9.

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Léandre remarqua son trouble.

— Vous m’accompagnez au marché ? Je pensais préparer un pot-au-feu pour le déjeuner, qu’en dites-vous ? tenta-t-il, espérant l’apaiser.

Sarah hocha timidement la tête.

— Pourquoi est-ce si dur ? murmura-t-elle en baissant les yeux vers le fond de sa tasse.

— Parce que cela nous fait du bien, répondit Léandre en portant son café à ses lèvres.

Sarah leva les yeux, intriguée.

— Même cette douleur ? demanda-t-elle.

— Même cette douleur, répondit-il. Elle nous rattache à l’amour que nous portions à Henry. Les souvenirs seuls ne suffisent pas, ce pincement au cœur est le témoin vivant de sa présence.

Il posa doucement sa main sur celle de Sarah et pointa de l’autre l’anneau serti d’une émeraude à son annulaire.

— Henry m’a offert cette bague en me promettant qu’un jour il m’épouserait. Même s’il ne pourra pas tenir cette promesse, je sais au fond de moi qu’il était sincère.

Sarah contempla l’anneau. L’éclat vif de la pierre semblait tracer un pont fragile entre passé et présent. Son estomac se noua, son esprit traduisant l’annonce des fiançailles comme un coup inattendu, presque insoutenable.

— Ma conscience me hurle de lui en vouloir, dit-elle avec tristesse.

Elle retira sa main et se tourna vers la baie vitrée. La mer s’étendait, flamboyante dans la lumière du petit matin.

— Je déteste cette douleur, ajouta-t-elle dans un souffle tremblant. Elle me rappelle qu’il n’est plus là, que je ne pourrai plus jamais le serrer dans mes bras, l’embrasser… je la hais plus que tout !

— La haine ne le ramènera pas, répondit calmement Léandre.

— Peut-être… mais c’est ainsi.

Une larme glissa sur sa joue et Léandre baissa les yeux, partageant silencieusement sa peine.

Sous l’eau chaude de la douche, Sarah tenta de retrouver contenance. Les mots de Léandre résonnaient dans sa tête, provoquant à la fois colère et réconfort. Plus elle réfléchissait, plus la douleur semblait la gagner.

Après un effort surhumain, elle se prépara et rejoignit Léandre dans l’entrée.

— Je pense que vous allez apprécier la balade. Le marché est typique de la région et on y trouve une grande variété de produits locaux.

Sarah hocha la tête en esquissant un sourire timide. La tonalité calme de Léandre l’apaisa, mais le pincement au cœur persistait.

En sortant, Léandre et Susie s’élancèrent sur le petit chemin sablonneux qui longeait la dune. Sarah peinait à suivre, ses chaussures à talons n’étant pas adaptées au terrain. Léandre, les pieds nus, tenait entre ses mains une paire de chaussures bateaux bleu marine.

Décidée à retirer les siennes, Sarah perdit l’équilibre et bascula dans la dune, éclatant en sanglots. Léandre se précipita vers elle, mais elle le repoussa instinctivement, submergée par l’émotion et la frustration. Ses mains creusaient le sable, ses larmes coulaient librement, et pour la première fois depuis longtemps, elle se sentit complètement vulnérable.

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