Chapitre 60 Evie

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Je me demande comment je vais annoncer la nouvelle au médecin-chef. Je suis à peu près sûre qu’il va me faire une crise de nerfs.

Je suis surprise d’entendre Chamil pleurer dès que je pousse la porte d’entrée. Le son arrive du bureau des médecins. Merde ! Alan a dû faire venir Chanoune et le bébé afin qu’ils attendent son père pour rentrer au domicile. C’est mon tour de monter en pression. Je dois informer Alan au plus vite de la solution que nous avons élaborée pour nous débarrasser des mercenaires !

Je frappe à la porte.

— Entrez, dit Alan.

Une scène surréaliste s’offre à moi.

Alan est assis dans son fauteuil, le nourrisson posé sur ses genoux braille à plein poumon. Le médecin parait embarrassé.

— Qu’y a-t-il ? Où est sa mère ? je demande.

— Elle est partie.

— Comment cela, partie ?

— Elle s’est tirée, me répond-il, visiblement dégouté. Je n’y suis pour rien, précise-t-il. Quand j’ai découvert le bébé derrière la porte du bureau, elle n’était déjà plus là.

— Que s’est-il passé ?

— Je l’ignore. Je comptais appeler sa famille pour qu’elle vienne la chercher, mais avant je désirais contacter un ami à Chambéry. Je voulais savoir si Ludovic et Marko ont vraiment été rattachés aux chasseurs alpins, et s’ils font toujours partie de l’armée.

— Et alors, je demande, curieuse d’avoir la réponse à cette question que je me suis également posée.

— Ils ont bien dépendu des commandos montagne. Mais depuis deux ans, tous deux ont quitté la brigade.

Mon cœur fait un bond dans ma poitrine. Le renseignement de l’ami d’Alan est-il fiable ? Y aurait-il une autre option que celle où les deux soldats ne seraient pas des traitres ?

Est-on inscrits sur les registres courants de l’armée si on appartient à des sections secrètes spéciales ?

— Tu supposes qu’ils nous mentent ? je demande.

— Je ne détiens pas plus d’infos que toi, déclare Alan. J’ai envie de croire ce que Ludovic nous a raconté, mais je ne sais plus trop quoi penser d’eux. L’arrivée des mercenaires m’a causé un électrochoc. Je ne comprends pas pourquoi personne n’intervient contre les djihadistes. C’est sérieux, ce qui se produit ici !

Il a l’air un peu perdu, moi aussi, à vrai dire. Cette histoire de collaboration franco-géorgienne confiée à un groupe de dix soldats me parait douteuse, tout à coup. Pourtant, il y a d’autres priorités.

J’explique notre plan à Alan.

— Nina passera prendre de la poudre de morphine en fin de matinée, après avoir aidé à la préparation du repas des mercenaires. Elle te dira combien de personnes il sera nécessaire d’endormir. On doit compter entre vingt et vingt-deux hommes.

— Vous êtes devenus complètement siphonnés ! s'insurge Alan.

Et voilà, je m’y attendais. Il va falloir que je le persuade avec diplomatie, ce qui n’est pas du tout mon fort. Je songe que Charlotte aurait été bien plus adaptée pour ce job. Sauf si elle craint un divorce avec effet immédiat.

— Je vais faire court, car je souhaiterais savoir où est partie Chanoune, je lui annonce. Si les mercenaires de Wagner se mêlent de l’opération, la Russie pourra prétendre qu’elle doit intervenir sur le sol géorgien pour éradiquer les terroristes. Donc il faut empêcher que ça arrive. Nous voulons endormir ces hommes une petite heure, afin de les faire prisonniers le temps de l’assaut du nid djihadiste.

— Je ne suis pas d’accord avec ce plan, déclare Alan… Néanmoins, je n’ai rien de mieux à proposer. Si cet empoisonnement peut éviter une guerre…

Il exécute une grimace de dégout. De toute évidence, il ne souhaite pas affronter Charlotte. C’est peut-être cette guerre-là qu’il aspire à esquiver !

— Tiens, attrape Chamil, m’ordonne-t-il en me tendant le nourrisson.

Je remarque une tache sombre sur les jambes de son pantalon, et ne peux m’empêcher de sourire.

— Je regrette, Alan, mais tu vas devoir te débrouiller seul. Je veux savoir où est partie la mère de cet enfant.

Alan semble dépité.

— Aide-moi au moins à lui remplacer sa couche, tu vois bien que je ne suis pas doué pour le babysitting.

J’éclate de rire, avant de le réconforter.

— Je te ramène un change et un biberon, tu vas très bien t’en sortir, je le rassure, avant de quitter la pièce.

Je l’entends ronchonner, puis parler d’une voix douce au petit.

— Ne t’inquiète pas, ta maman va revenir…

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