À toi, mon amour,

Tu n’ouvriras jamais cette lettre, mais je te la confie. Le soleil se couche désormais, mais le rayon d’or de tes cheveux, la beauté de ton regard bleu, la douceur de ta main me hantent toujours autant. Voilà déjà bien des matins que je n’ai pu profiter de ton souffle, respirer ton parfum de fleur et d’herbes brûlées. Le soleil se couche, et nous ne pouvons plus rien y faire. Te souviens-tu de cette petite bague que tu m’avais autrefois tressée, triée parmi les tiges séchées et embrassée avec ferveur aux premières heures de l’aurore ? Te souviens-tu alors que tu me l’avais glissée au doigt, que nous avions donnés nos vœux comme deux enfants perdus dans les blés de l’été ? Nous étions heureux, nous étions idiots. Je ne chantais que pour toi. Et tu ne regardais que moi. Mais voilà, je n’en peux plus : je ne veux pas attendre, et toi non plus. Cette petite bague, je te la rends. Je l’ai glissée dans ce message, dans cette enveloppe à jamais scellée. Je te libère de ta promesse, je me libère en retour. Je n’en peux plus, mon cœur est trop lourd. Je t’aime et t’aimerai toujours, mais laisse-moi un peu t’oublier.

Car jamais plus tes cheveux d’or ne brilleront, jamais plus ce regard d’azur ne se posera sur moi. Jamais plus ta main ne me touchera. Et je célèbrerai chaque soleil ; et je pleurerai chaque jour de neige en mourant de froid. Un bijou offert, des mots d’amour et de joie, et puis, plus rien. Le soleil est couché.

J’offrirai des bijoux, j’aimerai en retour, je chanterai à jamais. Mais mon cœur te pleurera pour l’éternité. Toi qui est retournée à la terre un soir d’hiver…

Pour toujours et à jamais,

Ton bien aimé,

Cigale.