modestes. S'exclame avec concentration le couvre-chef tandis que la petite chipie porte des yeux d'un bleu azur avec des reflets de bronze.

- Tu es courageuse, impulsive et passionnée également, telle une Gryffondor un brin tête brûlée, tu as déjà affronté des événements bien dramatiques pour ton âge sans jamais te laisser abattre, continue posément le chapeau alors que les prunelles de la miss passent au rouge sang aux éclats de paillettes d'or.

- Tu es loyale, persévérante et constante en amitié, une vraie Poutsouffle têtue, qui cherchera la meilleure solution pour protéger et défendre ses amis, envers et contre tous, poursuit amusée, la coiffe de la fillette à l'œil gauche jaune et l'œil droit noir.

- Tu es rusée, forte et espiègle, avec de véritables colères de Serpentard, tu as une haute opinion de toi et de tes capacités et cette opinion n'est pas sans fondement puisque tu es puissante et seras amenée à faire de grandes choses, termine avec surprise l'assemblage de cuir ornant la tête de Maeve. Celle-ci présente des yeux verts émeraude avec des chatoiements argentés.

Après de multiples changements, les yeux de la nouvelle se stabilisent en vairons hétéro-chromes. Œil gauche violet en haut, rouge en bas, œil droit vert en haut, noisette en bas. La vision est plus que dérangeante et effraye plusieurs personnes de l'assemblée.

- Tes qualités font que tu as ta place dans chacune des maisons. Tes défauts font qu'aucune ne te convient. Murmure le Choixpeau d'un air perplexe.

- Arrête de chanter. Cela me déconcentre. Crie-t-il soudain

- Tu aimerais être où ? Comment ça ailleurs ? Tu oses t'ennuyer ? Une telle insolence mériterait Serpentard, sermonne le couvre-chef.

- Mais je m'en fiche qu'ils soient tous moches les mecs de Serpentard. Les autres aussi ? Mais tu ne vas pas choisir ta maison en fonction de la tête des garçons tout de même ? Dit-il d'un air surpris.

- Comment ça, tu t'en fous de nos valeurs à la noix ? Bien sûr que si, nous les respectons. Arrête de chanter. STOPPPP j'ai dit STOPPPPP. Hurle le Choixpeau qui semble devenir fou.

Cela fait dix minutes que le Choixpeau hésite, même les professeurs s'interrogent. Je crois que c'est la première fois que le délai est aussi long. La première fois aussi que le Choixpeau se dispute aussi ouvertement et dans un langage aussi peu élégant. La jeune fille sourit et semble rigoler fortement dans sa tête. Soudain, M.Bordial, le professeur de potions et enseignant assistant Défense contre les forces du mal mais surtout le directeur de Serpentard se lève et se place face à la jeune fille .

- Suffit. Cette jeune rebelle va à Serpentard. J'ai l'habitude des cas difficiles.

Le Choixpeau abdique, à bout de souffle, à moins que ce ne soit Maeve aux yeux redevenus noisettes. Elle sourit au professeur, mais son sourire est un peu effrayant.

- SERPENTARD, hurle le pauvre Choixpeau qui semble épuisé.

La demoiselle se lève, fait une révérence au professeur puis vient s'asseoir à la table, à côté de moi et en face de Sarah. Sa mine joyeuse est consternante. Tous les regards sont posés sur elle. La rumeur qu'elle est née moldue est arrivée jusqu'aux oreilles de nos camarades Serpentard, sûrement grâce à mon cousin.

La couleuvre a du mal à passer. Les Serpentards restent des Sangs purs ou mêlés. Jamais un sang-de-bourbe n'a intégré nos rangs. Je sens le mépris dans les yeux de mes camarades de maison. Le professeur Bordial s'approche et lui murmure :

- Je vous ai à l'œil, miss rebelle.

Maeve lui répond d'un grand éclat de rire en se mordant la lèvre.

- Il ne faudrait pas qu'une sang-de-bourbe entache la réputation d'une maison de si haute noblesse, cher Professeur.

- Tout à fait. Dorénavant, vous êtes chez vous ici et devrez respecter votre maison qui est votre nouvelle famille.

- Chouette. J'adore le poste de vilain petit canard.

Le professeur toujours si sérieux d'après sa réputation et les fois où je l'ai croisé avec mes parents, qu'il connaît bien, esquive un sourire.

- Pas de doute, vous êtes une Serpentard miss rebelle.

Un éclair violet malicieux traverse les yeux de la jeune fille qui redeviennent très vite noisette. Le professeur rejoint la table des enseignants. J'entends la demoiselle rire doucement. Au bout de plusieurs minutes, Maeve se décide à lever la tête et fait un grand sourire à Sarah et Jamie ainsi qu'à Horace.

Elle observe la tablée, les regards mauvais semblant plus l'amuser que lui faire peur. Elle regarde les autres tables. Son regard croise celui d'Alice Potter. Celle-ci semble curieuse. Alice répond au grand sourire enfantin de Maeve ainsi que Rodrigue, par politesse.

Une Serpentard de dernière année commence à nous asticoter. Une sorte de bizutage. Je suis épargné en raison de mon nom de famille. Je défends mes potes et Sarah. La dernière année ne cesse d'insulter la moldue, qui se contrefiche de ses paroles. Sa capacité à ignorer la fille est impressionnante, digne d'une fille de haute naissance. Le repas se termine. Le préfet nous conduit à nos dortoirs. J'entends la demoiselle pester dans ses dents.

- P'tain va falloir que je me trouve un plan. Je sens que je vais me paumer dans ces escaliers.

-T'inquiètes pas mon petit canard. T'auras qu'à demander de l'aide à ton prince, je lui murmure d'un ton condescendant pour me moquer d'elle.

Maeve se tourne vers moi et me dévisage en penchant la tête sur le côté. Un passage oculaire rapide noisette, violet, noisettes. Elle décide de me faire un grand sourire et me dit d'un ton mièvre absolument énervant.

- OHHHH merci preux chevalier.

Sa réponse me donne envie de l'étrangler et en même temps de rire aux éclats. Garçons et filles se dirigent vers leurs dortoirs respectifs. Nous nous écroulons tous dans nos lits après cette journée intense en émotions.

Nous sommes réveillés le lendemain matin à l'aube par un cri de fureur. Les garçons descendent tous dans la salle commune. Nous y voyons les filles qui accourent, les dernières années étant poursuivies par un nuage d'eau qui s'acharne contre les jeunes femmes presque adultes.

Sarah nous dit que les filles dormaient à poings fermées. C'est le hurlement des dernières années qui les a réveillées. Personne n'a rien vu ou compris. En écoutant les beuglements des victimes de cette étrange persécution, nous comprenons que les presque diplômées ont tenté de bizuter les premières années filles.

Elles ont voulu leur jeter de l'eau froide pour les réveiller. L'eau s'est figée en l'air, puis multipliée et s'est retournée contre les dernières années. Elles sont trempées. L'eau qui ruisselle au sol semble partir et revenir inlassablement sur ses victimes. Prenant des formes effrayantes de serpents et parfois de dragons, le liquide s'acharne sur les dernières années qui n'arrivent pas à s'en débarrasser et lancent de nombreux sorts.

Mon petit canard, qui s'est posé sur un canapé, s'étire comme un chat. Elle est en pyjama long en polaire, une peluche de petit chat dans les bras. Un truc immonde blanc avec des licornes multicolore. Je ne peux m'empêcher de la taquiner sur sa tenue ...... Spéciale.

- Très Serpentard.

J'ai droit à un merveilleux sourire lumineux en guise de remerciement à ma pique.

- Je le savais que vous adoreriez votre majesté.

Bon sang. Une fille qui a autant de répondant que moi. Soit je l'adore, soit je la déteste. C'est la pagaille. Le préfet est allé chercher le professeur Bordial. Il observe la scène, puis la licorne qui rigole.

- Aqua Sequi ? Oh miss rebelle, je vous croyais plus intelligente

- Bonjour professeur. Même pas vrai. Je roupillais tranquille. Ce n'est pas moi ou alors c'est à l'insu de mon plein gré. Promis juré, rétorque la chipie avec une mauvaise foi si évidente que ça en est presque une confession.

Le professeur agite sa baguette. L'eau disparaît et les demoiselles se retrouvent sèches.

- À l'insu de votre plein gré, hein ? Prenez-moi pour un idiot encore une fois miss et je sévirais.

- Juré professeur. C'était inconscient. Je dormais vraiment. Un mécanisme d'auto-défense comme à Watergnies. C'est Tigrou qui n'a pas voulu se mouiller, dit-elle en agitant sa peluche pour amadouer le professeur. Son hilarité discrédite sa tentative d'excuses.

- Bon d'accord. J'aurais pu arrêter le déluge plus tôt. C'est juste l'histoire de l'arroseur arrosé, ronchonne la demoiselle.

Le professeur agite son doigt et sort des chambrées. La mine de sale gosse de mon petit canard arrache quelques sourires de la part des autres Serpentards. Les filles de dernière année sont furieuses et menacent de se venger. Sarah vient embrasser son frère puis Horace et moi. La petite Moldue interroge mes potes.

- Bonjour Jamie et Horace. Vous avez bien dormi ?

Maeve a un mouvement pour embrasser amicalement, mais devant le recul de mes amis, penche la tête et n'insiste pas. Son visage se ferme quelques instants. Devant moi, elle fait la révérence.

- Votre majesté.

Maeve part en courant s'habiller dans un éclat de rire.

-Rappelez-moi de l'étrangler la prochaine fois que je la croise les gars.

Mes potes se marrent. Même eux et Sarah n'osent pas se moquer de moi aussi ouvertement. Maeve nous rejoint dans la grande salle pour le petit-déjeuner. Ses yeux sont noisette. Elle a discipliné ses longs cheveux noirs frisés sous un chignon serré. Par sécurité, Sarah lui a réservé une place à côté d'elle et en face de son frère Jamie. Les deux filles bavardent assez froidement, peu, mais poliment. Je cherche dans mon livre de sortilège Aqua Sequi. Je ne le trouve pas.

Nous nous rendons à notre premier cours de l'année qui se trouve être en commun avec les Gryffondors. C'est le cours de Défenses contre les forces du mal. La petite moldue se mélange aux autres élèves. Je dois reconnaître que les Serpentards ne lui parlent pas trop, c'est donc bien normal qu'elle aille voir les autres. Ignorante des rivalités entre maisons du fait de se naissance moldue, elle ne se doute pas de l'accueil qu'elle risque de recevoir en tant que Serpentard.

Maeve est en grand papotage avec Alice et Rodrigue, en attendant le début du cours. Le professeur est en train d'installer du matériel et nous papotons tous dans un beau brouhaha. Alice est souriante tout comme les autres Gryffondors de sa cour. Rodrigue semble se pavaner. Mon petit canard sourit elle aussi, cependant, c'est plus une grimace pour les apparences, elle en me parait guère apprécier les paroles des deux andouilles devant elle.

Je meurs de curiosité et voudrait me rapprocher pour entendre. C'est impossible, les Serpentards ne se mélangent pas et surtout avec des Gryffondors. En plus, mes potes sont en plein débat sur un sujet que j'ignore, ne les écoutant pas. Les choses ont l'air de bien se passer, j'en suis ravie pour elle. Les Gryffondrors doivent avoir l'esprit plus ouvert que je ne le pensais, les Serpentards n'auraient même pas ouvert la bouche envers une Gryffondor. Nous ne nous abaisserions pas à de telles choses. Soudain, Rodrigue se prend une gifle monumentale.

- Vous êtes aussi cons que les Serpentards.

Maeve arrive en pétard. Ses yeux sont violets. Ses narines dilatées de colère. Je sens qu'elle se retient de sortir de la classe ou de tout casser. Elle fulmine, elle cherche quelque chose pour se défouler.

- Aussi cons que les Serpentards?

Je lui répète ses propres mots d'une voix douce.

- Ouaip. T'es le prince des cons. Le pire, c'est que je suis sure que t'es fier de l'être, me réponds t'elle d'une voix rageuse.

- Je suis un Malefoy. On est toujours fiers de nous, lui dis-je d'un ton prétentieux.

Elle boude et s'assoit en serrant les bras. Elle ne desserre plus les dents de toute la journée.

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