Chapitre 7 : L’écho d’une chambre partagée
Le café rouge sentait encore la cannelle tiède et le bois humide. Les plantes suspendues penchaient un peu, fatiguées par l’air trop sec, et les chaises grinçaient doucement chaque fois que quelqu’un bougeait. La lumière passait à travers les vitres en oblique, dorée mais discrète, comme un après-midi qui s’excuse d’être encore là.
J’étais venue sans raison claire.
Ou plutôt, sans m’avouer la vraie.
Mes jambes avaient pris le chemin toutes seules, comme si elles savaient ce que je refusais encore de formuler. Une part de moi espérait. Pas une apparition. Pas un miracle. Juste... un regard.
Et puis elle est entrée.
Pas bruyamment, pas comme la première fois.
Mais elle portait toujours ce feu.
Cette façon d’ouvrir la porte sans demander pardon. Gaëlle. Jean troué, baskets sales, veste trop large, sac en bandoulière dont le zip coinçait. Elle avait le visage un peu rouge, les cheveux en bataille, et ce souffle court qui donnait l’impression qu’elle venait de courir tout droit depuis une autre vie.
Elle m’a vue tout de suite. Son visage s’est ouvert, comme une lumière intérieure.
— Lena.
Un mot. Mon prénom. Mais dit comme une évidence, pas comme une surprise.
Je me suis levée. Un peu trop vite. Elle a ouvert les bras. Je ne sais pas pourquoi j’y suis allée. Mais je l’ai fait.
Un contact franc. Chaud. Vivant.
Elle ne m’a pas serrée comme une chose fragile. Elle m’a tenue comme on tient quelqu’un qu’on ne veut pas voir tomber.
— Tu m’as manqué, a-t-elle dit, comme si c’était normal de le dire après si peu de rencontres.
Je n’ai pas su quoi répondre. Ma gorge s’était contractée. J’ai juste hoché la tête. Elle m’a attrapée par le poignet, m’a entraînée jusqu’à sa table, m’a commandé un chocolat chaud sans me demander ce que je voulais.
— Tu fais une tête de fille qui a oublié ce que c’est que de respirer, a-t-elle dit en me fixant avec cette lucidité qui perce les murs les plus épais.
Je n’ai pas nié. Je n’ai pas confirmé non plus.
Je me suis assise. Les mains sur mes genoux. Le silence entre nous n’était pas vide. Il était attentif.
Gaëlle me regardait sans pitié. Sans curiosité non plus. Juste... comme une présence qui laisse la place. Elle ne me posait pas encore de questions. Mais je sentais qu’elles étaient là, en attente. En suspens. Comme des cordes qu’on n’a pas encore tirées.
— J’ai peut-être trouvé un appart, dit-elle soudain, en buvant une gorgée de son café.
J’ai levé les yeux.
— À Paris. Quartier calme, grand salon, deux chambres. Lumière de l’après-midi. Pas cher. Presque propre.
Elle a souri.
— Il manque juste un fantôme pour l’habiter avec moi.
Je l’ai fixée. Incapable de parler. Mon cœur avait bondi. Pas d’espoir. Pas de projet. Juste une pulsation que je n’avais pas sentie depuis longtemps.
— Je suis sérieuse, a-t-elle ajouté.
Elle a posé sa main sur la mienne.
— Si t’as besoin d’air. De place. De quelqu’un qui ne te demandera rien. Viens. On fera pas de promesses. Juste du calme.
J’ai senti mes yeux picoter. J’ai tourné la tête. Elle n’a rien dit de plus. Elle a laissé sa main là, quelques secondes encore. Puis elle l’a retirée. Et elle m’a raconté une anecdote idiote sur un pigeon qui l’avait attaquée à la gare Montparnasse.
Je l’ai écoutée. Vraiment.
Et dans son rire, dans ses gestes, dans sa façon de ne rien exiger, j’ai senti quelque chose que j’avais oublié : la possibilité de respirer sans avoir à se justifier.
Le retour fut lent. Comme s’il fallait user mes semelles pour justifier ce que j’allais dire. Chaque pas pesait un peu plus que le précédent. Mon cœur cognait, mais pas d’excitation. Pas de joie. De cette angoisse sourde, épaisse, qui monte quand on sait qu’on va déclencher quelque chose — et qu’on n’aura plus moyen de le retenir.
L’appartement sentait le renfermé et le tabac. Toujours. Gaylord était affalé sur le canapé, torse nu, une cigarette dans une main, une canette dans l’autre. Il fixait l’écran sans vraiment le regarder.
— T’étais où ?
Sa voix était neutre. Trop neutre. Comme posée à plat, sans bord, sans chaleur.
Le même rituel, la même phrase. La même question.
— Je suis passée au café.
Je retirai ma veste. Je la pliai. Je cherchais mes mots.
— T’aurais pu prévenir.
— J’avais besoin de marcher un peu.
Il haussa les épaules, reprit une gorgée. Le silence entre nous n’était pas tranquille. Il était tendu. Comme une nappe posée trop vite sur une table bancale.
Je restai debout, près de la table. Ma voix est sortie sans que je la reconnaisse.
— J’ai vu Gaëlle.
Il tourna lentement la tête.
— La fille qui rit trop ?
Je ne répondis pas.
— Elle m’a proposé une colocation.
Je crus voir son regard se rétrécir. Une infime seconde. Mais assez pour me couper le souffle.
— Et ?
— Et j’y pense.
Je n’ai pas dit "je vais y aller". Pas encore. Mais c’était là, dans mes yeux.
Il s’est redressé. Lentement. Trop lentement.
— Tu comptes me laisser, comme ça ?
Sa voix avait changé. Elle était plus grave. Un ton plus bas. Comme s’il contenait quelque chose.
— Je te laisse pas. Je… j’ai besoin d’air. D’un endroit à moi. D’un peu de calme.
— Et ici, c’est quoi ? Un trou à rats ? Un piège ? Moi, je suis quoi ? Ton geôlier ?
Je fis un pas en arrière. Mon dos frôla la chaise.
— Non. C’est pas ça. Mais j’étouffe, Gaylord. Même quand tu dis rien, je me sens... enfermée.
Il s’est approché. Deux pas. Pas violents. Mais rapides.
— Tu parles comme si j’étais le problème.
— C’est pas toi. C’est moi.
Il ricana. Court. Sec.
— Ah, la fameuse phrase.
Il s’arrêta à un mètre de moi.
Ses yeux étaient noirs. Pas de colère explosive. Mais cette tension, ce verrou qui saute à l’intérieur.
— Tu veux partir. C’est ça ?
Je ne répondis pas.
Je sentais mes mains trembler. Je ne voulais pas qu’il les voie.
Et soudain, sa main a claqué le mur à côté de moi. Pas contre moi. Pas sur moi. Mais tout près.
Juste pour faire mal à l’air.
Je sursautai.
Il se pencha légèrement. Son visage tout près. Trop près.
— Tu vas aller vivre avec ta copine aux cheveux blonds et à la grande gueule ?
— C’est pas une copine.
— Non. C’est une échappatoire.
Il se redressa, fit trois pas vers la fenêtre, la referma brutalement. Le bruit claqua dans la pièce.
— Tu veux qu’on parle ? Très bien. Mais parle jusqu’au bout, Lena.
Je reculais lentement. Je n’avais pas peur d’un coup. Pas vraiment. Mais d’une perte de contrôle. D’une minute trop longue. D’un geste qui franchit la ligne.
Il revint vers moi. Plus lentement. Il leva la main.
Je crus un instant qu’il allait la poser sur moi.
Mais il la laissa retomber. Il ferma les yeux. Soupira.
— T’es fatiguée. T’es perdue. Et elle en profite.
Il murmura, presque doux :
— J’veux juste te protéger, Lena.
Je baissai les yeux.
Et j’ai menti.
— Je vais y réfléchir.
— Réfléchis, ouais. Mais reviens entière.
Il se détourna.
Je filai dans la chambre. Le souffle court.
Ma guitare me regardait depuis le mur. Je posai une main dessus, comme sur une ancre. Je la prend contre moi Je m’assis au fond du lit, le dos contre le mur, la guitare blotti dans mes bras.
Et je sus.
Je ne pouvais pas encore partir.
Pas aujourd’hui.
Mais il fallait que je trouve comment fuir.
Je comptais les jours. Les semaines peut-être.
Gaylord était sorti. Je ne savais pas où. Pas pour longtemps, m’avait-il dit en m’embrassant distraitement sur le front, comme on marque un territoire.
Mais suffisamment pour que je tente quelque chose.
J’avais pris un sac à dos. Pas grand-chose dedans. Deux tee-shirts, un sweat. Mon carnet. Et ma guitare. Je ne pouvais pas partir sans elle. Elle était la seule chose qui m’appartenait vraiment. Le seul son à moi. J’avais appris a jouer un peu mieux, mais pas encore assez.
Je l’avais glissée dans sa housse, calée contre le mur.
Le plus dur n’était pas de décider. C’était de ne pas trembler. De ne pas faire de bruit.
Je m’étais approchée de la fenêtre. Ouverte doucement. Les gonds grinçaient un peu. Je m’étais figée. Rien. Pas de pas dans le couloir. Pas de voix. Juste ce silence tendu, qui pesait comme une attente.
Le vent du dehors sentait l’humidité, la ville.
La ruelle en bas n’était pas très large. Mais le sol paraissait loin. Trop loin.
Quatre étages.
Je scrutai la gouttière. La rambarde. Je mesurai du regard ce que je n’osais nommer : le saut.
Je pouvais m’asseoir sur le rebord. Me laisser glisser jusqu’au balcon du dessous. C’était faisable. Peut-être.
Ou pas.
Mes jambes étaient raides. Mon cœur battait si fort qu’il couvrait mes pensées.
Je pris une inspiration. Une grande. Une dernière. Je passai une jambe par-dessus la fenêtre. Je m’accrochai au cadre. Le vide m’aspira d’un coup. L’air semblait plus froid, plus lourd.
Ma main chercha un appui. Le bord de la fenêtre. Une irrégularité dans le mur. Rien ne tenait. Rien ne voulait m’aider.
J’essayai encore. Je tentai d’avancer. Juste un peu.
Mais je glissai.
Pas vraiment. Pas complètement.
Juste assez pour comprendre.
C’était trop haut.
Je n’y arriverais pas.
Je restai là, perchée, fragile, ridicule, une jambe dehors, l’autre dedans. Prête à partir. Incapable de le faire.
Et la honte est montée d’un coup.
Pas une honte bruyante. Une honte sourde. Glacée. Celle de se savoir prisonnière de sa propre peur.
Je me suis repliée. Lentement. Sans bruit. J’ai refermé la fenêtre. Mes doigts tremblaient. Mes genoux aussi.
Je suis retournée dans la chambre. J’ai posé mon sac à côté de la guitare. J’ai enlevé mes chaussures. Je me suis assise sur le lit.
Et j’ai attendu.
Pas Gaylord.
Pas un miracle.
Juste moi. De redevenir assez forte pour recommencer.
Mais ce soir-là, j’étais battue.
Je crois que c’est ça, la défaite : pas l’échec, pas la peur. Mais cette sensation d’être allée jusqu’au bord…
Et de n’avoir pas sauté.
Mon téléphone était resté éteint depuis des jours. Par précaution. Par oubli. Par peur.
Gaylord n’aimait pas que je le consulte « sans raison ». Et de toute façon, j’avais arrêté de croire qu’il y avait des raisons valables.
Mais ce soir-là, après la tentative manquée, alors que j’étais allongée sur le lit, le dos tourné au plafond, je l’ai rallumé. Juste pour voir. Juste pour entendre une autre voix, peut-être.
Il s’est allumé lentement, comme s’il revenait d’un coma.
Une rafale de notifications a rempli l’écran. Des messages non lus. Des appels manqués. La majorité d’eux venaient de Jade, de Lila. Quelques-uns d’inconnus.
Et puis… son nom.
Gaëlle.
Un message.
Court.
Envoyé la veille.
« J’ai pensé à toi. Si jamais t’as besoin d’air, je connais un endroit. Tu sais où me trouver. »
Pas de point d’exclamation. Pas de pression.
Juste une phrase posée là, comme une main ouverte.
Je l’ai relue plusieurs fois. Je ne savais pas quoi répondre. J’avais envie d’écrire « maintenant », mais j’étais encore dans cette chambre. Et j’avais encore cette peur au ventre.
Alors j’ai tapé :
« Je veux sortir. »
Puis j’ai effacé.
Puis j’ai réécrit.
« Tu crois qu’on peut encore respirer quand on est restée trop longtemps sans air ? »
Je l’ai envoyée. C’était déjà trop. Ou pas assez.
La réponse est arrivée quelques minutes plus tard.
« Bien sûr. Il suffit d’un endroit. Et d’une personne. »
Pas plus.
Mais ça m’a suffi.
J’ai serré le téléphone contre moi. Pas très fort. Mais comme un fil ténu vers quelque chose de plus vaste.
Un ailleurs.
Un futur, peut-être.
La serrure a tourné plus tôt que je ne l’avais imaginé.
Pas de cliquetis maladroit. Un seul mouvement. Net. Contrôlé. Comme s’il avait prévu son entrée. Comme s’il voulait que je l’entende.
Je n’ai pas bougé. Assise sur le lit, la guitare entre les jambes, je grattais doucement une corde. Un son voilé, inoffensif. Ma façon à moi de dire : je suis encore là.
Il est apparu dans l’encadrement de la porte.
Son regard a balayé la pièce en une seconde. Mon corps. La guitare. Mon visage. Le téléphone dans un coin. Il n’a rien dit.
— T’es sortie ? demanda-t-il, la voix trop calme pour être vraiment douce.
Je secouai la tête.
— J’ai juste ouvert la fenêtre. Fallait que ça respire un peu.
Un silence. Trop long pour être neutre.
Il s’est avancé. Lentement. Puis il s’est assis au bord du lit, juste à côté de moi.
Son genou touchait le mien. Je ne respirais plus tout à fait pareil.
— J’ai vu que t’avais ton téléphone… Il est revenu à la vie ?
— J’avais besoin de musique, j’ai soufflé.
Il a hoché la tête, mais je sentais que quelque chose en lui se pliait. Se tendait.
Il a posé une main sur mon genou.
J’ai senti ses doigts appuyer un peu trop fort.
— T’as parlé à quelqu’un ?
— Non. J’ai juste regardé… rien d’important.
Il s’est penché un peu, son visage près du mien.
Je pouvais sentir son souffle.
Il a glissé ses doigts sous mon menton pour me forcer à relever les yeux.
— Dis-moi si je dois m’inquiéter, Lena.
Sa voix était basse, lente, presque douce.
Mais ses yeux disaient autre chose. Une tension rentrée. Une faille prête à exploser.
J’ai secoué la tête.
Pas pour mentir. Juste pour survivre.
Il m’a regardée encore un instant. Puis il s’est redressé, s’est levé sans un mot, et a traversé la pièce pour allumer une cigarette.
Je suis restée figée.
Et dans cette immobilité-là, j’ai compris : il savait.
Pas exactement. Pas les détails.
Mais il sentait. Que quelque chose bougeait en moi. Que je regardais ailleurs. Que je rêvais d’un dehors.
Et ça, c’était déjà trop.
Le soir est tombé d’un coup. Comme une couverture trop lourde, jetée sans prévenir sur mes épaules.
Gaylord était là. Depuis des heures. Il ne disait presque rien. Il tournait en rond. Il ouvrait un tiroir, le refermait. Allumait une clope. L’écrasait à peine commencée.
Moi, je me faisais petite. Silencieuse. Précautionneuse. Comme une souris dans un nid trop étroit.
Je n’osais même plus poser la guitare contre le mur : j’avais peur qu’un bruit trop sec l’énerve.
Il avait changé. Pas brusquement. Pas violemment. Mais comme une eau qui chauffe. Une lente montée. Une présence plus dense, plus collée.
Il m’observait. Pas comme avant. Pas comme quelqu’un qui aime.
Comme quelqu’un qui doute. Qui surveille. Qui contrôle.
— Tu sors demain ? a-t-il fini par demander, sans me regarder.
— Non.
— T’es sûre ?
— Oui.
Il a hoché la tête. Puis il a fermé la fenêtre à double tour. Lentement.
Il a glissé la clé dans sa poche, sans rien dire.
Je l’ai vu. Je l’ai senti. Et j’ai compris.
Quelque chose avait basculé.
Ce n’était plus simplement moi qui restais. C’était lui qui commençait à m’empêcher de partir.
Il n’a pas haussé la voix. Il n’a pas crié. Il n’a rien cassé. Il s’est juste allongé sur le lit, bras derrière la tête, et il a dit :
— T’es mieux ici. Le monde dehors, il te mérite pas.
Je n’ai pas répondu. Pas parce que j’étais d’accord. Mais parce que j’avais peur de ce que ça déclencherait si je disais non.
Alors j’ai ramassé ma guitare. Je suis allée m’asseoir dans un coin de la pièce, dos au mur.
Et j’ai gratté une corde. Une seule. Un son maigre. Triste. Vrai.
Le regard de Gaylord flottait sur moi. Et dans ses yeux, il n’y avait plus d’amour. Juste une possession fatiguée. Comme s’il me gardait là pour ne pas être seul.
Pas pour me rendre heureuse.
Pas pour me voir respirer.
Il était sorti. Tard. Pour "acheter des clopes", avait-il lancé en claquant la porte. Je n’avais pas répondu, mais à peine le bruit de ses pas dans l’escalier disparu, mon corps s’était redressé, en alerte. J’ai attendu dix minutes, le cœur battant, à compter les secondes dans ma tête. Puis j’ai vérifié la porte : verrouillée, bien sûr. J’ai filé vers la fenêtre.
Le battant grinçait à peine. L’air froid est entré d’un coup. J’ai regardé en bas. Quatrième étage. Une gouttière rouillée, une corniche trop étroite, le sol trop loin. J’ai tenté d’imaginer un chemin, une prise, une issue. Mes doigts moites glissaient sur le bois. J’ai posé un pied sur le rebord. Mon ventre s’est tordu.
Le vide m’appelait autant qu’il me terrifiait. Et dans ce vertige, j’ai compris : je ne pourrais pas. Pas ce soir. Pas comme ça. J’ai reculé lentement, les jambes molles, les yeux brouillés. Je me suis laissée tomber contre le mur, sous la fenêtre. Je n’ai pas crié. J’ai juste pleuré, en silence. Pas de panique. Juste un renoncement.
Je n’étais pas libre. Pas enfermée entre des barreaux, mais dans quelque chose de plus flou, plus insidieux. Un lien qu’on ne voit pas. Une chambre partagée avec un amour devenu cage. Un "je t’aime" qui m’effaçait. Et j’étais là, incapable de partir, simplement parce que je ne savais plus comment on fait. Je me suis recroquevillée sur moi-même, la gorge nouée. Et dans un souffle que personne n’entendrait, j’ai murmuré : « Aide-moi. »
Mais personne n’est venu. Pas cette nuit-là. Pas encore.
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