2.1.7 Attaque du Basilic

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Les grandes vacances arrivent enfin. Je pars avec mes parents aux USA. Ils sont étranges. Je les trouve changés. Ils sont irritables, moins affectueux avec moi. Ils se disputent sans cesse. Pas un jour sans une remarque blessante ou une pique assassine l'un envers l'autre. Les cris et les pleurs sont quotidiens, papa s'est même blessé à la main en frappant le mur. Je ne comprends pas. Ils sont si calmes et posés d'habitude. Leur comportement a radicalement changé en quelques mois. Je passe des vacances horribles.

J'écris à mes potes Horace et Jamie pour leur raconter mes malheurs. Peut-être qu'ils auront une autre vision, eux qui ne subissent pas les engueulades au quotidien. Quatre jours plus tard, ils me répondent par de longs courriers que Shadow a du mal à porter. La vision de ces missives me réchauffe le cœur avant même de les lire. Mes amis ne m'oublient pas.

Jamie ne sait pas trop ce qu'ont mes parents et s'étonne comme moi de ce soudain changement. Il essaye de me distraire en me racontant ses vacances. Lui et sa sœur Sarah s'amusent comme des gamins avec le reste de leur famille et préparent le baptême d'un nouveau cousin. Jamie fait des farces à sa sœur qui lui rend bien. Leurs gamineries me rendent le sourire.

Horace m'écrit qu'il a réussi à convaincre ses parents d'inviter pour l'été ses deux petites sœurs adoptives. Charline est un vrai ravissement de gentillesse et d'innocence. Maeve est polie et bien élevée. Froide et très peu affectueuse sauf envers Charline et lui. Il a compris que Maeve m'avait envoyé une "vision" et m'interroge sur le contenu. Je ne peux pas lui dire. Il serait trop triste.

Il me réconforte à propos de mes parents. Ce mec me connaît vraiment bien. Il trouve les mots pour me remonter le moral, comme un frère. Le père d'Horace bosse au ministère avec les miens et il a entendu qu'il y avait de gros soucis internationaux en ce moment. Il me rassure en me disant que c'est sûrement le stress. Je croise les doigts pour qu'il ait raison et que ce moment difficile soit bientôt qu'un mauvais souvenir.

J'ai déjà vu mes parents nerveux, mais jamais à ce point-là. On dirait que tout les irrite. Les difficultés de papa à se souvenir de la généalogie de maman exaspère celle-ci. Le côté tête de linotte de maman qui oublie toujours sa liste de courses énerve papa.

Mes questions, dues à mon jeune âge ou à mon ignorance sur certains sujets, contrarient mes parents qui me traitent d'idiot ou de bébé. Avant, ils m'expliquaient toujours les choses calmement et avec plaisir. Un soir qu'ils sont en train de s'engueuler, je finis par exploser de colère moi aussi.

- Si vous vous détestez à ce point, alors divorcez au lieu de m'envoyer vos rancunes à la gueule. Si vous m'aimiez vraiment, vous ne feriez pas ça. Vous penseriez à moi avant vos propres besoins.

Je leur crie dessus. J'en ai plus qu'assez de cette ambiance pourrie qui me donne envie de pleurer tous les soirs. Je veux retrouver mes parents aimants. Cela ne leur ressemble pas. J'ai les larmes aux yeux en hurlant ma peine. Mes parents stoppent leur dispute et restent éberlués de mon audace. Je m'attends à ce qu'ils s'excusent. Au lieu de ça, mon père dit d'une voix froide :

- Tu es consigné sans hibou pour le reste des vacances. Cela t'apprendra le respect de tes parents. Et j'aimerais que tu changes d'amis. Horace et Jamie ne sont pas dignes de toi.

Je reste sans voix. Mon père ne m'a jamais reproché mon amitié avec mes potes. Au contraire, il a toujours trouvé Horace adorable et très mature. Il m'encourageait dans cette amitié. Je ne comprends pas ce qui se passe. Je me tourne vers ma mère en quête de réconfort. Elle a les yeux vides, dépourvue d'émotions. Elle ne me regarde même pas et déclare :

- Dorénavant, tu fréquenteras ton cousin et Louise Nott. De plus, je ne veux plus que tu adresses la parole aux sœurs d'Horace. La brune a tué ton oncle. Pour l'honneur de ta famille, tu dois cesser tes amitiés impures.

Je suis sous le choc. Je pars en courant vers ma chambre. Ce n'est pas possible. Ce ne sont pas mes parents. Quelque chose cloche. Comment ont-ils su pour Maeve ? Ils ne m'ont jamais interdit de parler à qui que ce soit. J'ai mal à la tête. Quelqu'un cherche à rentrer dans mon esprit. Malgré mes cours, j'ai du mal à résister. Je murmure en pleurant :

- Maeve... Arrête. Tu me fais mal.

À la seule pensée de mon petit canard, je ressens d'un seul coup un immense froid. Mon corps se raidit, frigorifié. La douleur cesse, le froid semblant l'avoir anesthésié. J'ai une vision du nouveau compagnon de ma tante assis dans le salon tenant une photo de moi.

Je comprends aussitôt que c'est lui et non Maeve qui essaye d'entrer. Penser à Maeve me permet de stopper l'intrusion. Je murmure « Incendio » pour me réchauffer et j'aperçois la veste de l'homme s'enflammer. La tentative d'intrusion est stoppée. La douleur, le froid et la vision s'arrêtent brutalement..

Je suis haletant dans ma chambre. Je reprends doucement mon souffle. J'ai l'impression d'avoir couru sur des kilomètres par une nuit de tempête de neige. J'entends ma mère qui monte. Elle rentre sans frapper. Maman me voit assis par terre et blanc. Elle ne montre pas la moindre émotion. Je me lève et me dirige vers elle. J'ai besoin de réconfort.

- Maman... Quelque chose cloche. Je ne me sens pas bien. Aide moi. J'ai besoin de toi.

Elle me regarde durement, puis elle me gifle. Je retombe au sol, choqué et ne parvenant pas à réaliser ce qui vient de se passer. Elle n'avait jamais levé la main sur moi. À peine haussait-elle le ton quand elle me grondait. Maman n'a jamais montré le moindre signe de violence auparavant, préférant toujours discuter pour résoudre les problèmes.

- Comment oses-tu lui fermer ton esprit ? Comment oses-tu brûler sa veste ? Tu n'es plus mon fils. Je t'amène à lui pour te discipliner.

Elle se saisit de mon avant-bras et transplane sans me laisser le temps de respirer. Je me retrouve devant la demeure de ma tante en Angleterre, vomissant de mon estomac retourné. Mon père arrive dans la seconde. Il se saisit de mon autre bras. Nous rentrons malgré mes protestations. Je me retrouve devant l'homme qui sourit méchamment.

- Comment as-tu fait ça ? Comment as-tu peux lancer un sort à sur cette distance ?

Il pointe sa baguette sur moi sans que mes parents ne réagissent. Il lance son sortilège pour rentrer dans mon esprit. "Legilimens". Une violente brûlure me traverse les tempes. J'essaye de résister, de le repousser de mon esprit. Le froid revient calmant la douleur, accompagnée d'une image. La seule image que l'homme parvient à voir.

Une couronne de pâquerettes. Maeve est en train de m'aider. Je ne sais pas comment je sens sa présence. À chaque tentative d'intrusion de l'homme, un picotement glacial me traverse et crée un mur de protection.

À moitié conscient, j'entends un miaulement puis un sifflement de serpent. Je suis de retour dans le salon de ma tante. Un immense Basilic à ailes de dragon s'est interposé entre moi et l'homme. La bête immense attaque le compagnon de ma tante. La chimère me dissimule aux yeux de l'assistance.

L'homme fait de son mieux pour se défendre et enchaîne les sorts. Ma tante et mes parents veulent aider l'homme à leur tour. Ils ne me surveillent plus, occupés à se battre contre l'immense reptile vindicatif.

Un balai apparaît à mes côtés. Sans réfléchir, je grimpe dessus et m'enfuis. Le balai s'envole par la fenêtre ouverte et je m'éloigne le plus vite possible de ce lieu infernal. Je tremble et j'ai du mal à me tenir correctement. Le balai m'emmène dans une direction qui j'ignore, les larmes brouillant ma vision ne me permettant pas de reconnaître quoi que ce soit. J'entends Maeve dans ma tête, sans douleur ou froid cette fois.

- Rendez-vous dans une heure à Pré au lard aux trois chaudrons, prince des cons. Le Professeur Bordial viendra te chercher pour te mettre en sécurité.

J'arrive enfin en état de choc. Les questions se bousculent dans ma tête. Je suis à bout de forces et prêt à faire une crise de nerfs. J'aperçois le professeur qui m'enveloppe d'une cape puis me tire dehors. Il me ramène à Poudlard dans ses appartements, me demandant ce qui s'est passé.

Le professeur m'explique avoir eu une immense migraine puis il a entendu une voix lui ordonnant d'aller aux trois chaudrons de toute urgence, Oliver Malefoy allait arriver et était en grand danger.

Je n'arrive pas à parler. Je tremble et me balance sans réussir à ouvrir la bouche. Plusieurs Aurors arrivent et participent à ses questions. Je ne peux pas parler. Je n'arrive même pas à rassembler mes souvenirs. Soudain, le père d'Horace rentre en trombe avec mon pote.

- Mec ! Que s'est-il passé ? Maeve, elle s'est sentie mal. Elle a changé plusieurs fois de couleurs puis a fini par me dire que tu étais en danger. Elle m'a ordonné d'aller à Poudlard tout de suite. Elle s'est évanouie juste après.

En voyant mon ami, j'éclate enfin en sanglots et raconte tout. Les Aurors prennent mon témoignage. Il est décidé de ne dire à personne où je suis. Les Aurors nous raccompagnent chez les parents d'Horace et lancent des sortilèges de protection autour de sa maison. La mère d'Horace arrive en courant et me serre dans ses bras. J'ai une tête pas possible d'après elle.

Nous rentrons tous à l'intérieur. Maeve est allongée sur le divan. Elle est très pâle et semble aussi fatiguée que moi. Ses yeux et ses cheveux sont violets. Charline la couvre de bisous. Je sais qu'elle est intervenue. Je voudrais la remercier, mais je ne sais pas comment après notre violente dispute.

- Je. Merci. Je...

Maeve se redresse. Ses yeux violets sont troubles. Bien qu'épuisée, la colère dans ses prunelles reste visible. Son regard me glace. Maeve me parle, sèchement.

- Tes parents. Ils sont sous le joug d'un Impero. C'est ta mère qui m'a contacté. Une sorte de rêve. Où elle me suppliait de te protéger. Je ne peux pas t'expliquer. Je ne sais pas moi-même comment. Un truc me lie à toi. C'est pour ça que j'arrive à te parler dans ta tête sans douleur. Que tu vois parfois mes visions ou ressens mes sentiments.

J'ai perçu la première attaque de l'homme. Je t'ai aidé à la contrer. D'après Charline, mes cheveux sont devenus verts à ce moment-là. Ensuite, alors que je reprenais mon souffle, j'ai senti la deuxième attaque. Il paraît que j'ai lévité dans les airs et suis devenue blanche puis verte. J'aurais parlé en Fourchelangue, la langue des serpents. Le Basilic... Je. C'était moi. Du moins une partie de mon esprit qui a pris forme solide. J'étais là en quelque sorte. Je t'ai vu t'enfuir.

Elle se tourne vers le Professeur Bordial et les Aurors. Sa colère, encore contenue face à moi, semble sortir. Ses yeux violets deviennent rouge sang et son visage se transforme avec un rictus méprisant des lèvres et un nez dont les narines s'élargissent. Maeve respire profondément, prête à exploser de fureur. Elle leur aboie dessus.

- J'ai invoqué un Basilic. Ne me demandez pas comment. J'ai senti Oliver en danger. Je n'ai tué personne cette fois. Je les ai juste empêchés de partir à sa poursuite. Dès que vous avez récupéré Oliver, le Basilic a regagné un coin de mon cerveau de monstre. Professeur. Après le départ d'Oliver... J'ai revu la femme. Ma mère. Elle était chez les Lestrange. Mon Basilic ne parvenait pas à l'attaquer. Elle a souri à la bête. Elle m'a parlé en fourchelangue. Elle m'a dit que son arrière-petit-fils, le vrai héritier des Serpentards m'anéantirait bientôt.

Les Aurors vacillent sous le choc des nouvelles. Un sortilège impardonnable lancé sur la famille Malefoy, des Mangemorts, l'annonce d'un descendant de Voldemort et l'invocation d'un Basilic par une enfant de treize ans. C'est trop pour eux. Pour moi aussi. Mes jambes ne me portent plus.

Horace eu juste le temps de me rattraper avant que je ne m'écroule. Il me soutient jusqu'au canapé où je prends place aux côtés de Maeve. J'ai du mal à respirer sous la chute d'adrénaline. Maeve me regarde, son ton se radoucit et elle me chuchote avec douceur :

- Ta mère t'aime. Infiniment. Je l'ai ressenti dans mon rêve. Elle m'a supplié de te sauver. D'empêcher l'homme de te faire du mal. Son corps ne lui répond plus, mais son esprit t'aime. Je suis désolée. Je ne sais pas pourquoi ils s'en prennent à toi et ta famille.

Je hoche la tête pour la remercier de me dire ça et d'être intervenue. Je la déteste en même temps. J'ai l'impression que c'est de sa faute ce qui m'arrive en ce moment. Et puis elle m'a dit prince des cons, ce qui prouve qu'elle est encore en colère contre moi.

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