6.

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Sarah resta figée quelques instants, déstabilisée par la sincérité brute de Léandre. La colère et la rancune qu’elle nourrissait depuis leur rencontre s’entrechoquaient avec une reconnaissance inconfortable de la vérité. Peu à peu, elle prit conscience de la méchanceté et de l’impolitesse de sa propre réaction. Cet homme n’était pas venu pour la blesser : il n’avait fait que suivre la promesse qu’Henry lui avait confiée. Sa bonne éducation lui murmurait de s’excuser, tandis que son orgueil et sa rancœur la retenaient.

— Je vous présente mes excuses, parvint-elle à dire du bout des lèvres.

Léandre soupira, légèrement agacé, et se leva pour s’isoler sur la terrasse, espérant que l’air marin balaye ses pensées. Sarah éclata en sanglots, se laissant envahir par la complexité de ses émotions. Cet homme, qu’elle voyait comme l’amant de son mari, était aussi le messager de vérités qu’elle n’était pas prête à entendre. Pourtant, dans un coin de son esprit, elle savait qu’il n’avait commis aucune faute. Sauf qu’il lui était impossible de blâmer Henry.

« Qu’ai-je fait pour mériter une telle épreuve, Henry ? » murmura-t-elle.

Une question lancinante qui demeurait sans réponse.

Elle laissa son regard se perdre dans le ballet hypnotique des flammes dans la cheminée, cherchant un réconfort que seule la nature pouvait lui offrir. Puis, d’un geste résolu, elle essuya ses larmes et prit la décision de rejoindre Léandre.

Lorsqu’elle entrouvrit la baie vitrée, le vent froid lui glaça le visage. Elle saisit les deux plaids à carreaux posés sur le coffre à bois et en enroula un autour de ses épaules. Un frisson la parcourut, éveillait par un souvenir fugace du parfum de son époux. D’un geste de rancune, elle ôta le plaid et se couvrit avec l’autre avant de sortir.

Léandre était accoudé à la rambarde, le regard perdu vers l’horizon. La lune éclairait la mer agitée par les vents et à travers la nuit claire, les lumières de l’île de Guernesey scintillaient au loin. Le son des vagues et le souffle du vent avaient quelque chose d’apaisant, comme une invitation à laisser filer les tensions.

Sarah posa délicatement le plaid sur les épaules de Léandre qui la remercia d’un regard humide, avant d’inspirer profondément l’air salé, comme pour s’ancrer dans le moment. Elle s’approcha et se tint à ses côtés, posant ses bras sur le garde-fou. Un silence complice s’installa, les mots inutiles face à la douceur du vent et à la force tranquille de la mer. La rancune, la douleur et le chagrin se dissipaient un peu, emportés par la respiration profonde et régulière de l’océan.

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