Chapitre 43 Evie

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Quand je m’éveille le lendemain matin, Ludovic caresse ma joue. Il est déjà vêtu d’un jean et d’un t-shirt. Il sent bon.

— Bonjour, Evie. C’est l’heure de te réveiller. Je t’ai préparé ton petit-déjeuner.

En effet, une odeur de café et de pain grillé monte me chatouiller les narines. Waouh !

Je l’embrasse en retour, ravie que notre relation ait repris un minimum de sens. Puis je me souviens de la journée d’hier. Je suppose que Ludovic est aussi prévenant, car il pense que je suis effondrée. En réalité, je me sens anesthésiée. Je me mets debout en essayant d’ignorer mes muscles endoloris de la veille, et je m’habille tandis qu’il redescend de la mezzanine. Il enfile son manteau alors que je m’installe à table. Il me sert un café, me désigne les tartines grillées, le beurre et le miel à côté.

— Prends ton temps, me dit-il. Je dois fendre des bûches.

Il fait encore nuit lorsqu’il ouvre la porte d’entrée, le jour se lève tard dans ces montagnes en plein hiver. J’aime me réveiller doucement, j’emporte ma tasse près du poêle pour me caler dans le fauteuil.

La disparition des deux jeunes filles à Adishi et l’assassinat de ce villageois sont horriblement inquiétants. J’avais fini par me raconter que les terroristes avaient filé, ou bien qu’ils attendraient plus de temps avant de faire de nouveau entendre parler d’eux. Pouvons-nous tendre un piège à notre tour à ces salopards ? Je me sens choquée par ces enlèvements. Si cela arrive à deux gamines malgré la surveillance de l’armée, cela peut encore se produire. Que vont-ils leur faire ? Puis je pense aux familles de ces jeunes filles, à cet adolescent disparu dont le père est mort. J’imagine leurs souffrances et ressens une grande impuissance pour soulager leur peine. Il va être difficile de vivre dans cette peur permanente. Je comprends mieux le principe que m’impose Ludovic. Je dois vraiment arrêter de me mettre en danger.

Je songe à Ludovic et au sort qu’il m’inflige. Il me laisse l’approcher, demeurer à ses côtés, échanger nos points de vue, et admet même un baiser léger de temps à autre. Mais plus de sexe. Tant que je n’aurais pas accepté sa maudite règle. La frustration s’empare de moi toute entière, mon corps se réveille, réclamant à grand cri sa dose enivrante de lui, de ses mains, de sa bouche, de son torse large, de ses bras puissants et ses jambes musclées, son ventre plat, et sa queue dressée, en moi, de préférence.

J’obtempère. Je suis vaincue. Si je dois accepter une fessée pour retrouver la sécurité de ses bras, et bien soit. Après tout, la vie est courte. Il faut la vivre intensément. Je n’ai jamais fantasmé de recevoir une telle punition jusqu’à ce que je le rencontre, lui. Aujourd’hui, c’est une option qui me paraît supportable, pour lui faire plaisir et recouvrer la sphère rassurante de notre intimité.

Quand il ouvre de nouveau la porte du chalet, un rayon de soleil illumine le sommet des sapins. J’ai avalé plusieurs tartines et ai pris le temps de me rafraîchir avec la bassine d’eau. Je me sens devenir rouge comme une pivoine alors que je lui annonce :

— Je suis parée.

— À quoi ?

Il le fait exprès ou quoi ? S’il m’a réveillée aux aurores, il s’attend bien que je sois consentante pour lui obéir, non ? OK, il veut m’entendre le formuler.

— À n’importe quoi pour te satisfaire. À retrouver tes bras.

— Dis-le, Evie.

— Je suis prête à recevoir une fessée, je chuchote, pleine de honte.

Il n’exulte pas, mais ses lèvres se retroussent en un sourire en coin qui m’exaspère.

— Approche, me dit-il tendrement. Je vais te faire vivre une expérience inoubliable.

Ah oui ? Je déglutis. Me demande ce que je viens d’accepter. Décide de lui faire confiance et de m’abandonner.

Il enlève son bonnet et son blouson, qu’il pose sur la chaise. Puis lentement, il ôte son t-shirt blanc, laissant apparaître ce torse magnifique contre lequel j’adore me blottir.

— Déshabille-toi, Evie. Je vais remettre des bûches dans le poêle pour que tu n’aies pas froid.

Il va vers le tas de bois et recharge le fourneau tandis que j’obéis à son ordre. J’enlève mes vêtements en commençant par mon jean, mes chaussettes, puis mon pull, et enfin mon maillot, mon soutien-gorge. Il ne me reste plus que ma culotte. Ludovic m’invite à le rejoindre sur la fourrure, où il s’est assis à genoux. Il m’attire sur ses cuisses puissantes dès que je suis à sa portée, je glisse à plat ventre sur lui sans pouvoir me défendre. Je sens sa braguette tendue sur une bosse dure qui s’enfonce dans la peau de mon ventre. Ma vulnérabilité le fait bander, le salaud. Cela m’excite aussi, malgré moi. Mes seins s’écrasent sur le tissu rêche. J’aime ce contact rude, je frissonne d’anticipation. J’installe mon visage contre le coussin que Ludovic met sous ma joue. Puis d’une main il effleure mon postérieur à travers le textile fin de ma culotte, tandis que l’autre se pose sur le creux de mes reins. Sa caresse légère fait un contraste de douceur avec le jean de son pantalon. Je sens sa température et son odeur de savon qui percent sous celle de transpiration, qui luit encore sur son torse.

Une tape percute ma fesse droite, me surprends, mais elle n’est pas aussi forte que je m’y attendais. Un picotement s’ensuit, au point de contact. Une deuxième taloche s’abat, me faisant ressentir le même fourmillement succédé de chaleur, sur le versant gauche cette fois. Puis sa paume claque d'un côté et l’autre, à une cadence lente qui échauffe ma peau. J’en compte dix, qui s’impriment en fracas, rien d’intolérable. Au contraire, cette situation me paraît presque comique. Cette soi-disant punition que je redoute affreusement est plus tendre que je ne l’imaginais. Ensuite, Ludovic frôle de nouveau ma chair rosie, je me détends. Puis ses deux mains sur mes hanches, il entreprend de descendre délicatement ma culotte sur le haut de mes cuisses, emprisonnées par le tissu. Il me caresse, puis se faufile pour rôder à l’entrée de mon sexe. C’est très excitant, je gémis. Il se penche et m’embrasse l’épaule, puis murmure :

— C’est maintenant que je vais te punir, ma chérie.

Oups. Je déglutis sans savoir à quoi m’attendre.

Sa paume percute mon fessier, à droite, puis à gauche. Et recommence. La cadence est plus marquée que précédemment, les coups plus appuyés. Chaque claque fait jaillir un arc de brûlure aussi fulgurant qu’une mini décharge électrique, qui décroît plus vite qu’il ne s’est propagé. Je gémis, cherche à échapper à cette modeste souffrance humiliante, me tortille autant que je le peux sous sa main implacable, qui me maintient fermement. Chaque ressac entraîne une sensation de chaleur dont l’intensité augmente à chaque fois. Je ne peux contenir un petit cri quand sa paume entre en contact avec ma peau. Les picotements deviennent une brûlure qui s’étale sur toute la surface de mon cul, du haut de mes fesses jusqu’en haut de mes cuisses. Cela se transforme en douleur. J’ai envie de pleurer, mais je retiens mes larmes, car je veux assumer la situation dans laquelle je me suis fourrée. Je dissimule mon visage entre mes bras, étouffant mes petits gémissements ridicules. J’appréhende soudain pleinement ce que cet homme essaie de faire. Je dois lui faire confiance. Subitement, la noradrénaline et les endorphines m’inondent alors que la fessée se poursuit. Puis elle ralentit, et cesse.

— J’ai compris Ludovic, je lui annonce.

— C’est bien, ma puce.

Il caresse ma peau devenue ultrasensible, écarte mes cuisses pour glisser ses doigts vers mon intimité, constate à quel point mon sexe est trempé. Une onde de plaisir sourd déferle de mon ventre au reste de mon corps, je veux Ludovic plus que tout au monde, cette idée magnifique déchire tout en moi. Je suis envahie d’affection pour lui, submergée par ce que je pense être de l’amour et du désir, chaud, puissant et sans concession. Il retire ses doigts et me redresse pour se défaire de son jean, m’attrape pour me coller à son torse, lovée entre ses bras. Il m’allonge sur la fourrure tout en me gardant serrée contre lui. Ses gestes sont tendres lorsqu’il me pose face à lui, il me regarde intensément. Il approche sa bouche et couvre mon visage de baisers légers, je tends mes lèvres vers les siennes. Je suis envahie d’un sentiment de paix tandis qu’il écarte mes cuisses avec son genou. Il s’introduit en moi avec délicatesse. Son sexe écartèle le mien, j’adore cela. C’est comme se sentir remplie d’amour, d’avoir son âme et la mienne réunies en une seule. C’est à cet instant que je me mets à l’apprécier vraiment. Il est si doux avec moi que je fais à peine attention aux derniers picotements que je ressens sur mon postérieur. Il me possède lentement pendant que mon ventre se contracte et déverse sur lui tout ce qu’il m’inspire, de passion, de sentiments et d’émotions contradictoires, mêlés de la reconnaissance de m’offrir un moment en dehors d’une temporalité lourde de menaces et d’angoisses. J’ai enfin pu lâcher prise, laisser loin de moi toutes mes pulsions de colère et de peur. Par son action dominatrice, Ludovic m’a privée de mon libre arbitre l’espace de quelques minutes. Cette perte de pouvoir m’a autorisée à me livrer aux seules sensations de ce moment particulier. Je me sens à présent libre à un niveau jamais égalé, affranchie de mes tensions intérieures. Je sais au plus profond de moi que je suis toujours la même, que ce n’est pas cette fessée qui m’empêchera de vivre ma vie, car ce n’était pas son but. Il voulait juste que je lâche prise et m’abandonne, pour ensuite s’offrir à moi avec tout son amour.

Nous regagnons notre souffle, enlacés, comme enveloppés d’un cocon de douceur éthérée. Je me laisse flotter sans songer à rien d’autre que ce bonheur intense de le sentir contre moi. Mes pensées s’évaporent dans l’infinie plénitude. J’ai l’impression que je traverse un instant d’éternité, que j’essaie de graver au plus profond de moi. Rien n’est immuable.

Ludovic s’étire, m’embrasse sur le bout du nez, et se lève. Je comprends que ce répit prend fin, dommage. C’est le Premier de l’an, jour férié pour moi, avec aucune tournée en perspective, ce qui m’a fait espérer qu’il en soit de même pour lui. Mais non. Ludovic s’asperge d’eau froide et s’habille.

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