4.

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En montant dans sa voiture, Sarah repensa à la discussion de la veille avec Léandre. Son enthousiasme surprenant à l’idée qu’elle vienne passer le week-end en Normandie la laissait perplexe. Pour elle, ce voyage n’avait rien d’enthousiasmant.

— Vous voulez que je vous recommande un hôtel ? proposa Léandre, comme pour alléger la tension.

— Je… euh… je ne sais pas, répondit-elle, hésitante, incapable de formuler une vraie décision.

— Sinon, vous pouvez rester ici…

Un silence s’installa. L’idée de passer du temps dans la maison d’un parfait inconnu la rendait nerveuse. Pourtant, en croisant le regard de Henry sur le portrait au-dessus de la cheminée, le sourire figé sur ses lèvres, elle sentit une vague de nostalgie. Ce visage semblait lui murmurer de ne pas fuir.

— Très bien, dit-elle finalement. C’est d’accord.

Les quatre heures et demie de route passèrent plus vite qu’elle ne l’aurait imaginé. Le ciel normand s’était éclairci après les trombes d’eau qui l’avaient accompagnée depuis Châteaudun. L’air iodé s’infiltra par la fenêtre entrouverte et le parfum de la mer lui fit oublier un instant ses inquiétudes.

Lorsqu’elle aperçut le panneau indiquant Flamanville, le paysage l’arrêta net. Devant elle, un petit chemin serpentait entre des pins et menait à une maison en pierre, lovée sur un promontoire rocheux qui surplombait une dune. Sur la plage, une vieille barque de bois semblait figée dans le temps, seul contraste fragile entre la terre et la mer. Le vent jouait dans les branches et transportait un parfum salé, doux et nostalgique.

Sarah resta immobile, absorbée par cette beauté qui lui semblait étrangement familière. Elle était certaine de n’y avoir jamais mis les pieds et pourtant, quelque chose en elle la reconnaissait.

Un berger australien surgit et s’assit devant elle, la langue pendante et le regard joyeux.

— Bonjour, toi… murmura-t-elle, adoucissant ses traits.

Le chien se frotta contre ses jambes, cherchant une caresse.

— Susie adore les nouvelles rencontres, lança une voix derrière elle.

Léandre apparut, décontracté et chaleureux. Son pull blanc cassé à rayures bleu marine et son pantalon de lin retroussé aux chevilles, pieds nus, dégageaient une aisance naturelle. Ses yeux brillaient derrière ses petites lunettes rondes et cette attitude inspira immédiatement un étrange sentiment de confiance à Sarah.

— Cet endroit est… magique, murmura Sarah. J’ai l’impression de…

— De sentir la présence de Henry ? termina Léandre avec un sourire complice. Moi aussi.

Un silence s’installa. La mer étincelait sous le soleil et Susie gambadait joyeusement autour d’eux. Pour la première fois depuis sa rencontre avec Léandre, Sarah sentit son cœur s’apaiser. Le vent iodé et le paysage semblaient dissiper peu à peu la tempête de ses émotions.

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