"Husky"

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#textober

"Le grondement"ement"

Le jeune homme osa un pas timide sur le carrelage de marbre, glissa une main tremblante entre les battants de l'immense salle du trône. On l'avait mandé, lui, simple roturier, connu pour son flair et sa sagacité. Connu, car il avait su jouer de son allure... mais jusque chez le roi ?! Un frisson lui parcouru l'échine, le poussait à s'enfuir à toute jambe. Pourtant, immobile, il glissa un œil entre l'ouverture de bois. Le roi ne siégeait pas, et la salle semblait vide, muette, à peine éclairée par quelques flambeaux crépitant. Soudain un grondement roula sur les murs, fit trembler les vases d'or, et le jeune homme par la même occasion. Une voix rauque brisait le silence avec véhémence, un rugissement terrible qui envahissait le couloir tout entier. Les poils du maître-chien se dressèrent, et il fit un pas en arrière. Le Sire ne semblait pas d'humeur, ça ne sentait pas bon. Le garçon voulu enfin faire demi-tour, mais une main le poussa brusquement, le fit presque tomber sur le tapis rouge de l'entrée. Il ne vit pas, ne sentit même pas qui avait bien pu le faire trébucher de la sorte... Trop tard. Le roi était là, debout au coin de la pièce, caché par l'un des piliers de la vaste salle.

C'était un homme impressionnant, à la vaste carrure et à la barbe drue. Les yeux sévères et perçant, la chevelure ornée d'anneaux d'or et d'émeraudes éclatantes. Une chevelure... ou plutôt une crinière : longue, touffue, flamboyante, qui reposait en plusieurs mèches lâchées et en nattes volumineuses. Sur son front , une couronne d'or tressée, sculptée par les meilleurs artisans du royaume, rappelait à tous ses origines divines. Une lourde cape de fourrure reposait sur l'une de ses larges épaules, cachant à moitié le collier ciselé, les plaques d'armure d'apparat soigneusement placés. Plus qu'un roi, le souverain d'Occident était un chef d'armée, un chevalier rompu à la guerre. Et cela se voyait au premier coup d'œil. Le maître-chien tressailli quand le monarque lui jeta un regard, se tourna entièrement vers lui. Il semblait énervé, fulminant avec rage, délaissant un pauvre serviteur apeuré.

Un long silence qui parut une éternité.

Le Lion se racla la gorge, presque agacé ; le jeune homme sursauta. Enfin, il se rappela de l'étiquette, se jeta à genoux pour le saluer.

— On t'a laissé rentré seul ? gronda le souverain.

— Je... heu...

Le maître-chien jeta un œil derrière son épaule, se souvint des quelques personnes l'ayant dirigé jusqu'ici. Ces même personnes qui avaient sans doute fuit au son des cris du Lion.

— Quelqu'un m'a poussé et...

— Soit !

Le roi repoussa sa cape d'un geste grandiloquent, coupant le garçon d'une voix grondante. Son visage pourtant semblait s'être éclairé de satisfaction.

— J'ai besoin de tes services pour retrouver un homme.

— Heu...oui...d'accord...

— Un criminel. Il se cacherait dans les bois.

— Bien, bien, bien...

Les yeux du jeune homme fouilla la pièce du regard d'un air gêné. C'est que sa réputation avait été un peu exagérée... et que des personnes, et bien... en fait, il n'en avait jamais retrouvé. Demandez-lui d'explorer les montagnes, de chasser le lapin dans la neige ou d'envoyer sa meute courir les vastes espaces du Nord, ça il le pouvait. Mais retrouver un criminel...

— Si tu y arrives, tu sera grandement récompensé.

Le regard du maître-chien se fixa, tout-ouïe. Il se retourna enfin, attiré par un grincement. C'était un autre homme qui rentrait, blanc, royal, sans aucune hésitation.

Lion hocha la tête, comme pour l'inviter à rentrer.

— Général ! Vous vous faites désirer ?

La sourde voix du roi continuait à faire trembler le jeune homme, malgré un ton plus posé.

— Je suis impardonnable, Sire ! Veuillez m'excuser.

— Ce n'est rien, continua le souverain, sympathique. Voici l'homme dont on nous avait parlé.

Le jeune Chien se tourna vers le Général et déglutit anxieusement.

— Il vous accompagnera dans votre chasse à l'homme. Je suis sûr qu'il sera une pièce maîtresse à la réussite de ce projet !

Le garçon sourit d'un air coincé. Le roi lui tendit le bras, lui serra la main d'un geste ferme et amical.

— Merci, Maître-Chien, gronda le souverain.

Coincé... il l'était jusqu'au cou.

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